Intervention de Marlène Schiappa

Réunion du jeudi 21 janvier 2021 à 15h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Marlène Schiappa, ministre déléguée :

Veuillez m'excuser, j'ai dû confondre vos interventions. Nous constatons donc ensemble qu'un problème se pose à ce sujet.

Si j'ai bien compris vos propos, ces médecins – nous avons sans doute consulté les mêmes – vous ont dit établir des certificats de virginité sans vérifier si l'hymen des intéressées était intact ou non. Vous avez d'ailleurs rappelé, à juste titre, que la présence d'un hymen ne garantit pas biologiquement la virginité d'une jeune femme. Ces médecins disent délivrer des certificats de virginité parce qu'ils considèrent, de bonne foi, que ce faisant ils aident les jeunes filles concernées.

J'ai entendu moi aussi ces témoignages mais je ne suis pas d'accord avec le procédé. Je mesure la responsabilité d'un gynécologue ou d'un médecin face à la jeune personne qui est dans son cabinet, en détresse, et qui dit avoir besoin d'un certificat de virginité pour rentrer chez elle. Mais il me semble que la responsabilité du législateur est de fixer des interdits, sans prendre en considération la bonne intention qui peut amener certains professionnels de santé à délivrer un certificat de virginité. « Que se passera-t-il si la jeune fille rentre chez elle sans certificat de virginité ? Ce sera un drame ! », nous expliquent-ils. À mon tour, je pose une question : « Que se passera-t-il si la jeune fille rentre chez elle avec un certificat de virginité ? ». Qu'imagine-t-on qu'il arrivera à la jeune fille rentrant chez elle avec, dans son enveloppe, son petit certificat de virginité, comme un cheval dont on aurait fait vérifier les dents avant de l'acheter ? Croit-on qu'après le mariage, sa dignité de personne humaine, sa liberté et son intégrité de femme seront respectées ? Je ne le crois pas. Il est fondamental d'interdire cette pratique, et donc de pénaliser en sanctionnant y compris les médecins qui délivrent des certificats de virginité. Il faut fixer un interdit clair.

De surcroît, une telle disposition est utile pour les pays qui voient la France comme un modèle en matière de droits des femmes. Si, lors de nos actions de diplomatie féministe, nous pouvons dire qu'il est désormais interdit, en France, de délivrer des certificats de virginité, nous ferons progresser les droits des femmes dans d'autres pays. J'espère avoir répondu aux questions soulevées par l'amendement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.