Le régime iranien est aussi un régime impérialiste, qui interfère depuis une trentaine d'années dans la politique intérieure des pays voisins, qu'il s'agisse de l'Irak, de la Syrie ou encore du Liban.
Certes, la souffrance du peuple a été accentuée par la violence des sanctions américaines, l'objectif des États-Unis étant d'utiliser le mécontentement populaire pour servir leurs projets dans le contexte d'une confrontation géopolitique entre deux impérialismes, mais la cause du mouvement n'est pas là : elle se trouve dans le régime théocratique.
Aujourd'hui, les Iraniens manquent de tout, de la nourriture aux médicaments. Combien de personnes sont-elles mortes de l'incurie d'un régime criminel, aggravée par les sanctions américaines ?
C'est dans ce contexte que tous les secteurs de la société iranienne soutiennent la lutte des femmes. Depuis la rédaction de la proposition de résolution, des célébrités des milieux culturels et sportifs se sont mobilisées. Des actrices connues, telles que Taraneh Allidousti, Hengameh Ghaziani et Katayoun Riahi, ont été convoquées et arrêtées pour avoir soutenu les mouvements de contestation.
Dans le domaine sportif, le chef de la Fédération iranienne de boxe, Hossein Soori, a refusé de rentrer en Iran après un tournoi en Espagne en raison de la violente répression des manifestations dans son pays. Quant à la sélection iranienne de football, elle a refusé de chanter l'hymne national lors de son premier match de Coupe du monde, afin d'exprimer son soutien aux manifestants.
Les ouvriers, les travailleurs, toute la société marque son soutien aux revendications des femmes, qui veulent pouvoir se vêtir comme elles le souhaitent et choisir de porter ou non le hijab, et appelle à un changement de régime. Seuls l'armée, les mollahs et la police des mœurs luttent contre ce mouvement.
Le basculement social actuel constitue une occasion extraordinaire pour que surviennent des changements positifs, mais soyons conscients qu'il pourrait aussi se transformer en cauchemar. Comme toujours lorsqu'un régime est en crise ou acculé, la fuite en avant est à craindre. Une répression sanglante est menée au Kurdistan iranien par la puissante milice iranienne des pasdarans ; elle déborde sur le Kurdistan irakien, ce qui nous fait craindre le pire et pourrait annoncer une nouvelle guerre contre les Kurdes, par ailleurs attaqués en Turquie.
De plus, l'Iran, engagé dans une fuite en avant sécuritaire et provocatrice, a décidé il y a quelques jours d'enrichir son uranium à 60 %. Ainsi sommes-nous à un tournant géopolitique majeur. En effet, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou encore l'Égypte ont sous-entendu qu'ils pourraient rapidement lancer un programme nucléaire militaire en réaction si l'Iran se dotait de la bombe nucléaire.