Publié le 13 octobre 2023 par : M. Peytavie, Mme Garin, Mme Rousseau.
« I. – Après l’article L.5124-2, insérer l’article suivant :
« Article L5124-2-1. – Les pharmacies d’officine, adressent à l'agence mentionnée à l'article L. 5311-1 du présent code et au comité économique des produits de santé, au plus tard le 31 mars de chaque année, une déclaration contenant le bilan des émissions de gaz à effet de serre des livraisons réalisées au cours de l'année civile précédente pour chaque médicament, produit de santé, dispositif médical et dispositif médical de diagnostic in vitro commandé.
Chaque année, un objectif de réduction de l’empreinte carbone propre à la livraison de médicaments et produits de santé pour les pharmacies d’officine est fixé par décret en Conseil d’Etat. Ce taux prend en compte la taille de la pharmacie. »
II. – Les modalités d’application du présent article, notamment celles concernant la remise de la déclaration des émissions de gaz à effet de serre, sont définies par décret en Conseil d’Etat. »
Le présent amendement du groupe Ecologiste propose que les pharmacies d’officine remettent chaque année un bilan annuel des émissions carbone liées aux commandes et livraisons de médicaments et produits de santé. Elles doivent également répondre à un objectif annuel de réduction de l’empreinte carbone des livraisons. Cet amendement de repli propose cependant de ne pas assortir, pour l’instant, cette obligation de sanctions.
Les émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé représentent plus de 49 millions de tonnes de CO2, soit 8% de l’empreinte carbone en France. La production et l’usage des médicaments et les dispositifs médicaux sont responsables de 55% de ces rejets de CO2.
Le secteur du transport des médicaments, sujet à dérégulation depuis plus de 15 ans au profit des laboratoires pharmaceutiques, a, lui aussi, sa part de responsabilité dans les émissions carbone affiliées au secteur de la santé. La Sécurité Sociale finance les transports de médicament à hauteur de 7% de la valeur du médicament pris en charge, soit 1,5 milliard d’euros.
L’acheminement des médicaments et produits de santé aux pharmacies d’officine s’effectue aujourd’hui par trois canaux différents :
-les grossistes-répartiteurs : intermédiaires « historique » entre les laboratoires pharmaceutiques et les pharmacies. Ils ont des obligations de services publics, telles que celle de livrer tous les jours.
-les dépositaires des laboratoires : ils prennent les commandes au nom des laboratoires et livrent les pharmacies
-les laboratoires qui expédient directement aux pharmacies, sans intermédiaires.
La libéralisation du secteur des transports de médicaments, accélérée ces dernières années, a entraîné une augmentation croissante du trafic routier lié à la livraison de médicament.
Alors que l’accélération du changement climatique impose des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les domaines, le secteur des médicaments, et plus particulièrement celui de l’acheminement vers les pharmacies, ne fait preuve d’aucune régulation environnementale.
Le secteur du transport de médicaments représente chaque année 180 millions de kilomètres pour les seuls grossistes-répartiteurs. La politique de zéro stock sur toute la chaine de distribution est un frein à toute réduction de l’empreinte carbone, n’étant possible que par la multiplication des livraisons de petites commandes. Elle réduit, de fait, la capacité des acteurs à amortir les pénuries de médicaments au niveau de la production.
Alors que nous avons connu l’été le plus chaud jamais enregistré, nous devons accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport des médicaments. Ainsi, la réduction de l’empreinte carbone de 30% dans le transport d’ici 2030 doit également s’appliquer à la distribution administrée du médicament.
Dans cette optique, le groupe Ecologiste propose une série d’amendements visant à atteindre cet objectif, en contraignant ou incitant aussi bien les entreprises dédiées à la livraison que les pharmacies à réduire les émissions carbones liées au transport de médicaments, et ce, dans une logique alliant sobriété et réduction du risque de pénurie.
Le présent amendement propose ainsi que les pharmacies d’officine déclarent chaque année à l’ANSM le total des émissions carbone liées aux commandes et livraisons de médicaments et respectent des objectifs annuels de réduction de l’empreinte carbone.
Tel est l’objet du présent amendement.
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