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Le Président de la République annonçait la fin de la politique africaine de la France. Quelle erreur ! Le résultat est là : voilà six ans qu'il essaie de recoller les morceaux. Il a compris bien trop tard que la France, comme toutes les grandes puissances, a besoin d'une politique africaine, d'une stratégie pour ce continent d'avenir. Certaines déploient une approche bien plus agressive et bien moins éthique que la nôtre : je pense à la Chine sur le plan économique, à la Turquie sur le plan culturel et religieux, à la Russie sur le plan sécuritaire. Face à ces pays, l'offre de la France ne peut pas se cantonner aux champs privilégiés par le chef de l'État, comme le sport ou la culture. Ce n'est pas l'attente fondamen...
...availle à identifier les attentes de nos partenaires. C'est une démarche clé pour adapter notre catalogue. Elle doit se doubler d'une vraie réflexion sur l'offre de notre base industrielle et technologique de défense (BITD) face à la concurrence de matériel bon marché, par exemple venu de Turquie. J'espère que nous pourrons en reparler bientôt, car c'est un élément majeur de notre présence sur le continent africain. Je pourrais évoquer bien d'autres sujets : la coopération technique, scientifique et humanitaire et l'erreur fondamentale de la diminution sensible du nombre de coopérants sur le terrain ; notre réseau culturel et la diminution du nombre de nos écoles en Afrique ; l'affaiblissement de la francophonie, laquelle est pourtant un atout considérable ; la nécessité de développer des écosystè...
...es lors de rassemblements. Par un effet domino, la présence militaire de la France a été remise en cause dans ces pays qui nous avaient appelés et qui avaient demandé notre soutien dans la lutte contre le terrorisme. Nous ne sommes pas naïfs concernant le rôle joué par l'ingérence russe en Afrique et dans les médias. Depuis dix ans, la Russie a méthodiquement déployé une stratégie globale sur le continent africain dans tous les domaines : influence politique, communication, sécurité, fourniture d'armes… Ce constat indique que nous devons évoluer dans notre manière de communiquer sur nos actions et sur les dispositifs que nous déployons. Il faut apporter de la cohérence, de la lisibilité et de la compréhension aux yeux des populations. Nous devons être à l'initiative, pas seulement en position défe...
... la France lançait l'opération Serval. François Hollande était acclamé et accueilli en libérateur au Mali. Dix ans plus tard, la présence française au Sahel et dans d'autres régions d'Afrique est dénoncée. D'une intervention sollicitée à une présence contestée, comment en sommes-nous arrivés là ? Les sociétés africaines se sont transformées sous l'effet d'une démographie dynamique, faisant de ce continent l'un des plus jeunes, dont le poids dans la population mondiale est de plus en plus important, mais aussi sous l'effet de la numérisation, de la démocratisation de l'accès au savoir et à la culture et d'une meilleure connaissance de l'évolution des relations internationales. La nouvelle donne africaine, c'est aussi l'histoire d'une mondialisation de l'Afrique dont nous avons tardé à prendre plei...
...omique et social des États et à éliminer la constante menace djihadiste. Le déclin de l'image de la France a ouvert la voie à une mondialisation teintée d'opportunisme, renforcée par la jeunesse des populations africaines et dont la France a tardé à prendre pleinement conscience. La Chine, les États-Unis, la Russie, l'Inde, le Japon, l'Allemagne et la Turquie sont désormais bien implantés sur le continent africain, militairement ou économiquement, parfois les deux. Dès 2013, alors que la France, les États-Unis et l'Angleterre s'interrogent sur une possible intervention en Syrie en réponse aux attaques de Bachar al-Assad sur sa population avec des armes illégales, Vladimir Poutine prend la parole à l'ONU et se proclame le garant de la stabilité contre le chaos provoqué par l'Occident et son idéolo...
...pulistes et complotistes qui inondent les réseaux sociaux. Si la colère d'une partie des Africains est renforcée par les actions de désinformation menées par des trolls numériques issus de leurs pays, la communication aléatoire de la France et de son président en a facilité l'influence. Fort heureusement, un champ des possibles s'offre à nous pour améliorer nos relations avec les nombreux pays du continent africain. Le premier de ces possibles est structurant. Sans verser dans l'autoflagellation, abandonnons notre hubris gaullienne et admettons que le monde dans lequel s'inscrit notre action a profondément changé. La France n'est plus la puissance qu'elle était : acceptons-le ! Faisons preuve d'humilité et admettons ne plus avoir l'influence d'antan. Acceptons-le pour mieux rebondir, afin d'appara...
...sponsabilité du colonialisme français ou encore la reconnaissance du génocide rwandais. Nous devons cependant reconsidérer notre politique d'aide par l'emprunt : elle ne peut plus être le socle de notre aide au développement alors que la Chine ou les États du Golfe, qui n'ont pas les mêmes exigences financières que nous, en profitent pour accroître leur implantation, notamment économique, sur le continent africain. Ces évolutions devront s'accompagner d'une véritable stratégie visant à refaire de la sphère francophone un espace d'échange, de savoirs et de culture. Il faudra par ailleurs en finir avec une politique des visas qui est une véritable épine dans le pied de la France. Le retrait de nos forces au Sahel devrait modifier définitivement nos rapports avec les pays africains. Pourtant, cela n...
« Si tu veux aller vite, marche seul, mais si tu veux aller loin, marchons ensemble. » : cette phrase définit l'esprit de notre ambition pour le continent africain. Pour la concrétiser et pour débattre de nos relations avec les pays d'Afrique, nous devons garder en mémoire deux vérités essentielles. D'abord, ces relations ne peuvent reposer sur des caricatures. Ensuite, les réponses aux défis du XXI
Dans le domaine de la santé, la France a soutenu l'excellence scientifique africaine, représentée par le centre de crise africain, par l'institut Pasteur de Dakar et par l'Institut national de recherche biomédicale du professeur Jean-Jacques Muyembe. Elle participe, avec la communauté internationale, au développement de centres de production de vaccins sur le continent africain. Dans le domaine de la culture, la France a lancé, en octobre 2023, un premier forum des industries culturelles et créatives africaines, dont l'objectif est de connecter le regard des Français à la création contemporaine africaine dans toutes ses composantes. L'Institut français, l'Alliance française et les réseaux de coopération accueillent et promeuvent les œuvres des artistes africai...
Je me réjouis que nous débattions aujourd'hui de la refonte des relations franco-africaines, ou, plus précisément, du renouvellement des partenariats passés par la France avec les pays africains, comme l'indique le titre du débat – évoquer la relation entre notre pays et un continent qui représente 20 % de la surface terrestre et de la population mondiale n'aurait évidemment pas de sens. J'en profite pour saluer les membres de la délégation mauritanienne, que j'ai le plaisir d'accueillir cette semaine dans le cadre du groupe d'amitié qui lie les députés de nos deux pays : ils nous font l'honneur d'assister à ce débat.
...ses ministres. C'est d'autant plus vrai qu'au fil des discrédits et des impairs, cette voix a grandement perdu de sa crédibilité sur la scène internationale ; de ce fait, elle représente en Afrique le visage d'une France sans boussole. Il est donc grand temps d'en finir avec ces vieilles lunes. À cet égard, ce débat représente un progrès, même si je regrette qu'il ne soit pas suivi d'un vote. Le continent africain, dont la population devrait atteindre 2,5 milliards d'habitants d'ici à 2050, se trouve au cœur de défis mondiaux. Il est le berceau mais aussi l'avenir de l'humanité. Nous ne pourrons faire face aux enjeux économiques, environnementaux et sécuritaires qui lient nos pays et nos populations qu'à travers une approche véritablement collaborative et partenariale, c'est-à-dire, en premier lie...
Ils nourrissent au sein des populations africaines, autrefois francophiles et toujours francophones, un sentiment d'humiliation et de rejet conduisant à notre effacement du continent et au renforcement de nouveaux impérialismes, notamment russe et chinois. Il est temps d'en finir avec cette forme de xénophobie d'État, que traduit encore le nouveau projet de loi sur l'immigration. Toutefois, je le concède, il serait injuste de faire porter la responsabilité de nos errements en Afrique au seul président Macron. Ancienne puissance colonisatrice, relativement passive face aux tr...
... partenariats que vous appelez de vos vœux ne seront jamais renouvelés tant que vous n'aurez pas changé radicalement de logiciel. Car, faut-il vous le rappeler, les États d'Afrique sont formellement indépendants et différents. Nombre d'entre eux recherchent une seconde indépendance dans leur souveraineté politique, économique et financière. Prenez la mesure de cette revendication populaire sur le continent et daignez enfin comprendre à quel point elle vous oblige, en tant qu'ancien État colonisateur, en tant que pays occidental développé et en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Si, en septembre dernier, le président Macron a décidé d'organiser un débat au Parlement sur le sujet et si vous répétez encore et toujours le même catéchisme franco-français devant nous, c'...
... de leurs services fiscaux. Le développement qui résulterait d'une telle mesure émanerait des forces vives du pays au lieu d'être maintenu plus ou moins artificiellement depuis l'extérieur. Notre logique consiste à apprendre aux gens à pêcher plutôt qu'à leur donner du poisson. Vous pourriez faire un troisième pas en modifiant en profondeur votre politique sécuritaire et commerciale vis-à-vis du continent. L'intervention du Rwanda au Mozambique, à la demande de la France, pour pacifier une région où travaille Total, démontre la vision militariste de notre action sur le continent africain et l'usage utilitariste de l'aide publique au développement. La réaction d'Emmanuel Macron à la suite du coup d'État au Niger cet été, ainsi que la menace d'une guerre menée par la Cedeao, la Communauté économique...
L'Afrique est un continent capital pour notre pays, humainement, historiquement, stratégiquement, économiquement, culturellement et intimement. Nos relations avec l'Afrique sont profondes, riches et complexes, parfois conflictuelles et douloureuses, mais toujours interdépendantes et intenses. Aussi, se pencher sur ce sujet n'est jamais superflu et le débat qui se tient aujourd'hui est nécessaire. Je veux saluer, à cet égar...
...ozambique, dont le gaz est plus stratégique que jamais pour l'Europe depuis la guerre en Ukraine. Mayotte est par ailleurs vulnérable face à la menace terroriste de Daech, nichée à 500 kilomètres de nos côtes, au Mozambique. Mayotte est aussi un sanctuaire tricolore au large de l'Afrique, un sanctuaire de plus en plus précieux au fur et à mesure que la présence militaire française s'étiole sur le continent. Mayotte et son lagon mériteraient d'être pivot dans la stratégie indopacifique de notre pays : notre île est en capacité d'accueillir un port militaire français en eaux profondes sans subir une cohabitation à la djiboutienne – ce que souligne la loi de programmation militaire. Notre position stratégique est unique. La France ne peut pas, et ne doit pas, s'en passer à cause du contentieux avec le...
Nous devons donc partir des besoins réels en Afrique, en considérant de façon lucide tant les possibilités considérables du continent que les risques qu'elles recèlent. Le problème de bon nombre de pays africains, c'est d'abord la pauvreté et un déficit énorme en infrastructures de base – routes, ponts, énergie –, pour lesquelles nous sommes encore très loin du compte. Comme me le confiait un ami très qualifié issu de la diaspora sénégalaise en France, dans sa ville d'origine, les jeunes, privés de toute perspective économique,...
En novembre 2017, à l'université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, le président Emmanuel Macron avait ouvert son discours en annonçant qu'« il n'y [avait] plus de politique africaine de la France ». Le 23 février 2023, à l'Élysée, à la veille d'un déplacement sur le continent, il confirmait : « Ces mots sont toujours d'actualité. » Eh bien, une fois n'est pas coutume, je dois reconnaître que le Président de la République a magistralement résumé la situation : il n'y a plus, en effet, de politique africaine de la France. Sous Emmanuel Macron, cette politique a disparu ; elle s'est envolée, volatilisée dans un magma d'erreurs, d'incohérences et de contradictions dont la...
...e à le répéter – de fatalité : dans ce domaine aussi, d'autres choix politiques peuvent aboutir à d'autres résultats. Il y a en revanche une forme d'urgence car nos compétiteurs ne nous attendent pas et, comme il est compréhensible, les Africains se tournent vers les puissances qui paraissent le plus en mesure de leur apporter les soutiens dont ils ont besoin. Néanmoins, notre pays dispose sur le continent d'un capital d'histoire et de langue partagées, dont j'ai la conviction qu'il nous permet toujours de nous inscrire dans le temps long de l'Afrique et de ne pas désespérer. J'entends donc proposer ma vision d'une relation entre la France et l'Afrique, qui récuse les repentances infondées et les nostalgies d'antan. Avec la même conviction, je récuse l'inscription de la relation franco-africaine d...
...e n'est ni par charité, ni par cupidité ; c'est, tout simplement, parce que notre intérêt commun rencontre notre amitié réciproque. La France doit avoir une politique africaine et, au sein de celle-ci, des priorités et des alliances privilégiées avec ses amis historiques. » En raison de son histoire, de son savoir-faire technique, de ses moyens, mais aussi de sa langue – pour une large partie du continent africain, du moins –, la France peut accompagner positivement le processus de construction et de consolidation des États-nations africains, en se basant sur le respect dû à nos partenaires quant au choix souverain de leur politique et de leur modèle de développement. Sur ce sujet, nous devons être clairs : la non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains doit être notre règle ...