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...krainiens. Les frontières sont fermées. Le moindre grain de blé est traqué. Des villages et des fermes sont délibérément bloqués. Le commerce est arrêté. Des impôts supplémentaires sont prélevés. Dans les premiers mois de 1933, l'Ukraine, « grenier à blé », est devenue « terre de sang ». Chaque jour, des milliers de paysans ukrainiens meurent, affamés. Leurs corps jonchent rues et champs. Cette famine méticuleusement organisée par Staline – rappelons-le – prend alors l'appellation d'Holodomor, « l'extermination par la faim ». Ce dont je vous ai parlé n'est rien d'autre que l'utilisation de la famine comme arme politique pour briser la résistance d'un peuple, pour l'effacer de la carte et le priver d'une conscience nationale qui s'éveillait. À l'époque, face à ces millions de morts, un silenc...
...ouvernement, dans un mouvement de justice légitime, se sont révoltés. La répression est alors terrible et les velléités d'indépendance sont écrasées. Les koulaks sont privés de leur liberté ; la collectivisation forcée continue ; ils sont affamés. C'est tout le pays qui agonise. Josef Winkler, dans son œuvre intitulé L'Ukrainienne, retranscrit le témoignage suivant : « En janvier 1931, la famine a commencé. À l'automne précédent, il y avait suffisamment de blé, ce n'était pas une mauvaise année. Les chefs de kolkhoze qui expropriaient les paysans leur prenaient aussi les céréales qu'ils jetaient par tonnes dans le Dniepr. Ils ont causé artificiellement cette famine pour que les gens aillent travailler au kolkhoze s'ils ne voulaient pas mourir de faim parce que la cantine leur donnait du ...
...Nul ne peut minimiser son ampleur monstrueuse, inouïe. Nul ne peut mettre en doute l'existence d'une intentionnalité de la part de Staline et des dirigeants soviétiques. Après avoir lancé la collectivisation de l'agriculture à marche forcée, lorsqu'il réprima brutalement toute résistance paysanne, lorsqu'il réquisitionna les récoltes, le pouvoir stalinien provoqua – puis aggrava délibérément – la famine, la mort de millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Crime de masse, crime contre l'humanité, assurément. Génocide ? La communauté scientifique est partagée. Les historiens ne donnent pas tous la même définition de ce concept. Timothy Snyder, éminent historien états-unien, soutien de la cause ukrainienne face à l'agression russe, écrit dans son grand livre Terres de sang, publié en 2010...
...l ». C'est ce second critère qui constitue le point d'achoppement du débat. Assurément, en Ukraine, la répression des résistances paysannes à la collectivisation fut plus terrible encore qu'ailleurs. Staline voulait écraser toute renaissance d'un mouvement national ukrainien. Mais s'agissait-il d'exterminer le peuple ukrainien en tant que tel ? Dans les campagnes ukrainiennes, les victimes de la famine ne furent pas uniquement des Ukrainiens. Des milliers de citoyens soviétiques de nationalité russe, juive ou allemande, moururent aussi de faim. Par ailleurs, une grande partie des bourreaux, dirigeants communistes ou activistes de base, étaient, eux, ukrainiens. La différence est flagrante avec les trois génocides reconnus comme tels par l'ONU : le génocide arménien, la Shoah et le génocide des...
Notre assemblée est aujourd'hui réunie pour débattre de la proposition de résolution portant sur la reconnaissance et la condamnation de la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d'Holodomor, comme génocide. Dans la continuité de la proposition de résolution largement adoptée en novembre dernier, qui affirmait le soutien de l'Assemblée nationale à l'Ukraine et condamnait la guerre d'agression menée par la Russie, le texte discuté aujourd'hui est le bienvenu pour renouveler notre attention et affirmer à nouveau notre profond soutien à l'éga...
Le Parlement ukrainien a reconnu cette famine comme génocide en 2006, le Bundestag et le Parlement européen ont reconnu le caractère génocidaire de ces crimes en novembre et décembre 2022 : je crois qu'il est l'heure pour l'Assemblée nationale de se joindre à ces parlements. Il y va de notre responsabilité d'affirmer haut et fort que, face aux crimes d'hier et d'aujourd'hui, la communauté internationale ne se taira plus et condamnera avec la...
...bérément ciblé les paysans ukrainiens, et, à travers eux, l'ensemble de la nation ukrainienne, dans la volonté de l'anéantir. Longtemps tu, dissimulé à la fois par le pouvoir stalinien et par les populations victimes, durablement traumatisées, l'Holodomor a été l'objet d'arbitrages géopolitiques, certains préférant la construction d'une paix inachevée à la reconnaissance des crimes passés. Cette famine organisée par le totalitarisme stalinien pourrait avoir causé plusieurs millions de morts en Ukraine, un chiffre qui pourrait s'élever à 10 millions si l'on tient compte des victimes hors du territoire ukrainien, notamment au Kazakhstan. Ces millions de victimes mortes de faim sont le résultat de l'échec de la politique de collectivisation forcée lancée par Staline au début des années 1930 pour m...
…d'abord à travers la destruction de l'intelligentsia ukrainienne et de l'Église, puis à travers la famine organisée chez les paysans. J'aimerais qu'à l'instar du Parlement européen et de presque trente parlements nationaux, notre assemblée reconnaisse à son tour et condamne unanimement cette tragique page de l'histoire pour ce qu'elle est : un génocide. C'est un devoir qui nous incombe pour honorer la mémoire des victimes de ce crime de masse. Cette reconnaissance doit s'accompagner d'une ouverture ...
...ons Caesar, cette reconnaissance représenterait en effet un geste important envers le peuple ukrainien, si durement frappé par la guerre. La documentation historique de cette « extermination par la faim » a longtemps été rendue difficile, expliquant en partie la faible reconnaissance de ce crime de masse jusqu'à présent. L'adoption en 2003 d'une résolution de la Rada ukrainienne reconnaissant la famine organisée comme un acte génocidaire a abouti, en novembre 2006, à celle d'une loi ukrainienne relative à l'Holodomor. En octobre 2022, le ministre des affaires étrangères ukrainien a appelé les parlements des nations qui soutiennent l'Ukraine à reconnaître le caractère génocidaire de l'Holodomor. Près d'une vingtaine de pays ont jusqu'ici condamné l'Holodomor comme crime contre l'humanité ou comm...
En décembre, le Parlement européen adoptait à son tour, à une large majorité, une résolution considérant « l'Holodomor comme un génocide du peuple ukrainien, dès lors que cette famine artificielle a été commise par le régime soviétique dans l'intention de détruire un groupe de personnes en infligeant délibérément des conditions de vie menant inexorablement à leur anéantissement physique ». La proposition de résolution va dans le même sens : constatant, en l'état actuel des preuves historiques, « le caractère intentionnel de détruire en tout ou partie l'identité nationale et l...
…comme si la vérité était une opinion ! Ce génocide porte un nom : l'Holodomor, « l'extermination par la faim ». La grande famine qui a frappé en 1932 et 1933 la République socialiste soviétique d'Ukraine n'était en effet due ni au hasard ni à une catastrophe naturelle, mais bien à une politique répressive, délibérément meurtrière, adoptée par Staline dans l'intention de briser la résistance paysanne à la collectivisation forcée des récoltes. Alors que l'occasion nous est donnée, chers collègues, de qualifier comme il conv...
...t la victoire de l'Ukraine, ne devra pas ouvrir un nouveau terrain de chasse à des investisseurs plus intéressés par leurs bénéfices personnels que par ceux des peuples. Tout en faisant en sorte que la solidarité internationale s'amplifie, gardons-nous de répéter les erreurs du passé. Venons-en maintenant au cœur de la question : l'Holodomor, autre épisode sombre de l'histoire ukrainienne. Cette famine orchestrée par le régime stalinien en 1932 et 1933 aura causé la mort de millions de personnes, victimes d'une politique répressive de confiscation des récoltes. Nombre de pays et d'organisations internationales l'ont d'ores et déjà reconnue comme un crime de génocide ou un crime contre l'humanité : il est honorable que la France s'engage dans cette voie. Ceux qui ont souffert ou péri au cours de...
La proposition de résolution portant sur la reconnaissance et la condamnation de la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d'Holodomor, comme génocide, ne pose pas moins de six problèmes, qu'il convient de mesurer ensemble. Premièrement, s'agissant de tirer les conclusions définitives d'un événement, les parlementaires n'ont pas la même légitimité que les historiens, surtout lorsque les faits ne font pas l'objet d'un consensus des historiens eux-mêmes. Ce serait pourtant fondamental, ...
L'interprétation selon laquelle la grande famine en Ukraine aurait été organisée par Staline afin de punir les paysans de leur nationalisme est désormais marginale, notamment depuis la parution en 2004 de l'ouvrage de Robert W. Davies et Stephen G. Wheatcroft, The Years of Hunger : Soviet Agriculture, 1931-1933, qui s'appuie sur une fine analyse des archives ainsi que de la correspondance des dirigeants soviétiques de l'époque. Même Robe...
...écide d'accentuer le rythme des réquisitions – avec les méthodes que l'on connaît –, préférant la balance commerciale à la survie de millions de personnes. Ce qui nous fait dire aujourd'hui que cette répression est un génocide, c'est qu'elle était guidée par la volonté de détruire tout sentiment national dans les républiques soviétiques, notamment en Ukraine. Staline n'a pas seulement décrété la famine, il a stigmatisé toute une frange de la population de koulaks et l'a empêchée de se déplacer dans les villes et dans les autres républiques pour survivre. Entre 3,5 et 5 millions de personnes sont mortes à cause de cette folie, de cette politique d'extermination par la faim. Il s'agit aujourd'hui de reconnaître le caractère génocidaire de l'Holodomor. Certains critiqueront cette résolution en pr...
La famine comme arme de guerre, comme solution finale. Le grenier à blé de l'URSS transformé en cimetière des affamés. La famine impitoyable de 1932-1933 a été orchestrée, organisée et planifiée par un pouvoir soviétique cruel, vorace et assassin qui voulait piller et asservir l'Ukraine. Quatre millions d'Ukrainiens – certains avancent un chiffre encore plus important –, principalement des paysans, furent ...