Intervention de Amandine Torresan

Réunion du mercredi 22 mai 2019 à 14h00
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Amandine Torresan, étudiante :

La difficulté majeure, c'est la vision que les gens continuent d'avoir du handicap. Longtemps, on a établi une équivalence entre handicap et déficience. Certes, le handicap est une déficience, mais il peut apporter quelque chose. Je reste persuadée que tous les étudiants qui m'ont côtoyée sont devenus plus sensibles à la question du handicap : en me voyant galérer, ils se sont dit qu'ils ne voulaient pas laisser leurs étudiants galérer comme ça. Mais il y a aussi la réalité institutionnelle qui fait que, parfois, même les jeunes professeurs se découragent devant l'ampleur de la tâche. Il faut faire un travail de simplification pour les parents et de formation pour les enseignants. Par exemple, quand je dis que j'ai une infirmité motrice cérébrale, il n'est pas rare qu'on me demande si cela touche le cerveau. Cette infirmité touche le cerveau, comme son nom l'indique, mais seulement la partie motrice : j'ai toutes mes capacités intellectuelles. Il y a trop d'idées reçues sur le handicap, trop d'étiquettes : c'est contre elles qu'il faut surtout lutter.

Il faudrait aussi que l'administration accepte de reconnaître ses erreurs, quand elle en fait. Mon parcours est ce qu'il est et il a pu m'arriver de faire des erreurs, mais je ne vais pas me mettre à culpabiliser, à regretter de ne pas avoir fait telle ou telle démarche. On est souvent informé trop tard des démarches que l'on aurait pu faire. Quand l'administration commet une erreur, il faudrait qu'elle revienne en arrière et qu'elle répare la blessure qu'elle a causée : au baccalauréat, il y a eu une erreur et on est passé dessus ; au CAPES, j'ai travaillé pendant vingt minutes sur un sujet qui n'était pas le mien et on a refusé, ensuite, de me donner vingt minutes supplémentaires ; il aurait été possible que je fasse mon master 2 et mon stage en deux ans, mais on ne me l'a pas dit à temps et on m'a laissée m'épuiser. Comme dit le proverbe, « Faute avouée est à moitié pardonnée » : ce serait une bonne chose que l'administration reconnaisse ses erreurs et qu'elle ajuste le tir, pour rendre les choses moins difficiles. J'espère avoir répondu à vos questions.

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