Je rappelle le caractère massif et systémique des violences sexuelles faites aux enfants, dont 160 000 d'entre eux sont victimes chaque année et qui concernent 10 % de la population. Très concrètement, cela signifie que, dans chaque classe de trente élèves, statistiquement, trois élèves ont été, sont ou vont en être victimes. Dans 80 % des cas, ces violences sont subies dans le cadre familial, donc ont un caractère incestueux.
Ce qui leur permet d'exister malgré la condamnation morale et juridique dont elles font l'objet, c'est l'omerta : le silence des témoins, qui préfèrent se voiler la face et ne pas faire de vagues, bref sacrifier l'enfant pour maintenir l'illusion d'une famille normale ; le refus d'entendre les enfants qui s'expriment à l'extérieur de la famille, voire l'injonction au silence qui leur est implicitement adressée.
La Ciivise a réalisé un travail exemplaire ces derniers mois en recueillant plus de 16 000 témoignages de personnes victimes de violences sexuelles ; je salue ses deux coprésidents, Nathalie Mathieu et Édouard Durand. Elle recommande d'instaurer un repérage systématique de la part des professionnels et des bénévoles au contact des enfants. Cela nécessite de soutenir les personnes qui recueillent leur parole. Comment réagir ? Comment signaler sans prendre de risques juridiques ? Pour financer la cellule qui leur apportera ce soutien, nous proposions 1 million d'euros ; je remercie la rapporteure de sa générosité. L'essentiel est que la cellule soit créée le plus vite possible.