Intervention de Marc Léone

Réunion du mardi 28 juillet 2020 à 11h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Marc Léone, secrétaire général adjoint de la société française d'anesthésie et de réanimation (SFAR) :

Je n'ai pas eu accès aux chiffres que vous avez évoqués, mais je dispose de ceux fournis par une étude actuellement sous embargo menée dans le cadre du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). Il apparaît que 14 % des 14 000 patients admis en réanimation au cours de la crise de la Covid-19 avaient plus de 80 ans. Dans une autre étude publiée l'an dernier, qui portait sur des patients ayant séjourné dans un service de réanimation en 2013 et qui ont été suivis jusqu'en 2016, ce taux était de 16,5 %. On enregistre donc une légère baisse au cours de la crise. Peut-être les patients atteints par le coronavirus étaient-ils plus âgés que les patients usuels ? Ce n'est cependant pas certain dans la mesure où la déprogrammation d'interventions en chirurgie cardiaque a par exemple écarté de la réanimation une population qui représente une grosse partie des admissions en réanimation chirurgicale.

Je ne pense pas qu'un tri volontaire ait été opéré lors de la crise. Il y a eu à tous les niveaux une rationalisation des admissions, sachant que les patients concernés peuvent eux‑mêmes ne pas être volontaires pour aller en réanimation. Selon une étude menée il y a quelques années sur des patients franciliens résidant en maison de retraite, 80 % d'entre eux avaient déclaré ne pas vouloir être hospitalisés en réanimation en cas de détresse. Améliorer la diffusion sur le territoire des directives anticipées en cas d'aggravation de l'état de santé peut donc constituer une piste intéressante, surtout pour la population âgée. Seuls 6 % des patients en ont rédigé une.

Hormis quelques cas individuels, il n'y a pas eu besoin d'appliquer, en réanimation, des systèmes de priorisation. Quelque chose s'est sans doute produit que l'on mesure mal mais il n'y avait pas de volonté de limiter l'accès à ces services aux personnes âgées. Comme vient de le dire le professeur Bouaziz, l'âge ne signifie rien en lui-même : il s'accompagne en effet d'un contexte et d'éventuelles comorbidités, mais les personnes âgées étant à cet égard les plus concernées, elles peuvent plus souvent ne pas être admises en réanimation.

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