Je suis épuisé de ne pouvoir accomplir ici mon devoir de législateur sur un texte aussi essentiel que le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
J'ai été élu le 19 juin dernier, madame la Première ministre, dans la huitième circonscription des Yvelines – un territoire riche de sa diversité, avec ses quartiers populaires, ses villes périurbaines et ses villages du Vexin. Chaque jour, comme chacun et chacune d'entre vous sur tous les bancs, j'entends nos concitoyens évoquer les urgences du quotidien, les grands défis, les angoisses pour l'avenir de nos enfants. Ces souffrances et ces colères obligent chacune et chacun d'entre nous.
Je ne viens pas vous demander de changer votre politique – je sais que vous n'en changerez pas. Je viens solennellement à cette tribune vous demander de nous permettre, dans le cadre fixé par la Constitution, de porter ici ces colères, ces espoirs et les propositions pour lesquelles nous avons été élus dans nos circonscriptions. Je suis venu vous demander de respecter notre travail de parlementaires et avec lui, à travers lui, les exigences des Français. Je le redis : ce n'est pas une prise d'otages, c'est le simple exercice de notre démocratie. Vous ne faites même plus semblant de respecter notre travail : vendredi soir, nous n'avons pu débattre d'aucun amendement, nous n'avons eu aucune minute de temps de parole, aucun mot n'a pu être prononcé pour discuter de votre politique. Vous avez coupé court au débat et – je le dis avec beaucoup de gravité –, les exclamations et la jouissance visiblement ressentie par nos collègues de la majorité qui étaient présents en disent long sur l'état de délabrement démocratique de la Macronie.
Alors que vous étiez présentés comme le signe d'un renouveau démocratique, d'un nouvel âge de la politique, vous en aurez été les fossoyeurs. Vous avez même osé, madame la Première ministre, justifier le recours à l'article 49.3 de la Constitution vendredi dernier – à moins que ce ne soit à une précédente occasion, il faut admettre que l'on s'y perd – par le fait que nous aurions déposé, tenez-vous bien, des amendements ! Mais à quoi servons-nous si nous ne déposons pas d'amendements ? Nous ne sommes pas ici dans un Conseil national de la refondation ou dans je ne sais quelle institution de confort créée sur mesure pour le Président de la République, pour faire passer ses politiques !