Intervention de Raphaëlle Bacqué

Réunion du vendredi 15 janvier 2021 à 14h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Raphaëlle Bacqué :

Les professeurs sont ceux qui résistent le plus efficacement. Ils ont été les premiers à donner l'alerte car ils ont été les premiers à être contestés par les parents, mais aussi par les élèves eux-mêmes. Ces alertes ont circulé dès la fin des années 1990 et le début des années 2000, mais elles n'ont pas été entendues par le rectorat pendant très longtemps.

Les professeurs se sont d'abord divisés sur la question de la laïcité et des contestations de leurs élèves. Je pense que beaucoup ont été désarçonnés par les revendications religieuses. Ceux qui ont suivi se sont aussi divisés pour des questions politiques et idéologiques. Nous avons été frappées de voir des professeurs si courageux. Beaucoup de professeurs sont restés longtemps et il n'existe donc pas un turnover du fait de professeurs qui s'enfuiraient après avoir passé deux ans à Trappes. Il y a, au contraire, des professeurs qui se sont investis pendant longtemps et je pense qu'ils ont sauvé plusieurs élèves en les ouvrant à la culture, à l'éducation et au savoir. Ils ont aussi parfois échoué et, pour la plupart des professeurs, le début des départs au djihad a été une terrible démonstration d'échec.

Ces départs sont évidemment une catastrophe pour la ville et pour le pays, mais ils ont eu un bon côté : l'alerte a été donnée à Trappes, ce qui a donné lieu à quelques tentatives pour aider les professeurs. Je pense que nous ne les aidons pas assez et qu'ils restent en première ligne. Ce sont souvent eux qui sont dans des associations et ils n'agissent donc pas seulement à l'intérieur des lycées et des collèges.

Les religieux ont aussi un rôle. Il s'est évidemment produit des dérives au sein de la mosquée, mais il y a aussi eu des religieux qui ont fini par s'inquiéter des évolutions concernant les musulmans, les protestants, les catholiques et le djihad. Ariane Chemin soulignait que la suppression des emplois-jeunes était un problème. Pour une ville comme Trappes, c'est l'assurance que seules les religions prendront en charge le soutien scolaire. Cela peut être très bien fait, mais il est vrai que le soutien scolaire est, la plupart du temps, assumé par l'église, la mission protestante et la mosquée.

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