« Il faudra nous rappeler que notre pays, aujourd'hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. » Deux ans après l'adresse aux Français du Président de la République, il faut effectivement se le rappeler : c'est la tâche que se sont donnée les « invisibles », les « oubliés », ou encore les « exclus » du Ségur. Qui sont-ils ? Ce sont des personnels administratifs et techniques des établissements sociaux et médico-sociaux. Contrairement aux soignants et aux travailleurs sociaux, ils se sont vu refuser la prime Ségur, de 183 euros, destinée à ceux qui étaient en première ligne.
Pour justifier cette exclusion, on leur a dit qu'ils n'étaient pas sur le terrain. C'est faux, ils travaillaient dans les établissements, même lorsque le virus circulait. On leur a dit qu'ils n'étaient pas au contact du public. C'est faux, les agents administratifs assurent l'accueil, les agents techniques interviennent dans les chambres, les agents polyvalents servent des repas ; ils sont au contact du public, un public vulnérable, en perte d'autonomie, porteur d'un handicap ou en grande exclusion. On leur a dit qu'ils ne prenaient pas part à l'action socioéducative de leur établissement. C'est faux, un établissement, c'est un collectif de travail.
Quand il faut surmonter une crise ou un drame humain, tout le monde doit se serrer les coudes, y compris les personnels administratifs et techniques. Il faut en finir avec cette vision selon laquelle certains personnels seraient méritants, d'autres non.
Cet amendement vise à octroyer la prime Ségur à 162 000 personnels administratifs et techniques. Il sera peut-être un remède à l'humiliation qu'ils ont ressentie.