Des femmes n'ayant pas accès à certains cafés ou à d'autres lieux publics ; des femmes jugées ou agressées en raison de leur tenue vestimentaire ; des femmes assujetties à l'autorité patriarcale ; des femmes obligées de porter le voile ; des femmes qui subissent des mutilations sexuelles.
Vous n'êtes pas sans savoir que la situation est grave. Des femmes et des enfants meurent : nous ne pouvons laisser faire. La mort de Mahsa Amini, dont l'histoire a touché le monde entier, doit nous faire prendre conscience que le combat pour la liberté des femmes est chaque jour, partout dans le monde, mis en péril par l'idéologie politique islamiste.
Au fil des jours, les manifestations pour la liberté des femmes se sont transformées en un mouvement dirigé contre le régime religieux. Plus qu'une manifestation contre l'injustice, il s'agit là d'un défi sans précédent depuis la révolution islamique de 1979. Au total, en moins de trois mois, 15 000 personnes ont été arrêtées et près de 300, dont une soixantaine de mineurs, ont été tuées lors de la répression des manifestations. Ce mois-ci, le tribunal révolutionnaire de Téhéran prononce les premières condamnations à mort.
Je souhaite saluer la création de la mission d'établissement des faits pour enquêter sur la répression des manifestations en Iran, plus qu'attendue, qui a été votée jeudi dernier lors de la réunion d'urgence qui s'est tenue à l'initiative de l'Allemagne et de l'Islande.
L'article unique de la proposition de résolution est cohérent, mais la France y sollicite encore et toujours l'aide de l'Union européenne. Or comment s'appuyer sur cette instance politique alors même que la Commission européenne a récemment utilisé l'image d'une fillette de six ans voilée pour sa communication ? Comment aider les femmes à retirer librement leur voile alors que l'Union Européenne en fait la promotion ? Il existe un véritable manque de cohérence et un flou sur bien des sujets, dont le port du voile, qui empêchent toute constance et véritable défense des droits des femmes de la part de la France.
N'oublions pas les ressortissants français qui étaient – et sont toujours – détenus arbitrairement en Iran, bien avant les événements survenus au mois de septembre. Face à une République islamique qui bafoue tous les droits de l'homme, la France se doit d'être ferme et inflexible, surtout lorsqu'on parle de libérer des citoyens et compatriotes français devant bénéficier du droit de protection consulaire. Alors que la ministre de l'Europe et des affaires étrangères a annoncé qu'elle demanderait une nouvelle fois leur « libération immédiate », aucune action réelle ne semble avoir été menée.
J'entends que la France et l'Europe sont contraintes par un contexte géopolitique tendu et qu'elles tentent d'agir pour préserver la non-prolifération des armes nucléaires et la sécurité internationale. Mais elles ne peuvent rester sans réaction concrète face à la politique intérieure iranienne. L'Iran préside la Commission de la condition de la femme des Nations Unies : l'ironie est grande. C'est dire à quel point les symboles ne suffisent plus.
Notre pays défend des valeurs et des principes forts en matière de droits de l'homme, et par conséquent, il doit les garantir sans fléchir devant la violence d'un régime autoritaire islamiste. Plusieurs fois, la France n'a pas répondu à l'aide demandée par l'Iran ; mais aujourd'hui, elle doit trouver les incitations économiques et diplomatiques suffisantes pour ramener les dirigeants iraniens à la table des négociations, les détourner pour de bon de Moscou et de Pékin et assurer leur libéralisation politique.
Alors même que sur ces bancs, certains députés cèdent au clientélisme pour se faire élire auprès de communautés qui font du prosélytisme, il n'est guère étonnant qu'ils se fassent huer lors de manifestations en soutien aux femmes iraniennes. Le Rassemblement national a toujours défendu et défendra toujours la cause des femmes dans le monde, qu'elles soient françaises, sur notre territoire national, ou qu'elles envoient de l'étranger un appel à l'aide sur fond de révolution.
Enfin, je rappellerai que les faits cités au début de mon discours ne sont pas l'apanage d'une république islamique menant une politique autoritaire et intégriste sur un autre continent : ils ont aussi cours ici, sur le territoire français.