Les amendements de Bastien Lachaud pour ce dossier
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Dès la première phrase, vous brandissez le spectre d'une « immigration de masse ». Mensonge ! Rappelons les faits : avec 12 % de sa population née à l'étranger, notre pays se situe tout à fait dans la moyenne des pays de l'Union européenne. Vous pointez aussi la « trop grande place prise par l'immigration familiale ». Mensonge ! Les faits, enc...
Vous décrivez l'accord franco-algérien comme « extrêmement favorable ». Mensonge encore – et même contresens historique. L'accord de 1968 a précisément été signé pour encadrer l'immigration algérienne. Il s'agissait alors d'une volonté partagée par les gouvernements du général de Gaulle et du président Boumédiène. Par certains aspects, cet acc...
Surtout, un fossé sépare les dispositions théoriques et la réalité vécue par des dizaines de milliers de gens dans les consulats et les préfectures : dossiers impossibles à déposer en ligne, rendez-vous impossibles à obtenir, blocages administratifs sans fin.
Lors de mes permanences parlementaires, je reçois semaine après semaine des familles franco-algériennes déchirées. Elles ne parviennent même pas à obtenir un visa de court séjour pour un grand-parent qui veut voir ses petits-enfants pendant les vacances.
Voilà la réalité ! Vous parlez d'un « droit automatique à l'immigration » : c'est un délire, pur et simple ! Au fond, vous savez sans doute tout cela, comme vous savez sans doute que votre texte est aussi inconséquent qu'incantatoire. Il est inconséquent, car, selon le Conseil d'État, dénoncer l'accord franco-algérien de 1968 pourrait conduir...
Votre texte est également incantatoire car, même si notre assemblée venait à le voter, il ne pourrait constituer une injonction à l'égard de l'exécutif. Seul le Président de la République a le pouvoir de dénoncer cet accord bilatéral.
S'il le dénonçait unilatéralement, comme vous le souhaitez, il violerait le droit international et discréditerait la parole de la France.
en espérant en tirer on ne sait quel bénéfice électoral inavouable. Vous tournez le dos à l'histoire et à l'honneur de votre famille politique, celle du gaullisme, pour courir après le Rassemblement national. Quel cynisme ! Quelle démagogie !
Vous n'êtes pas les seuls dans cette assemblée à faire ce calcul sordide. D'autres, sur les bancs de la majorité présidentielle,
vous disputent la palme et voteront peut-être aujourd'hui avec vous. Honte à vous ! Les conséquences de vos paroles sont graves !
Elles alimentent le climat anxiogène, le racisme et l'islamophobie qui étouffent notre pays. Elles font le jeu de l'extrême droite en accréditant ses thèses. Qui en paie le prix ? Les étrangers, les binationaux, et, plus largement, nos concitoyens issus de l'immigration.
Ce sont ceux qui subissent la violence d'une administration qui restreint et piétine leurs droits, celle d'une stigmatisation permanente et d'une discrimination systémique…
…et, désormais, celle de groupuscules racistes qui se livrent à des expéditions punitives que vous ne parvenez même plus à condamner, si ce n'est du bout des lèvres. « C'est l'État qui se pense lui-même en pensant l'immigration » écrivait le grand sociologue franco-algérien Abdelmalek Sayad.
Deux façons de penser la France et l'immigration s'offrent à nous. Une France républicaine, fidèle à ses principes universalistes, qui sait regarder son passé en face et s'ouvrir à l'avenir : c'est la nôtre ;
ou une France rabougrie, hantée par de vieilles rancœurs et effrayée par des lubies racistes : c'est celle que vous défendez avec ce texte et que nous rejetons ! C'est pourquoi nous voterons contre cette proposition de résolution.