Contrairement à ce que vous indiquez, les projets qui nécessitent la coupe d'une vaste étendue de forêt font l'objet d'une étude d'impact et d'une étude environnementale, lesquelles doivent montrer qu'il n'y a pas de solution alternative à moindre impact et que l'opération ne nuit pas au « maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées ». Le fait de reconnaître l'intérêt public majeur n'enlève rien à la démonstration de l'impact environnemental du projet.
La biodiversité, nous la protégeons en diminuant notre exposition aux énergies fossiles. Il n'y a que deux manières de le faire : soit on importe de l'énergie bas-carbone de pays qui auront la RIIPM à disposition la semaine prochaine, pays desquels on se rend dépendants, soit on produit sur son sol, ce qui a, comme toute construction humaine, un impact environnemental. Il s'agit de savoir si cet impact est moindre que celui, considérable, de l'importation d'énergies fossiles.
L'effondrement de la biodiversité s'explique en premier lieu par le réchauffement climatique (Exclamations sur les bancs du groupe Écolo-NUPES) – je vous renvoie aux rapports de l'IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques). Dans un scénario à 1,5 degré de réchauffement, 70 à 90 % des récifs coralliens disparaîtraient dans les dix ans ; dans un scénario à 2 degrés, cela concernerait 99 % d'entre eux. Le rapprochement me semble clair ! Soit on lutte contre le réchauffement climatique et pour notre indépendance énergétique, soit on continue à importer confortablement de l'énergie de l'autre bout du monde, ce qui affecte le climat, notre pouvoir d'achat et la compétitivité des entreprises.
Nous avons créé l'Office français de la biodiversité, doté de financements pour certains liés aux éoliennes marines. Nous instituons un fonds biodiversité en faveur des espèces protégées. Notre action en faveur de la biodiversité est soutenue par notre politique énergétique. Nous sortons des énergies fossiles et créons de la valeur que nous rendons à tous ceux qui protègent la biodiversité.
Et comment expliquerons-nous aux Français que nous allons retarder la production de 2,4 gigawatts par an – soit l'équivalent de celle de 1,5 réacteur EPR – d'énergie renouvelable et bas-carbone en prenant une décision contraire à celle que vont prendre les vingt-six autres États membres de l'Union européenne ? Nous serons les seuls à ne pas considérer que les projets d'énergie renouvelable sont d'intérêt public majeur. Les Français ne comprendront pas que nous nous soyons tiré une balle dans le pied.