Intervention de Charles de Courson

Séance en hémicycle du mardi 14 novembre 2017 à 21h45
Projet de loi de finances rectificative pour 2017 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de Courson :

En effet, d'après le rapport de l'IGF, le coût maximal de l'annulation est de 9,9 milliards d'euros, soit la totalité des sommes versées par les entreprises – hors intérêts moratoires, dont le taux est, je vous le rappelle, de 4,8 %. En tenant compte de ces intérêts, qu'on peut estimer à un peu moins de 1,5 milliard, le coût atteint 11,4 milliards. Les chiffres que je vais vous donner figurent dans la comptabilité générale de l'État au titre des contentieux fiscaux. À la fin du mois d'octobre 2017, on dénombrait 6 388 demandes de remboursement pour un total de 7,9 milliards, auxquels s'ajoutent 950 millions d'intérêts moratoires, soit 8,85 milliards. On peut raisonnablement penser que, si les directeurs financiers des entreprises concernées sont cohérents, les 2 milliards non encore réclamés le seront très rapidement du fait de la publicité figurant dans toutes les revues spécialisées en matière fiscale.

Deuxième question : la création de deux nouvelles taxes est-elle cohérente avec la politique affichée par le Gouvernement ? La réponse est clairement non. Le Gouvernement, à juste raison, nous explique qu'il faut baisser le taux de l'IS pour le ramener, en cinq ans, à 25 %, soit à un taux légèrement supérieur au taux moyen actuel en Europe – lequel devrait lui-même baisser, pour ne s'établir plus qu'autour de 20 % dans cinq ans. Il faut aller dans ce sens, car nous sommes le pays européen qui, avec 33,33 %, a le taux d'IS le plus élevé – auquel s'ajoute encore la contribution sociale, ce qui le porte à 34,4 %. Avec les deux nouvelles taxes, les entreprises réalisant un chiffre d'affaires égal ou supérieur à 3 milliards d'euros frôleront les 45 % d'imposition. Vous me direz que cela correspond au taux marginal de l'impôt sur le revenu : vous avez inventé un impôt progressif sur le bénéfice des entreprises ! Dans le même temps, la plupart des pays baissent le taux de leur IS : je vous rappelle qu'en Grande-Bretagne, il est de 20 % et sera ramené à 15 % en 2020 ; aux États-Unis, le projet de Trump est de l'abaisser de 36 à 18 %. Ce qui est assez étonnant, monsieur le secrétaire d'État, c'est que vous fassiez du Brel, un artiste que nous aimons certes tous : « T'as voulu voir la baisse et on a vu la hausse ! »

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