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...erait n'importe quelle histoire. » Longtemps après la seconde guerre mondiale, on a voulu jeter un voile pudique sur une part de notre histoire : sur les horreurs de l'Occupation et de la participation active, méthodique, organisée du gouvernement de Vichy. Combien d'années a-t-il fallu avant que l'État n'admette sa responsabilité dans la rafle du Vel' d'Hiv' ? Plus de cinquante ans avant que ce crime d'État soit reconnu ! Qu'il y ait eu çà et là de belles âmes parmi les voisins, parmi les policiers, n'y change rien : cette rafle fut effectuée avec le concours de 9 000 policiers et gendarmes français, sur ordre du gouvernement et sous la responsabilité du secrétaire général de la police nationale, René Bousquet. À Bordeaux, c'est Maurice Papon qui était à la manœuvre pour déporter les Juifs, c...
« Ici on noie les Algériens. » La photographie du graffiti apparu sur les quais de Seine quelques jours après le massacre du 17 octobre 1961 ne sera publiée qu'un quart de siècle plus tard à la une du journal L'Humanité. Au crime a longtemps succédé le silence, le déni, la fabrique de l'oubli. Sans l'infatigable combat des militants, la mémoire du 17 octobre n'aurait pas refait surface. Grâce à eux et grâce au travail des historiens, désormais, nous savons. Le 17 octobre 1961, les Algériens vivant en métropole sont appelés à manifester pacifiquement contre le décret du 5 octobre, qui instaurait un couvre-feu discriminato...
l'implication directe de certains civils, tout renvoie, ce soir du 17 octobre à Paris, à la situation coloniale en Algérie. Le crime a ses coupables. Papon d'abord. Le préfet de police en poste a déjà organisé la déportation des Juifs de la région bordelaise entre 1942 et 1944.
...ordre mais ce qu'il nomme lui-même un dispositif de « guerre antisubversive ». Ses policiers sont donc des soldats. Quelques jours avant la manifestation, il leur déclare : « Pour un coup reçu, nous en rendrons dix », encourageant ainsi au déchaînement de la violence policière. Aussi avérée qu'elle soit, la culpabilité de Papon ne doit pas valoir exonération de l'ensemble des responsabilités. Le crime du 17 octobre n'est pas la bavure d'un chef, mais bien le crime de l'institution policière. C'est en effet la police, aux ordres de l'État, qui planifie rigoureusement la répression, mobilise ses hommes, prépare des stades et réquisitionne des bus en prévision d'une rafle gigantesque. C'est en uniforme que les policiers tabassent et tuent. Dès lors, le crime du 17 octobre 1961 doit être reconnu ...
Un crime dont les complicités se poursuivent jusqu'au gouvernement d'alors, où, par le silence et la manœuvre, le ministre de l'intérieur Roger Frey et le Premier ministre Michel Debré prolongent la violence physique de la répression par la violence symbolique du mensonge d'État. Il aura ainsi fallu plusieurs décennies de lutte avant de commencer à rompre le silence. En 2012, le président Hollande déclar...
…comme un crime d'État et admette sa responsabilité dans les violences subies par les Algériens en France. La haine de l'autre, de l'immigré, de l'arabe, de l'Algérien, du musulman ne se conjugue malheureusement pas au passé. Dans la France de 2024, des bancs de l'extrême droite à certains de ceux de la minorité présidentielle, le déni des crimes du 17 octobre 1961 demeure vivant.
Dans la France de 2024, le déni des crimes racistes et des violences policières l'est tout autant.
Ainsi, en reconnaissant le crime du 17 octobre 1961, nous rendons aux victimes l'hommage qui leur est dû et nous affirmons, devant les vivants, que l'impunité prend toujours fin dès lors que le peuple français n'a pas renoncé aux principes qui le fondent : liberté, égalité, fraternité.
...ocès de Maurice Papon en 1997 a ensuite réactivé la mémoire de la répression. En 2012, lors du cinquante et unième anniversaire de l'événement, le président François Hollande reconnaît la « sanglante répression » et affirme que « la République reconnaît avec lucidité ces faits ». Le Président Macron, le 18 octobre 2021, poursuit cette reconnaissance et rend hommage aux victimes en pointant des « crimes […] inexcusables pour la République », « commis […] sous l'autorité de Maurice Papon ». Il désigne des « responsabilités clairement établies » que « la France regarde […] avec lucidité ». En parallèle, l'hommage aux victimes s'est matérialisé par l'apposition, par la mairie de Paris, d'une plaque, en 2001, et d'une stèle en acier, en 2019. De nombreuses communes ont marqué cet hommage par des d...
...est toujours pas tranchée. Dans les jours suivant l'événement, les autorités admettent officiellement sept morts et quarante blessés, mais ce bilan s'alourdit au fil des enquêtes et des rapports remis au Gouvernement : le décompte est porté à trente-deux victimes en 1998, puis à quarante-huit, pour atteindre vraisemblablement plus d'une centaine. Au-delà des chiffres, c'est la reconnaissance des crimes et de la haine qui compte. C'est tout le sens des mots du Président de la République qui a dénoncé des « crimes […] inexcusables pour la République », « commis sous l'autorité de Maurice Papon », alors préfet de police. Oui, notre nation doit contempler toute son histoire avec lucidité. Elle le doit à la mémoire des victimes. Elle le doit aussi à sa jeunesse, afin que son avenir ne soit pas enfe...
...quement construit. Comme cette inscription, le nom et le drame des centaines d'Algériens massacrés ont été effacés. Leurs noms et leur souvenir ont été emportés par les flots de la Seine, ce soir d'octobre 1961. Pourtant, comme les corps sans vie de ces centaines d'innocents, leur histoire – une histoire bien française – a fini par remonter à la surface, malgré les tentatives d'étouffement de ce crime d'État. Nous sommes réunis pour dire cette vérité, grâce au travail acharné de notre chère collègue, Sabrina Sebaihi, que je remercie chaleureusement.
...é, mais un bain de sang prémédité, une chasse à l'homme organisée ; le spasme violent d'un pouvoir qui savait que le monde de domination coloniale qu'il avait bâti pendant des siècles était en train de s'effondrer définitivement ; une terreur sanglante orchestrée par le préfet de police de Paris, Maurice Papon, celui-là même qui, à peine vingt ans auparavant, s'était déjà rendu coupable des pires crimes contre l'humanité.
Au total, quelque 12 000 Français musulmans d'Algérie sont raflés, parqués, tabassés, et, pour les moins chanceux d'entre eux, noyés dans les eaux froides de la Seine. L'histoire du 17 octobre 1961 est donc celle d'un crime d'État – d'un crime colonial –, et non celle de débordements policiers individuels, ni même d'une action autonome de la préfecture de police. Elle est aussi celle d'un mensonge d'État, d'une dissimulation politique et médiatique, d'un effacement judiciaire et du travail empêché des historiens. Dès le lendemain du massacre, le contre-récit officiel s'organise : Matignon, l'Élysée et le ministère d...
Le temps est venu de dire que la France, notre pays, est responsable de ce crime,…