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Intervention de Maud Petit

Séance en hémicycle du lundi 28 novembre 2022 à 16h00
Soutien au mouvement pour la liberté du peuple iranien — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaud Petit :

Je suis fière, ce jour, de me tenir devant vous, pour ce moment d'importance, pour porter la voix du groupe Démocrate. Oui, mes chers collègues, je suis touchée. Qui ne le serait pas, devant les images nous parvenant, devant ce courage quotidien pour affronter la violence, les intimidations, les arrestations, la mort ?

Je prononce le nom de Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée parce qu'elle aurait mal porté son voile. Passée à tabac par la police des mœurs, elle ne survécut pas à ses blessures. Elle est une martyre, le symbole puissant de ce combat pour la liberté. Depuis sa mort, le 16 septembre 2022, les manifestations ont commencé dans le Kurdistan iranien, avant de se propager à Téhéran, et rapidement à tout le pays. Les femmes ont été initiatrices de ce mouvement bravant les menaces et tous les interdits. Désormais, toutes les générations s'unissent et luttent. La diaspora se fait le relais de cette lutte dans le monde entier, et nous permet de comprendre et d'agir. Je sais que certains sont présents aujourd'hui ; je tiens à les saluer et à les remercier.

Dans le pays, l'importance du soulèvement se caractérise aussi par les grèves qui ont pu avoir lieu, en particulier dans le secteur pétrolier, clef de l'économie, mais aussi par la mobilisation des enseignants, qui souhaitaient dénoncer la violence commise à l'égard des enfants. Les marchands, considérés comme la base sociale du régime, ont également fermé leurs magasins du 15 au 17 novembre – un acte fort.

Ils nous le disent partout, désormais, sur les réseaux : « This is not a protest, this is a revolution » – ce n'est pas une manifestation, c'est une révolution. Depuis le mouvement vert de 2009 et les manifestations de 2018, c'est une période historique que construit le peuple iranien. Oui, c'est historique pour la liberté, mais quel chemin sanglant et dramatique pour y parvenir ! Prenons conscience de la violence subie par les Iraniennes et les Iraniens : environ 15 000 arrestations, 500 personnes tuées, dont 60 enfants – tuées par balles, à bout portant, certains frappés à mort comme le relate Amnesty International.

Mona, 8 ans, Jaber, 12 ans, Nima, Sarina, Yasser, 16 ans, Reza, 22 ans, Ahmad, 24 ans… Cette jeunesse est particulièrement visée, car elle porte l'espoir et l'énergie de tout un peuple. Chacun de ces visages disparus nous rappelle que derrière les chiffres, c'est une amie, une sœur, un fils, un père qui ne reverra plus jamais les siens.

Même à l'autre bout du monde, chaque mort, chaque violence nous concerne. En tant que femme, en tant que mère, j'ai une pensée émue pour ces disparus injustement arrachés à leurs familles. Dans ce monde parfois incertain, l'humanité reste le bien le plus précieux. « Refusez la liberté au peuple, un jour le peuple la reprendra », écrivait Émile Zola. Ce devoir de solidarité est une évidence. L'histoire de la France, pays des droits de l'homme, nous oblige. Nous devons mesurer que le droit sacré de la liberté d'expression, ici le droit de sortir dans la rue et de manifester sa pensée critique, est un droit pour lequel des milliers de personnes luttent aujourd'hui en Iran.

Ainsi, cette proposition de résolution affirme notre soutien, en tant que représentants du peuple français, au peuple iranien dans cette quête pour la justice et pour la liberté. Nous soutenons son droit de manifester pacifiquement et d'exprimer librement ses revendications et ses opinions. Nous dénonçons les tortures, la répression et toutes les violences injustement subies.

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