Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 11 juin 2019 à 21h30
Mobilités — Après l'article 26

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

En libéralisant la livraison de colis, nous avons multiplié le trafic routier ; le développement du e-commerce a encore amplifié ce phénomène, et nous voyons aujourd'hui la camionnette de La Poste croiser celle d'Amazon, et des nombreux autres opérateurs privés qui travaillent à leur service. Nous en arrivons à des situations totalement aberrantes, avec une surconsommation tout à fait inutile de pétrole, et des émissions de gaz à effet de serre tout aussi inutiles. Et les aires urbaines sont congestionnées ! Bref, le phénomène de gaspillage est évident. La livraison à domicile, notamment sur le dernier kilomètre, donne lieu à des phénomènes ubuesques : la libéralisation se traduit par un gaspillage désinvolte que nous ne saurons pas expliquer à nos enfants. Comment leur expliquer que des colis qui pèsent parfois quelques dizaines ou quelques centaines de grammes sont transportés sur des dizaines de kilomètres ou suscitent des bouchons à l'entrée des villes ou dans des rues commerçantes ?

Il nous faut revoir ce dogme de la libéralisation de la logistique du dernier kilomètre. Nous ne pouvons pas le faire au niveau national, pour des raisons de droit européen évidentes, mais nous suggérons d'inscrire dans la loi un dispositif qui serait à la disposition des collectivités. Vous allez me répondre, je le sais, que les maires, les communautés de communes… ont déjà la possibilité d'agir. Mais ce serait un article volontariste : nous voulons afficher notre ambition de façon plus claire et plus explicite.

Pour des raisons pratiques, notre amendement autorise les communes de plus de 10 000 habitants à désigner un opérateur unique – La Poste, ou un autre – pour le dernier kilomètre de livraison ; mais l'amendement pourrait être rectifié et ce seuil modifié, par exemple pour mentionner toutes les communautés de communes de plus de 15 000 habitants.

Ce qui souffrirait, bien sûr, c'est ce caprice d'être livré dans la demi-journée ou dans les heures qui suivent la commande ; mais si l'on est un peu raisonnable, si l'on a conscience du péril climatique qui nous menace, alors c'est une économie qui peut facilement être faite. Comme pour les vols aériens concurrents des TGV, comme pour les SUV, comme pour d'autres petits luxes que nous avons dénoncés ici, il n'y a aucune excuse pour refuser d'agir ! Si l'on veut demander des efforts aux plus fragiles, les pratiques les plus désinvoltes doivent être corrigées.

Je souhaiterais que ce monopole sur la livraison du dernier kilomètre soit attribué à La Poste ; mais, pour des raisons de droit de la concurrence, je comprends qu'il faut laisser la liberté de choix aux acteurs. Mais cette mesure me paraît comporter de multiples avantages.

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