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« Ce dont je veux vous parler est l'exemple le plus classique du génocide soviétique, l'expérimentation la plus achevée en matière de russification – la destruction de la nation ukrainienne. » Ces mots ne sont pas les miens : je les emprunte à Raphael Lemkin, juriste à l'origine du concept de génocide, qui les a prononcés lors d'une conférence commémorant le vingtième anniversaire de l'Holodomor. Ce dont je veux vous parler aujourd'hui est l'histoire d'une barbarie organisée, d'une brutalité absolue, un pan de notre histoire collective, celle de l'Ukraine d'abord, et de la nôtre ensuite. Elle débute en 1929, quand Joseph Staline ordonne une collectivisation et une industrialisation à marche forcée de l'Union des républiques socialistes soviétiques, l'URSS. Cette politique du « Grand to...
...'autoritarisme et conduit malheureusement aux pires dérives destructrices. Ce sont les raisons pour lesquelles nous devons les condamner, en espérant que de tels actes ne soient jamais à nouveau commis. L'État soviétique est responsable de crimes contre l'humanité. Les Ukrainiens, les Kazakhs, les Russes en ont été les victimes. Cette proposition de résolution vise à reconnaître et à condamner l'Holodomor. Ce crime contre l'humanité est la conséquence de la collectivisation instaurée par l'État soviétique à travers les kolkhozes. Cette collectivisation ciblant tous les paysans et particulièrement les Ukrainiens consistait en la confiscation – on pourrait même dire le vol –, par l'État communiste, de plus de 40 % de leur récolte. Les paysans déjà affamés par leur propre gouvernement, dans un mouvem...
Entre 1930 et 1933, près de 7 millions de citoyens des républiques soviétiques sont morts de faim : 1,5 million en Russie ; 1,5 million au Kazakhstan ; 4 millions en Ukraine, où ces évènements sont désignés par le nom Holodomor. Quatre-vingt-dix ans après les faits, la plaie béante ouverte par ce drame n'est pas refermée. Un demi-siècle durant, la vérité fut étouffée par les autorités soviétiques. Elle n'a été conservée que grâce au patient travail de mémoire de la diaspora ukrainienne. Aujourd'hui, le durcissement du régime autocratique de Vladimir Poutine s'accompagne de nouvelles tentatives d'effacer la réalité de m...
...ar l'ONU : le génocide arménien, la Shoah et le génocide des Tutsis au Rwanda. Anne Applebaum, journaliste et historienne, elle aussi engagée en soutien à l'Ukraine, écrit dans Famine rouge, ouvrage publié en 2017 et qui fait autorité : « tel que défini dans les documents des Nations unies, génocide devait désigner l'élimination physique de tout un groupe ethnique, comme dans l'Holocauste. Holodomor ne répond pas à ce critère. » En reconnaissant l'Holodomor comme un génocide, notre assemblée remettrait unilatéralement en cause la définition de l'ONU.
Notre assemblée est aujourd'hui réunie pour débattre de la proposition de résolution portant sur la reconnaissance et la condamnation de la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d'Holodomor, comme génocide. Dans la continuité de la proposition de résolution largement adoptée en novembre dernier, qui affirmait le soutien de l'Assemblée nationale à l'Ukraine et condamnait la guerre d'agression menée par la Russie, le texte discuté aujourd'hui est le bienvenu pour renouveler notre attention et affirmer à nouveau notre profond soutien à l'égard du peuple ukrainien qui, à travers l'histo...
...lée nationale s'inscrit bien évidemment dans le contexte de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine. En effet, depuis le début de la guerre, Vladimir Poutine n'a cessé de nier l'identité et l'indépendance ukrainiennes, en s'affranchissant de toutes les vérités historiques pour justifier les pires atrocités. Cette situation fait malheureusement écho à la période connue lors de l'Holodomor et aux mensonges alors proférés par les autorités soviétiques. Le message envoyé aujourd'hui par l'Assemblée nationale est essentiel pour exprimer notre intransigeance et notre volonté farouche de soutenir et défendre le peuple ukrainien, qui se bat avec tant de courage pour défendre sa liberté et nos valeurs communes.
Le passé rejoint aujourd'hui le présent : la proposition de résolution transpartisane portant sur la reconnaissance de l'Holodomor comme génocide, que nous étudions aujourd'hui à l'initiative de ma collègue Anne Genetet, éclaire tristement ce que vivent nos amis Ukrainiens depuis le 24 février 2022. Face aux atrocités du présent, l'on prend conscience de l'importance de se confronter aux faits du passé et de les reconnaître. L'Holodomor – terme qui signifie littéralement « l'extermination par la faim » – qui a frappé l'Ukra...
...trente parlements nationaux, notre assemblée reconnaisse à son tour et condamne unanimement cette tragique page de l'histoire pour ce qu'elle est : un génocide. C'est un devoir qui nous incombe pour honorer la mémoire des victimes de ce crime de masse. Cette reconnaissance doit s'accompagner d'une ouverture des archives : les historiens doivent pouvoir continuer à documenter les faits, afin que l'Holodomor ne soit plus un angle mort de l'histoire. La date d'examen de la proposition de résolution n'est évidemment pas anodine : nous l'assumons. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, reconnaître et condamner le génocide de l'Holodomor constitue un soutien au peuple ukrainien dans la reconnaissance des crimes de masse perpétrés à son endroit par le régime soviétique. C'est aussi un puissant message...
...tive à la reconnaissance du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris et à la commémoration pour la mémoire des victimes. Le sujet qui nous occupe aujourd'hui est d'un autre ordre. Bien sûr, l'histoire appartient toujours, en premier lieu, aux historiens, et un colloque qui s'est tenu récemment à l'Assemblée nationale a permis de faire le point sur l'état de la recherche historique sur l'Holodomor. Cependant, dans le contexte international que nous connaissons, cette demande de reconnaissance du caractère génocidaire de l'Holodomor, qui s'ajoute aux demandes de soutien financier, humanitaire, logistique ou militaire, revêt une importance toute symbolique : bien que moins sonore que la fourniture de canons Caesar, cette reconnaissance représenterait en effet un geste important envers le peu...
En décembre, le Parlement européen adoptait à son tour, à une large majorité, une résolution considérant « l'Holodomor comme un génocide du peuple ukrainien, dès lors que cette famine artificielle a été commise par le régime soviétique dans l'intention de détruire un groupe de personnes en infligeant délibérément des conditions de vie menant inexorablement à leur anéantissement physique ». La proposition de résolution va dans le même sens : constatant, en l'état actuel des preuves historiques, « le caractère int...
…comme si la vérité était une opinion ! Ce génocide porte un nom : l'Holodomor, « l'extermination par la faim ». La grande famine qui a frappé en 1932 et 1933 la République socialiste soviétique d'Ukraine n'était en effet due ni au hasard ni à une catastrophe naturelle, mais bien à une politique répressive, délibérément meurtrière, adoptée par Staline dans l'intention de briser la résistance paysanne à la collectivisation forcée des récoltes. Alors que l'occasion nous est ...
Je commencerai par remercier Mme Genetet pour ce texte, dont l'adoption fera honneur à notre assemblée. Nous sommes ici, mes chers collègues, en vue de traiter d'un sujet capital : la reconnaissance du caractère génocidaire de l'Holodomor. Permettez-moi, avant d'entrer dans le vif du sujet, d'opérer quelques retours en arrière. L'Ukraine a affronté bien des crises ; l'extraordinaire résilience de son peuple s'est constituée au gré d'une histoire aussi riche que difficile – URSS, indépendance, progressisme et libertés, et désormais la guerre –, marquée par une commune volonté d'autodétermination. En 1918, alors que l'Empire russe ...
...e descendre de notre piédestal. La fin de la guerre, autrement dit la victoire de l'Ukraine, ne devra pas ouvrir un nouveau terrain de chasse à des investisseurs plus intéressés par leurs bénéfices personnels que par ceux des peuples. Tout en faisant en sorte que la solidarité internationale s'amplifie, gardons-nous de répéter les erreurs du passé. Venons-en maintenant au cœur de la question : l'Holodomor, autre épisode sombre de l'histoire ukrainienne. Cette famine orchestrée par le régime stalinien en 1932 et 1933 aura causé la mort de millions de personnes, victimes d'une politique répressive de confiscation des récoltes. Nombre de pays et d'organisations internationales l'ont d'ores et déjà reconnue comme un crime de génocide ou un crime contre l'humanité : il est honorable que la France s'eng...
La proposition de résolution portant sur la reconnaissance et la condamnation de la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d'Holodomor, comme génocide, ne pose pas moins de six problèmes, qu'il convient de mesurer ensemble. Premièrement, s'agissant de tirer les conclusions définitives d'un événement, les parlementaires n'ont pas la même légitimité que les historiens, surtout lorsque les faits ne font pas l'objet d'un consensus des historiens eux-mêmes. Ce serait pourtant fondamental, puisqu'il nous est demandé de nous prononcer,...
.... La lecture que vous faites de la famine ukrainienne présente ainsi un intérêt très relatif d'un point de vue historique. Votre intérêt est donc politique. Or les députés du groupe Gauche démocrate et républicaine refusent par principe de contribuer à la politisation des enjeux de mémoire et d'histoire. C'est le quatrième problème de votre proposition de résolution, et il est majeur. Faire de l'Holodomor un génocide et l'intégrer comme un chapitre du roman national, c'est l'ambition du parti au pouvoir en Ukraine. Pourtant, même au parlement ukrainien, la reconnaissance de l'Holodomor comme génocide n'a été votée en 2006 qu'à une très courte majorité. Au sein de la population ukrainienne, le sujet fait également débat. Il ne fait donc même pas consensus en Ukraine ! Plus largement, le cinquième ...
...en Ukraine. Staline n'a pas seulement décrété la famine, il a stigmatisé toute une frange de la population de koulaks et l'a empêchée de se déplacer dans les villes et dans les autres républiques pour survivre. Entre 3,5 et 5 millions de personnes sont mortes à cause de cette folie, de cette politique d'extermination par la faim. Il s'agit aujourd'hui de reconnaître le caractère génocidaire de l'Holodomor. Certains critiqueront cette résolution en prétextant que ce n'est pas au législateur d'écrire l'histoire. Nous leur répondrons que l'Assemblée nationale, représentante de l'ensemble du peuple français, est néanmoins en droit d'affirmer sa solidarité face à un évènement historique aussi grave. Nous constatons en outre que l'Holodomor est un acte par lequel les autorités soviétiques avaient l'inte...
...URSS a déjoué tous les plans d'agression, parce que sa puissance grandit, parce que sa politique de paix enregistre des succès retentissants. » La « politique de paix » nous rappelle la rhétorique des descendants de ces Staliniens qui manifestent aujourd'hui encore contre la guerre en Ukraine ou plutôt, disons-le clairement, contre l'armement du peuple ukrainien. Toujours les mêmes complices ! L'Holodomor, « extermination par la faim » en ukrainien, a depuis été longuement documenté. Nicolas Werth, dans son Livre noir du communisme, le décrit ainsi : « une famine préméditée, organisée, systématisée […] destinée à éliminer la partie la plus dynamique de la paysannerie. Il faut appeler cela un génocide de classe. » En 2004, 1'arrivée au pouvoir de Victor Iouchtchenko, après la révolution ora...
Oui, le communisme est une bête immonde : il n'y a pas que le nazisme, le fascisme, le racisme ou l'antisémitisme comme l'explique Wikipédia. Il n'y a pas un totalitarisme plus excusable que les autres. L'Holodomor devrait être l'occasion de le rappeler à la face de tous, en mémoire de toutes ses victimes – et en hommage aux vivants qui continuent de se battre chaque jour contre la Russie, pour une liberté qui est aussi la nôtre.