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...populations, à l'image des actions menées par d'autres représentations étrangères. Nos ambassadeurs doivent retrouver un rôle central et devenir les véritables chefs de file de l'équipe de France à l'étranger. Il faut aussi mieux les préparer : inspirons-nous des États-Unis, qui forment leurs diplomates pendant des semaines avant de les envoyer en Afrique. J'en viens à notre offre stratégique et militaire. Je tiens à redire que la présence française n'a jamais été imposée. Nous sommes présents, dans les pays qui le souhaitent, sur la base de partenariats renforcés. En effet, ceux-ci doivent être rénovés, car nous sommes dans une compétition acharnée face à des concurrents qui n'ont pas toujours les mêmes valeurs que nous. Comme vient de le confirmer M. le ministre, le ministère des armées travaill...
...nt le débat sur les partenariats entre la France et les pays africains. Nos partenariats avec l'Afrique sont anciens, forts et en constante évolution. Nous devons sans cesse les adapter à l'évolution des besoins exprimés par les pays africains et, certainement, mieux les valoriser. Je mettrai l'accent sur la stratégie de défense de notre pays et sur notre souhait de nouer de nouveaux partenariats militaires avec les pays africains. Depuis 2017, la France a adopté une nouvelle grille de lecture pour ses relations avec l'Afrique. Elle souhaite inscrire de manière pérenne des rapports de réciprocité, harmonieux et responsables. Alors que l'influence de certaines puissances étrangères se fait de plus en plus prégnante, nous devons adopter une posture équilibrée et bâtir un nouveau modèle de partenaria...
« La nouvelle donne africaine » : ainsi aurions-nous pu qualifier le débat qui nous rassemble aujourd'hui. Militairement, politiquement, économiquement, une page historique de la relation de la France à l'Afrique semble s'être définitivement tournée. Le coup d'État au Niger de juillet dernier et le retrait forcé de nos forces armées nous obligent à traduire en actes le débat récurrent de la reconfiguration de nos relations. En 2013, la France lançait l'opération Serval. François Hollande était acclamé et accue...
... États et à éliminer la constante menace djihadiste. Le déclin de l'image de la France a ouvert la voie à une mondialisation teintée d'opportunisme, renforcée par la jeunesse des populations africaines et dont la France a tardé à prendre pleinement conscience. La Chine, les États-Unis, la Russie, l'Inde, le Japon, l'Allemagne et la Turquie sont désormais bien implantés sur le continent africain, militairement ou économiquement, parfois les deux. Dès 2013, alors que la France, les États-Unis et l'Angleterre s'interrogent sur une possible intervention en Syrie en réponse aux attaques de Bachar al-Assad sur sa population avec des armes illégales, Vladimir Poutine prend la parole à l'ONU et se proclame le garant de la stabilité contre le chaos provoqué par l'Occident et son idéologie. La Russie s'att...
...? Non, évidemment. Avons-nous toujours agi sans commettre la moindre erreur ? La réponse est identique et tout aussi évidente. Pour explorer les conditions de partenariats français renouvelés avec les pays Africains, reconnaissons en premier lieu les erreurs que nous avons commises. Je ne sais pas si l'opération Barkhane est un échec, mais je sais qu'en matière d'antiterrorisme, une intervention militaire ne constitue pas une politique en soi. La victoire militaire de l'opération Serval au Mali n'affaiblit pas le djihadisme. Si certains chefs ont été éliminés, le rôle politique et économique de ces acteurs dans le tissu local a été sous-estimé et l'approche sécuritaire n'a pas eu l'effet politique escompté. Fléau de l'esprit, qui se traduit en actes barbares inqualifiables, nous devons lutter de ...
...ves entre l'Élysée et Matignon. Dans cette optique, la France gagnerait à travailler à une décentralisation décisionnelle en matière de politique étrangère. Comment admettre décemment, au nom d'une efficacité toute relative, que seule une poignée de personnes soit habilitée à prendre, en cercle restreint, des décisions d'une telle ampleur ? Depuis 2013, le Parlement n'a discuté de l'intervention militaire au Sahel que deux fois – deux fois en dix ans ! La parlementarisation du processus décisionnel en matière de politique étrangère apparaît indispensable.
...omme le Président de la République le rappelait en 2017 à Ouagadougou, « se joue une partie de notre avenir commun ». J'ajoute que trop souvent, les contrevérités s'accumulent. D'aucuns voudraient remettre en cause la légitimité ou l'efficacité de nos opérations au Sahel, mais disons-le clairement : nos soldats ont lutté contre la menace djihadiste à la demande des États africains. Aux côtés des militaires des armées africaines et au péril de leur vie, nos soldats y ont remporté des victoires contre des groupes armés djihadistes. Je veux rendre hommage, au nom du groupe Horizons et apparentés, à ces soldats, aux blessés et à ceux qui ont perdu la vie au Sahel, ainsi qu'à leurs familles. S'affranchir des caricatures, c'est aussi garder en tête la diversité des pays africains. Il n'y a pas une Afri...
...urrons faire face aux enjeux économiques, environnementaux et sécuritaires qui lient nos pays et nos populations qu'à travers une approche véritablement collaborative et partenariale, c'est-à-dire, en premier lieu, respectueuse de la souveraineté et de l'autonomie des nations africaines. La France, du fait de sa longue présence coloniale et à travers ses multiples interventions – qu'elles soient militaires ou économiques –, est encore trop souvent perçue comme une force extérieure, agissant exclusivement dans son intérêt, plutôt que comme un partenaire véritable. Une telle perception nourrit les procès instruits, à tort ou à raison, contre une supposée Françafrique – ainsi que l'aurait ironiquement qualifiée l'ancien ministre français et président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Cette période est...
...us écoutons et grâce auxquels nous enrichissons nos réflexions et nos propositions d'action. Ils nous disent, premièrement, que le franc CFA est mortifère, deuxièmement, que l'aide publique au développement doit être réorientée vers le renforcement des pouvoirs régaliens des États, troisièmement, que l'analyse française des problèmes africains, envisagés uniquement sous les angles sécuritaire et militaire, est une impasse stratégique et politique, quatrièmement, que le respect à géométrie variable du droit international détruit notre crédibilité et qu'il est temps d'en finir.
...t été, ainsi que la menace d'une guerre menée par la Cedeao, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, encouragée par Paris, relèvent du même réflexe mortifère, en l'occurrence de la crainte de perdre l'accès à l'uranium nigérien, que nous achetons à bas prix. Les députés du groupe GDR le disent depuis longtemps : il faut engager une révision complète des traités de coopération militaire, ainsi que le retrait des bases militaires dans tous les États du continent. Car on ne combat pas le terrorisme uniquement par les armes, mais aussi par la politique. Partout où ils se trouvent, les entrepreneurs de violence, dont les djihadistes, se comportent comme des mafias : ils créent l'insécurité pour se présenter en protecteurs des populations en profitant du vide des politiques publiques...
...ses analyses et à la sincérité de son examen de notre politique en Afrique. Impossible de ne pas commencer par l'actualité, c'est-à-dire par la succession de coups d'État au Sahel depuis trois ans et par la fin de l'opération Barkhane, considérés comme des échecs stratégiques français. Le recul brutal de notre pays dans la région en est la sanction. Nous devons au sacrifice de nos cinquante-huit militaires décédés au Sahel la gratitude de la nation, mais aussi un questionnement rigoureux de la politique qui a mené à cet échec caractérisé par l'avancée territoriale des djihadistes, la montée du sentiment antifrançais et la fin de nos accords militaires. Pour rappel, les forces françaises étaient engagées au Sahel de 2013 à 2022, neuf années pendant lesquelles les experts n'ont cessé de répéter que...
...erre française habitée du canal du Mozambique, dont le gaz est plus stratégique que jamais pour l'Europe depuis la guerre en Ukraine. Mayotte est par ailleurs vulnérable face à la menace terroriste de Daech, nichée à 500 kilomètres de nos côtes, au Mozambique. Mayotte est aussi un sanctuaire tricolore au large de l'Afrique, un sanctuaire de plus en plus précieux au fur et à mesure que la présence militaire française s'étiole sur le continent. Mayotte et son lagon mériteraient d'être pivot dans la stratégie indopacifique de notre pays : notre île est en capacité d'accueillir un port militaire français en eaux profondes sans subir une cohabitation à la djiboutienne – ce que souligne la loi de programmation militaire. Notre position stratégique est unique. La France ne peut pas, et ne doit pas, s'en p...
...es publiquement, ici même, lorsque nous avons voté des textes permettant la montée en puissance et la réorientation de l'aide publique au développement, la réforme du franc CFA, ou encore le travail conjoint sur le patrimoine africain. Les ministres viennent de présenter en détail les avancées considérables réalisées ces dernières années ainsi que les enjeux de réorientation de notre coopération militaire et sécuritaire, qui demeure essentielle, en particulier pour appuyer les pays du golfe de Guinée dans la lutte contre les groupes criminels organisés qui tirent profit de la traite des êtres humains, des trafics de stupéfiants ou de la cybercriminalité. Dans ce domaine, comme ailleurs, on ne construit de partenariat qu'à partir d'un diagnostic des besoins de chacun des partenaires, ceux des Afri...
Or, pour comprendre les enjeux et être compréhensibles pour nos partenaires – bref, pour mener une politique étrangère digne de ce nom –, nous avons besoin d'experts. Cela nécessite de renforcer la formation aux relations bilatérales des diplomates, des agents de renseignement et des militaires, et non de procéder à une absurde réforme du corps diplomatique. Je note d'ailleurs que la question des moyens humains est assez longuement évoquée dans le rapport de nos collègues Fuchs et Tabarot. Aujourd'hui peut-être même plus qu'hier, les enjeux communs que j'évoquais à l'instant et les sujets sur lesquels les intérêts de la France et ceux des pays africains convergent ne manquent pas : dé...
...e, ou plutôt l'absence de stratégie de la France en Afrique depuis des années, est d'abord le résultat de décisions et de non-décisions prises dans l'entre-soi élyséen. Il y a eu une suite de choix erronés, de fautes, d'aveuglements. Comment pouvait-on croire, par exemple, que la militarisation quasi exclusive de nos relations avec le Sahel mènerait ailleurs que dans le mur ? Si les interventions militaires depuis 2011 n'expliquent pas tout, elles ont eu un impact décisif. Cela a commencé par l'intervention en Libye, qui a conduit, au prix d'un détournement du mandat onusien initial, à un changement de régime plus que hasardeux, dont l'effet a été désastreux sur la situation sécuritaire de tout le Sahel.
Nos armées ont obtenu de nombreuses victoires tactiques, mais le cadre stratégique était défaillant. L'approche strictement militaire n'était pas adaptée à la réalité. Dès 2013, nous avertissions qu'une intervention sans plan de retrait ni projet politique partagé aboutirait à une impasse. Après l'augmentation de l'influence des groupes armés au Sahel et trois coups d'État que nos services n'ont pas vu venir, beaucoup, ici, conviendront qu'il aurait été préférable de ne pas se contenter d'un unique vote de la représentation na...
…– même si c'est aux pays africains de le faire. Le ministre Lecornu l'a annoncé, nous devrons aussi redéfinir nos emprises militaires et le rôle de nos armées en Afrique car, en attendant, toutes les spéculations et les malveillances ont libre cours. Nous devrons également revoir en profondeur la politique de délivrance des visas – cette refonte a déjà démarré – tout en conservant la maîtrise des flux migratoires. La situation actuelle nous est très préjudiciable. Comment expliquer, en effet, que le premier de la classe du ly...
Je souhaite également évoquer tout ce qui a été accompli ces dernières années et qui s'inscrit dans la logique partenariale qui a été énoncée par le chef de l'État et qui forme le socle des relations renouvelées entre notre pays et le continent africain. En premier lieu, alors que certains fustigent notre présence militaire et que la propagande de puissances hostiles s'évertue à y voir une marque de néocolonialisme, je rappelle que c'est à la demande des autorités maliennes que la France est intervenue dans leur pays et qu'elle a sauvé la capitale des forces djihadistes qui la menaçaient. Elle y est restée ensuite pour prévenir la menace terroriste qui subsiste toujours dans toute la région. Dois-je évoquer tout le ...
...associatif : le mode d'action de France Volontaires est en effet fondé sur la réciprocité, ce qui est bien dans l'esprit que le Président de la République appelait de ses vœux. Le Président a également compris que le renouvellement de nos relations avec le continent africain passait par le développement de nos relations économiques. En effet, pendant que notre pays, au prix d'un important effort militaire, se concentrait sur la préservation de notre sécurité commune, d'autres acteurs, plus pragmatiques, renforçaient leurs positions économiques. Je salue les efforts déployés par la France pour encourager le développement du secteur privé africain au travers de programmes du groupe AFD, tels que ceux menés par Proparco. Il nous faut néanmoins faire davantage pour stimuler nos échanges. Nous pouvons...
...s locaux ; elles ont vécu et donné lieu à la fondation de familles binationales ; elles aiment avec autant d'engagement leurs deux continents. Ces entreprises ont vu arriver les mutations et les stratégies d'implantation des puissances extérieures. Elles nous le disent : elles ont plusieurs fois tiré la sonnette d'alarme, mais nous ne les avons pas suffisamment écoutées. Il en est de même de nos militaires, qui ont vu les implantations des autres grandes puissances se développer ces vingt dernières années. Bien évidemment, je me joins aux hommages rendus à nos soldats en opération. Enfin, je n'oublie pas les diasporas, qui ne cessent de nous alerter, elles aussi, sur la nécessité de changer de logiciel. Oui, Emmanuel Macron est le premier président à avoir, dans ses prises de position, exprimé av...