Intervention de Jean-Baptiste Moreau

Réunion du vendredi 25 mars 2022 à 9h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Baptiste Moreau :

Monsieur le ministre, je m'associe à votre soutien au peuple ukrainien. Le plus important éleveur de porcs d'Ukraine, à l'est du pays, est parti se battre, après avoir mis sa famille à l'abri, ouvert les portes des stabulations pour libérer ses bêtes et brûlé ses tracteurs afin d'éviter qu'ils ne tombent aux mains des Russes. J'ignore où il est à présent, mais je pense souvent à lui.

Vous l'avez dit, la guerre en Ukraine provoquera des déséquilibres importants dans la production agricole et au niveau alimentaire, ce qui entraînera à coup sûr des déstabilisations géopolitiques majeures au Proche-Orient, au Moyen-Orient et au Maghreb. L'Europe doit être capable non seulement d'assumer sa souveraineté alimentaire – il y a là peu d'inquiétudes – mais aussi d'éviter des troubles en cascade. La libération des jachères, pour laquelle vous œuvrez depuis un mois, permettra notamment d'augmenter la production française et européenne, ce qui était une demande forte et une nécessité impérieuse.

De façon plus prosaïque, des inquiétudes s'expriment en France, notamment parmi les polyculteurs-éleveurs de nos zones intermédiaires. Vous avez évoqué l'ensemble des mesures dont ils bénéficieront, qu'il s'agisse de la baisse de 15 centimes du prix du GNR ou du remboursement de la TICPE. Ils seront, hélas, peu concernés par les aides aux entreprises. Le plan « Alimentation animale » de 400 millions d'euros reviendra principalement aux éleveurs de monogastriques, volailles et porcs, très touchés par la crise car ils dépendent souvent à 90 % des achats d'aliments. Pour ce qui concerne la prise en charge des cotisations, je salue le fait que l'enveloppe passe de 60 à 150 millions d'euros. Dans le domaine de l'élevage, une décapitalisation encore plus forte que celle que l'on a connue depuis dix ans est à craindre. Dans les zones intermédiaires, la culture de céréales devient beaucoup plus rentable que l'élevage, malgré la hausse du prix des engrais. Même s'ils ont augmenté, les prix de vente de la viande, notamment bovine, ne sont pas à la hauteur des coûts de production d'avant la crise, ni a fortiori, des coûts actuels.

Les polyculteurs-éleveurs, autonomes à 90 %, dépendent assez peu de l'importation et de l'achat d'aliments. En revanche, bien davantage que la moyenne des autres éleveurs, ils ont besoin des carburants et des intrants. Confirmez-vous qu'ils seront éligibles aux dispositifs d'aide, notamment à la prise en charge des cotisations ? Des mesures spécifiques sont-elles prévues ?

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