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Souveraineté alimentaire et renouvellement des générations en agriculture — Texte n° 2436

Amendement N° CE3051 (Irrecevable)

Publié le 26 avril 2024 par : Mme Pochon, Mme Belluco.

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Après l’article L. 654‑3‑2 du code rural et de la pêche maritime, il est inséré un article L. 654‑3‑3 ainsi rédigé :

« Art. L. 654‑3‑3. – Un abattoir paysan est un abattoir dont la gouvernance garantit une place décisionnelle majoritaire et directe aux agriculteurs du territoire, exerçant une activité d’élevage, qui en sont utilisateurs.

« Il s’approvisionne en animaux issus du bassin d’élevage dans lequel il est situé. Les animaux y sont acheminés directement depuis des exploitations agricoles, sauf exceptions précisées par décret concernant les structures collectives de regroupement ou d’acheminement des animaux, dont le périmètre d’activité ne dépasse pas le bassin d’élevage.
« Les viandes issues d’un abattoir paysan sont destinées à l’approvisionnement des filières territorialisées et aux circuits courts. Un abattoir paysan respecte un tonnage annuel maximum et une cadence d’abattage maximum garantissant la protection des animaux et des conditions de travail adaptées, précisées par décret.
« Les modalités d’application du présent article sont définies par décret. »

Exposé sommaire :

L’objectif de cet amendement est de donner une définition législative des abattoirs paysans,

afin de doter la puissance publique d’un outil pour piloter son action dans ce domaine et

d’impulser l'adaptation de la réglementation actuelle aux moyens et spécificités de ces

abattoirs – tel que le permet la réglementation européenne. Et ce, tout en respectant les

mêmes exigences en termes de sécurité sanitaire, d’hygiène, de protection animale et de

protection de l’environnement que la réglementation générale sur les abattoirs.

En effet, la France compte environ 230 abattoirs d'animaux de boucherie, soit 18 fois moins qu'en Allemagne, 13 fois moins qu'en Autriche ou encore 7 fois moins qu'en Italie. Il existe ainsi un abattoir pour 70 000 unités gros bétail élevées en France, contre un abattoir pour 1 000 à 10 000 unités de gros bétail élevées en Allemagne, en Autriche ou en Italie.

Face au manque de solutions d'abattage, de nombreux éleveurs et éleveuses se sont

mobilisés pour maintenir en place des abattoirs ou en créer de nouveaux. Il peut s'agir de la

reprise d'abattoirs fixes menacés de faillite ou en faillite (ex : Le Vigan dans le Gard, Guillestre dans les Hautes-Alpes, Rostrenen dans les Côtes d'Armor), de la création de nouveaux abattoirs fixes (ex : Saint-Auban l'Ouvèze dans la Drôme), ou encore de la création d'outils d'abattage mobile ou semi-mobiles – qui est à l'étude dans une vingtaine de territoires depuis l'expérimentation sur les abattoirs mobiles instaurée par la loi du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite « loi EGALIM 1 ».

La participation des éleveurs et éleveuses à la gouvernance, voire au fonctionnement des

abattoirs, permet une meilleure adéquation de l'offre d'abattage avec les besoins exprimés

sur le territoire (en particulier pour l'approvisionnement des filières territorialisées et des

circuits courts) et une réappropriation par les éleveurs et éleveuses de cette phase ultime de

l'élevage qu'est la mise à mort des animaux. Dans un contexte de très forte concentration de

l'aval de la filière viande (40% des abattoirs ont fermé au cours des 20 dernières années en

France) et de désengagement progressif de nombreuses collectivités des services d'abattage de proximité, la mise en place d'abattoirs paysans constitue une solution d'avenir pour les territoires d'élevage. On assiste actuellement à une nouvelle phase de concentration de l'abattage par les groupes agro-industriels sous le double effet d'une baisse du nombre d’animaux à abattre et d'une hausse des cours des animaux vivants.

L’absence de reconnaissance des spécificités de ces abattoirs, gérés par et pour les éleveurs et éleveuses, les met en difficulté, tant au niveau de la reconnaissance de leur rôle pour les territoires que pour la mise en œuvre de réglementations adaptées telles qu’elles existent dans de nombreux pays européens (Danemark, Slovaquie, Estonie, Espagne, Grèce, République tchèque...).

Cet amendement a été travaillé avec la Confédération paysanne

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