Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mardi 18 janvier 2022 à 17h20
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Tout le monde l'a dit, le ministre est sympathique, à l'écoute. Il aime le dialogue et il a soutenu la proposition de loi de mon groupe sur la question des retraites. Il est suffisamment rare qu'un ministre possède toutes ces qualités pour le souligner. Voilà pour les compliments. Il y a eu de nombreuses choses positives, mais je veux m'attarder sur ce qui reste à faire ou qui ne va pas.

Dans le pays de Bray, dans la petite commune d'Haussez, il restait un atelier laitier : il ferme ces jours-ci. Découragés, les éleveurs abandonnent les vaches pour se tourner vers les cultures. Les prix de l'alimentation du bétail s'envolent. Tout augmente, sauf ce qui sort du pis des vaches : les 1 000 litres de lait se vendent 360 euros, à peine mieux que les 330 euros précédents. Ce n'est pas tenable. Pour inciter les jeunes à s'installer, il faudrait un prix fixé à 400 euros.

Depuis 2017, la France a perdu 250 000 vaches. Notre souveraineté alimentaire dans la filière laitière est très clairement menacée par la décapitalisation du cheptel, qui décourage les vocations au moment où un grand nombre d'agriculteurs partent à la retraite.

Si nous ne mettons pas « un frein à l'immobilisme », comme disait Raymond Barre, les industriels iront demain faire leur marché ailleurs, alors qu'une partie des consommateurs cherchent pourtant à retrouver la qualité d'origine France dans les assiettes.

Un produit est emblématique de la crise du lait et de la dévalorisation de l'élevage, c'est le beurre. On nous dit qu'on manque de beurre ; la tonne de beurre est passée de 3 200 euros à 6 000 euros en un an – les Français l'ont mesuré avec l'augmentation du prix de la galette des rois. Le Président de la République avait affirmé au sortir du confinement que nous devions recouvrer notre souveraineté alimentaire. Mais qui sont les rois de la galette ? Les rois du beurre ! tandis que les éleveurs laitiers n'ont que leurs yeux pour pleurer. Qui a le beurre, l'argent du beurre et le sourire du crémier ? Ce sont les industriels qui se beurrent la tartine, parce que nous attendons toujours une plus juste répartition de la valeur du lait en faveur des éleveurs ; ce sont Danone et Lactalis – celui-là même qui a fait gommer des étiquettes l'origine géographique du lait. Avec la grande distribution, ils organisent le hold-up sur la valeur du lait.

Dans ma région, les éleveurs souffrent. Depuis la dernière crise du beurre en 2017, la production du beurre en France a très peu augmenté alors que la demande est croissante, notamment en Asie. Vous le savez, le sujet est dans l'ADN du groupe GDR : tant que nous n'agirons pas de manière déterminée sur le prix payé aux producteurs laitiers, nous risquerons de voir l'élevage reculer.

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