Jamais, peut-être, une motion de rejet préalable n'avait si bien porté son nom que celle qui a été déposée pour cette lecture définitive. Car nous avons le sentiment que nous ne sommes qu'au tout début de la discussion sur le budget de la sécurité sociale puisque, même si j'ai entendu certains vanter, à la tribune, le caractère « constructif » – entre autres adjectifs employés – des débats, en réalité ceux-ci n'ont pas eu lieu.
Monsieur le ministre délégué, vous avez dit à plusieurs reprises combien vous étiez fiers du budget que vous nous avez présenté. C'est un peu la méthode Coué. Je comprends que vous souhaitiez vous adresser à la majorité afin de resserrer les rangs en montrant à quel point ce budget est formidable. Or ce n'est pas le cas. Ce budget brille par tout ce qui n'y figure pas, par son manque d'ambition pour la santé et pour la sécurité sociale.
J'ai une pensée pour les personnels soignants qui se retrouvent en difficulté dans l'ensemble des centres hospitaliers de notre pays et sont confrontés chaque jour à une situation de crise. Je pense aussi aux personnels des Ehpad. Il serait nécessaire de construire un véritable service public de l'autonomie, de donner un nouveau souffle à l'hôpital, de lutter contre les déserts médicaux, contre la marchandisation de la santé et contre les inégalités de santé, lesquelles s'accroissent dans notre pays. Il faudrait aussi peut-être créer un pôle public du médicament à l'heure où les pénuries s'enchaînent à une vitesse galopante et prévoir une meilleure prise en charge par la sécurité sociale.
De manière plus générale, en matière de protection sociale dans notre pays, nous devrions lutter contre les maladies professionnelles et les accidents du travail, lesquels font l'objet de vives préoccupations dans notre société.
Le problème, c'est que votre budget ne prévoit rien de tout cela. Avec ce PLFSS, vous poursuivez l'assèchement des finances de la sécurité sociale. Vous en profitez chaque fois pour jouer à la foire aux exonérations de cotisations. Votre budget est insincère puisque vous avez déjà annoncé qu'un projet de loi rectificatif était prévu en janvier prochain.
Pour toutes ces raisons, nous voterons évidemment pour cette motion de rejet préalable.