Depuis le 16 septembre et la mort tragique, brutale, de la jeune Mahsa Amini pour un voile mal porté, rien n'est plus pareil en Iran. Et désormais, pour le peuple iranien en colère, rien n'est impossible non plus. Il faut bien se figurer ce qui se passe : c'est tout un pays qui est en mouvement, qui proteste et qui manifeste, et il le fait dans un sursaut d'une autre nature que lors des crises qu'il a connues par le passé. En effet, cette fois, les femmes, les Iraniennes sont en première ligne, et les trois mots qu'elles scandent inlassablement, devenus cri de ralliement dans le monde entier, sont en train d'ébranler le régime en place : « Femme, vie, liberté. »
Les images qui nous viennent d'Iran, rares, puissantes, montrent que partout dans le pays, à Téhéran, à Qom, à Isfahan, dans les rues, dans les écoles, dans les universités, et jusque dans les foyers les plus modestes, partout la révolte s'enracine. Plus que cela, le peuple iranien est en train de mener la révolution : la contestation ne faiblit pas depuis maintenant plus de dix semaines, en dépit d'une répression inouïe – plus de 400 morts dont 51 enfants, outre les arrestations arbitraires et les actes de torture à tout va –, en dépit de la brutalité des autorités, et parce que c'est le soulèvement le plus long et le plus vigoureux que le pays ait connu. Ce soulèvement nous rappelle, au prix le plus fort malheureusement, qu'avant d'être un régime qui oppresse, qui muselle et qui assassine, l'Iran est un peuple, et un peuple qui a des choses à dire.
Aujourd'hui, il a la voix de toutes les Iraniennes, victimes depuis trop longtemps d'un système qui les bafoue, qui ne respecte rien de leurs droits les plus élémentaires, jusqu'à leur imposer un code vestimentaire par la violence. Alors les Iraniennes combattent avec abnégation, et chaque jour de leur lutte elles nous démontrent qu'il n'y a pas de liberté sans liberté de la femme. Permettez-moi, chers collègues, d'avoir une pensée particulière en cet instant pour Nasrine Sotoudeh ,