Intervention de Francesco Bonfiglio

Réunion du jeudi 22 avril 2021 à 14h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Francesco Bonfiglio, directeur général de l'association internationale sans but lucratif GAIA-X :

Nous sommes sur le point de créer un troisième comité intitulé business and data spaces committee. Il est important de préciser que, si GAIA-X AISBL constitue une association organisée de manière traditionnelle, avec une assemblée générale et un conseil d'administration, l'univers de GAIA-X correspond à la combinaison entre cette structure et sa communauté d'utilisateurs.

En parallèle, les premiers hubs GAIA-X nationaux ont été créés en France, en Allemagne, en Finlande, en Belgique et en Italie. D'autres vont être créés dans un proche avenir. Nous devrions disposer de seize hubs de ce type d'ici au mois de juin.

Il en résulte au final une communauté internationale regroupant une centaine de membres qui collaborent pour porter des projets dans leur domaine de prédilection et dans leurs pays respectifs. Ces programmes peuvent être portés dans de multiples domaines (santé, secteur public, agriculture...).

En revanche, GAIA-X n'est pas une instance normative. Certes, cette entité peut bien évidemment proposer aux décideurs des projets de règles et de normes, mais son activité première consiste à définir une nouvelle génération d'architecture de cloud et à la mettre en œuvre à travers des logiciels en open source. Nous rédigeons des codes qui nous permettront de créer cette couche d'intercommunication entre différentes sources informatiques dans un environnement souverain et sécurisé. Il s'agit d'une initiative sans précédent, dans la mesure où nous permettons à tous les membres de GAIA-X, ou à tout type d'acteur souhaitant y implémenter ses services, de bénéficier de cet environnement.

Par ailleurs, nous développons une collaboration très étroite avec les différents hubs nationaux, afin de prendre en compte les spécificités réglementaires et les exigences des différents pays, des éléments qui ne sont jamais pris en compte par les prestataires de service traditionnels dans le domaine du cloud. L'objectif est de permettre aux utilisateurs de renforcer leur capacité à adapter leurs données, afin de créer une communauté de données, de concevoir un nouveau système et de le mettre à disposition des utilisateurs.

GAIA-X n'est pas une société commerciale ou un prestataire de services commerciaux chargé de déployer des solutions. Nous souhaitons conserver notre autonomie et notre indépendance. Notre objectif est que tous les acteurs recourant aux services de GAIA-X mettent en œuvre et implémentent de manière autonome cette couche de cloud fédérée. Concrètement, GAIA-X restera la propriété des utilisateurs, afin de garantir la concurrence et l'ouverture du marché.

Pour répondre aux interrogations nées de la présence de membres non européens au sein de GAIA-X, je veux préciser que les statuts disposent que le conseil d'administration de GAIA-X AISBL peut uniquement accueillir des membres dont la société mère est implantée sur le territoire de l'Union européenne. En revanche, des entreprises de tous horizons peuvent nous rejoindre. Ceci explique pourquoi de grandes entreprises américaines et chinoises font partie du projet. Certes, l'opportunité de les accueillir a fait l'objet de débats. Cependant, j'ai estimé que réunir les meilleurs acteurs du marché du cloud constituait une opportunité extraordinaire, dès lors que la condition de base de leur participation est l'acceptation des valeurs que nous incarnons.

Par ailleurs, la participation de ces leaders mondiaux signifie que nous sommes potentiellement en train de changer les règles du jeu. Je ne veux pas entrer dans les détails techniques, mais il convient de rappeler que tous les hyperscalers fonctionnent sur la base d'un modèle reposant sur la concentration des données : plus les capacités de calcul sont importantes, plus les données captées sont nombreuses, plus les ressources technologiques sont concentrées, plus les services sont efficaces, compétitifs et rentables. Or ce modèle n'est pas le plus approprié pour gérer des données disséminées à travers le monde, un phénomène appelé le far edge computing.

En réalité, les données devraient être stockées et gérées au plus près de leur source, ce qui impose de développer un modèle horizontal et fédérateur. GAIA-X permet de construire un tel modèle auquel chacun devra se conformer. Avec ce projet, l'Europe dispose d'une chance de revenir dans la compétition avec les plus importants acteurs du marché. De ce fait, je pense sincèrement que le cloud aura profondément évolué dans quelques années.

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