Intervention de Dr Olivier Robineau

Réunion du jeudi 16 décembre 2021 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Dr Olivier Robineau, infectiologue au centre hospitalier de Tourcoing, coordinateur de la stratégie Covid long de l'ANRS-Maladies infectieuses émergentes :

Cette question, qui est majeure, dépasse sans doute le sujet de la recherche et sera sans doute davantage développée dans la deuxième partie de l'audition.

Il y a maints niveaux de reconnaissance. Le premier est celui du cercle familial, qui ne comprend pas toujours pourquoi les personnes sont fatiguées alors que les examens ne donnent rien. Il y a ensuite la reconnaissance dans le cercle professionnel : au prétexte que les examens ne montrent rien – malheureusement, tout se sait –, on considère que les personnes n'ont rien. L'un des grands maux aujourd'hui, qui dépasse le seul sujet du Covid, est que l'on considère qu'il faut des examens et des résultats pour diagnostiquer un état pathologique, alors qu'en fait, de nombreux diagnostics ne nécessitent pas de traces biologiques ni d'examens. Cette idée est très répandue dans la population et chez certains médecins.

Le troisième niveau de reconnaissance est celui de la santé publique, avec notamment la notion d'affection de longue durée (ALD). La difficulté vient de ce qu'il faut se demander à partir de quand on doit réorienter les personnes dans leur vie professionnelle ou leur proposer une prise en charge à 100 %. Il faut discuter de cela avec des médecins experts, car il y a probablement une différence d'appréciation entre les médecins du travail et ceux de la sécurité sociale quant à la prise en charge de ces patients. Il faut former le personnel médical – médecins généralistes, hospitaliers ou de sécurité sociale – à cette pathologie du Covid long, mais leur intérêt manifeste est d'ores et déjà un point très positif. Ainsi, les « réponses rapides » de la Haute Autorité de santé ont été lues par de nombreux médecins : une étude évoque le chiffre de 15 à 20 %, ce qui peut paraître peu mais est en réalité très important – on dit qu'un consensus médical met dix ans à entrer dans les pratiques. L'intérêt pour le sujet est là, et avec des lectures et de l'information, la reconnaissance suivra. Je n'aborderai pas en revanche les questions juridiques telles que celle de l'ALD, qui ne sont pas de mes compétences.

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