Intervention de Julien Aubert

Réunion du mercredi 27 juin 2018 à 21h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Cette discussion mêle des amendements qui ne sont pas de même nature. Il y a pour moi une différence évidente entre l'amendement de M. Molac, qui vise à supprimer la mention de la langue française comme langue officielle, et d'autres amendements, qui proposent plutôt de développer les langues régionales.

Comme cela a été dit, le problème, ce sont les moyens et l'ardeur que met l'État au service de la protection et du développement de ces langues. Ce n'est pas parce que l'on aura modifié la Constitution que cela changera les politiques publiques.

Je ne peux pas ne pas critiquer l'argumentation de M. Molac qui nous a expliqué que la proclamation d'une langue officielle revenait à ethniciser la République. C'est parfaitement faux : les Africains parlent français ; le français n'est pas la langue d'une ethnie. En revanche, il ne faut pas confondre le multiethnique et le multiculturel. Effectivement, la langue est l'expression d'une culture et l'on peut considérer que nous partageons une partie de notre culture avec les pays francophones.

République vient du latin res publica, chose commune. Si nous ne sommes plus capables d'avoir quelque chose en commun, à commencer par la langue qui nous permet d'échanger, que reste-t-il de la République ?

D'un vièi pople fièr e libre Sian bessai la finicioun – D'un ancien peuple fier et libre Nous sommes peut-être la fin – dit l'hymne provençal Coupo Santo. De fait, de tels amendements signeraient peut-être la fin de la République. Je vous mets en garde contre la volonté de breveter ou de labelliser les langues régionales. En Provence, un débat dure depuis 1905, qui voit s'affronter ceux qui pensent qu'il n'y a qu'une langue d'Oc et ceux qui distinguent deux graphies et deux parlers, le mistralien et la norme classique. Donner un statut à telle ou telle langue régionale supposerait d'entrer dans des détails linguistiques fort compliqués. Ces amendements constituent une atteinte à la République et à l'unicité de la nation, ils sont très dangereux.

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