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En effet, la restriction des droits sexuels et reproductifs n'a jamais abouti à une diminution du nombre d'avortements – jamais ! Les femmes ont toujours avorté, même au péril de leur vie. Avant 1975, si les mieux loties partaient à l'étranger, les autres ingurgitaient de l'eau oxygénée, du détergent, du vinaigre, s'introduisaient dans l'utérus une aiguille à tricoter, un épi de blé, une brosse à dents, de l'eau savonneuse, pour mettre un terme à leur grossesse. Voici la réalité des sévices que des femmes pouvai...
Personne ne peut prédire l'avenir. Introduire le droit à la contraception et à l'avortement dans la Constitution, c'est conjurer l'effroi qui nous saisit lorsque, ailleurs, les droits des femmes font l'objet de coups de boutoir. Il s'agit de donner un socle à notre vigilance, afin de parer aux basculements imprévisibles dont seule l'histoire humaine a le secret. Certes, nous le faisons en conscience qu'il n'est de marbre assez tenace pour y graver un droit pour l'éternité. Mais les dro...
Voici la question posée en creux de ce texte : souhaitez-vous laisser une chance aux pourfendeurs du droit à l'avortement et à la contraception ? Si votre réponse est non, si comme nous, vous trouveriez insupportable un recul dans ce domaine, vous n'avez plus qu'à le voter. En revanche, si vous souhaitez leur laisser une chance, soyez clairs sur le fond. À vous entendre, il n'y aurait ici que des obstructeurs, mais personne d'hostile à l'interruption volontaire de grossesse.
Cessez d'avancer masqués ! Quels propos les femmes n'ont-elles pas entendus sur leur droit à disposer d'elles-mêmes ? Vos amendements nous servent les poncifs les plus éculés : les femmes devraient avoir l'autorisation de leur compagnon ou de leur mari pour avorter, les mineures devraient être privées de ce droit, l'embryon et le fœtus seraient des enfants à naître, l'avortement devrait être présenté comme un drame. L'histoire a quelque chose de terriblement répétitif. Des années 1970 à nos jours, la teneur des débats n'a pas changé.
Introduire le droit à la contraception et à l'avortement dans notre Constitution revient aussi à formuler aux nouvelles générations la promesse qu'elles ne seront pas moins bien protégées que leurs mères. C'est faire acte de progrès humain, en affirmant collectivement la nécessité de ces droits. C'est une manière de briser enfin la partition historique entre les sphères privée et politique, qui veut que les droits sexuels et reproductifs soient impropr...
Commençons par un petit problème arithmétique : sachant que, sur les 577 sièges que compte cet hémicycle, 215 sont occupés par des femmes, et qu'en France, une femme sur trois avorte au cours de sa vie, combien de femmes qui voteront aujourd'hui pour ou contre notre proposition de loi ont eu ou auront recours à l'avortement ? La réponse, c'est 71. Parmi nous, 71 femmes ont avorté ou avorteront. Si j'avais un peu plus de temps devant moi, je vous donnerais des estimations plus précises, par groupe politique. Au sein du groupe Rassemblement national, par exemple, on dénombre trente-trois femmes : on peut donc estimer qu'environ onze d'entre elles ont avorté ou avorteront un jour.
Car oui, les femmes de droite avortent aussi, y compris celles dont les amis comparent l'avortement à un génocide ,
L'avortement est crucial pour les femmes. La preuve, c'est qu'elles sont tout aussi nombreuses à avorter lorsque l'IVG est interdite. Elles sont donc prêtes à mettre en danger leur santé, voire leur vie, en pratiquant des IVG clandestines non sécurisées. Avant la loi Veil, environ 250 femmes mouraient chaque année en France des suites d'un avortement. Celles qui ne mouraient pas étaient nombreuses à souffrir ...
Combien d'entre vous ont une fille à la maison et seront bien contents qu'elle puisse accéder librement à l'avortement le jour où elle en aura besoin ?
Cette même organisation anti-IVG a organisé, hier soir, une conférence au Parlement européen à Strasbourg, sur le thème « S'opposer à l'IVG en Europe et aux États-Unis : la voie à suivre ». Ici même, à l'Assemblée, plusieurs membres d'un groupe de 89 députés se sont exprimés contre l'avortement au fil des années et jusqu'à récemment. Certains d'entre vous ont qualifié l'IVG de génocide…
...c'est la dernière fois que j'ai vu ma mère. Elle est décédée trois semaines plus tard à l'hôpital de Strasbourg. À l'époque, je ne comprenais pas. On m'a juste dit qu'elle était morte d'une septicémie. J'ai été obligée de quitter l'école et de m'occuper de mes cinq frères et sœurs jusqu'à mes 20 ans. Ce n'est qu'à 20 ans, en discutant avec ma tante, que j'ai compris que ma mère était décédée d'un avortement. À l'époque, évidemment, il était interdit d'avorter. Elle l'avait fait toute seule, avec les moyens du bord. Ma mère a eu six enfants, et j'ai appris plus tard que ce n'était pas la première fois qu'elle avait tenté d'avorter. Elle devait avoir peur de tomber enceinte à chaque rapport, d'autant que mon père se mettait en colère contre elle à chaque fois que cela arrivait. Ces souvenirs restent t...
...mes de tant de pays autour de nous sont en train de vivre précisément ce que nous craignons ? Qu'avez-vous peur de perdre en votant une proposition de loi constitutionnelle qui entraînera une protection plus forte de nos droits ? D'autant qu'en votant ce texte, vous allez contre la volonté des Françaises et des Français : 87 % d'entre eux se sont prononcés en faveur de l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution.
...enir sur ces acquis. Des revirements jurisprudentiels peuvent également intervenir, conduisant à des décisions inattendues, que ce soit dans le bon sens ou dans le mauvais. Il est inutile d'aller jusqu'aux États-Unis pour trouver des exemples inquiétants, certains pays membres de l'Union européenne en donnent déjà. En Pologne, le tribunal constitutionnel a réduit de manière drastique l'accès à l'avortement, au rebours de l'équilibre juridique qu'il avait trouvé dans les années quatre-vingt-dix. En 2015, le gouvernement portugais a décidé de mettre à la charge des femmes tous les frais liés à l'arrêt de leur grossesse. En Espagne, un projet de loi, approuvé en 2013 en Conseil des ministres, prévoyait de limiter l'IVG aux cas de grave danger pour la vie, la santé physique ou psychologique de la mère ...
Le 24 juin dernier, la Cour suprême des États-Unis, en annulant l'arrêt Roe versus Wade, qui reconnaissait le droit à l'avortement dans l'ensemble des États fédérés,…
...ion aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes (DDF). Sans surprise, je soutiens toutes ces initiatives, qui convergent et cheminent vers le même objectif, comme la proposition que ma collègue Cécile Untermaier et moi-même avons déposée. Alors que, le 24 juin dernier, la Cour suprême américaine ouvrait la possibilité de restreindre ou d'interdire le droit à l'avortement,…
…que, sur notre propre continent, les atteintes à l'IVG se multiplient : la Pologne a récemment interdit l'avortement, quand Malte ne l'a jamais autorisé ; la Hongrie contraint désormais les femmes à écouter battre le cœur du fœtus avant de procéder à l'IVG ; le Portugal demande à nouveau l'autorisation parentale pour les jeunes filles mineures ; l'Italie laisse peu de doute sur ses intentions de bafouer ce droit.
Alors que les entraves au droit à l'avortement sont prégnantes et menaçantes, la constitutionnalisation de l'IVG devient donc un enjeu majeur pour les droits des femmes. Si, en France, aujourd'hui, il n'y a pas de menace directe au droit à l'IVG,…
…les exemples cités à l'instant démontrent bien qu'il faut se garder de toute illusion sur ce qu'il pourrait advenir : c'est bien au droit constitutionnel qu'il revient de prévenir de telles atteintes. L'absence actuelle de remise en cause de l'avortement dans notre pays constitue précisément la raison pour laquelle le droit à l'IVG doit être constitutionnalisé dès maintenant. Dès lors que le droit fondamental serait inscrit dans la Constitution, il serait protégé d'initiatives politiques qui tendraient à lui porter atteinte. Cela permettrait également de faire progresser sa protection réelle, notamment en matière d'accès aux services de santé. E...
...n collègue Gouffier-Cha. C'est pour cette raison que nous avons également travaillé, de manière transpartisane, avec la rapporteure, à une proposition de rédaction consensuelle, sur les différentes questions qui ont fait débat ces deux dernières semaines. Notre objectif est d'inscrire, dans le nouvel article 66-2 de la Constitution, que « la loi garantit l'effectivité et l'égal accès au droit à l'avortement ». Mon groupe soutiendra bien évidemment d'autres versions plus ambitieuses, comme celles visant à inscrire le droit à la contraception, ou encore à modifier l'article 1er de la Constitution. La version que nous vous proposons, chers collègues, est cependant celle qui nous semble respecter les exigences des uns, tout en apaisant les inquiétudes des autres. Elle nous permettrait de faire tomber t...
...le Gouvernement à reprendre cette version consensuelle sous la forme d'un projet de loi, car – comme vous le savez, monsieur le ministre – c'est le véhicule législatif le plus adapté pour une adoption du texte par le Parlement réuni en Congrès. Quand on voit comment quelques-uns parviennent aujourd'hui à obstruer le débat, comme ils ont su le faire à chaque fois qu'il a été question de protéger l'avortement dans cet hémicycle, on peut craindre qu'en cas de référendum, les mouvances anti-choix ne soient suffisamment organisées et financées pour mener une campagne de désinformation sur le sujet.