Intervention de Patrick O'Quin

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 11h30
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Patrick O'Quin, président de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) :

J'ai sans doute été un peu trop optimiste, si j'ai donné l'impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous avons bien conscience que tout n'est pas pour le mieux et la preuve en est que le Règlement lui-même évolue. Il est modifié environ six fois par an, précisément pour tenir compte des évolutions que nous apportent les données scientifiques.

En ce qui concerne, « l'effet cocktail », l'évaluation de la sécurité a précisément pour objet de vérifier comment interagissent les différents ingrédients dans le produit fini, tel qu'il est livré au consommateur, pour que ce mélange d'effets ne cause pas de trouble ou de dommage.

Lorsque le SCCS évalue les ingrédients, il évalue l'exposition du consommateur non seulement aux ingrédients cosmétiques, mais éventuellement à d'autres substances. Vous avez vous-même évoqué le problème des déodorants et des sels d'aluminium. Lorsque le SCCS a conclu récemment que l'utilisation des déodorants ne présente pas de risques, même si l'aluminium en lui-même peut présenter un danger, il a évalué l'exposition du consommateur à l'ingestion d'aluminium, à l'absorption d'aluminium par la peau ou par d'autres voies.

Cet « effet cocktail » est donc largement pris en compte, aussi bien lorsqu'il est dû au mélange des ingrédients qu'aux interactions entre cosmétiques et autres produits pouvant intégrer certains ingrédients. Nous ne savons évidemment pas tout. La réglementation et les pratiques évoluent au fur et à mesure des connaissances, bien sûr en prenant de plus en compte des pourcentages de sécurité très élevés.

Nos adhérents sont évidemment très sensibles aux attentes des consommateurs. La cosmétique française est aujourd'hui leader mondial, d'une part, grâce à la qualité et la sécurité des produits, mais aussi parce que nous répondons aux demandes des consommateurs. Les produits biologiques font effectivement partie des demandes, avec une grande ambiguïté : les produits biologiques ne sont pas forcément plus sûrs que les produits « chimiques ». Par exemple, les huiles essentielles ont un potentiel de dangerosité toxicologique et cancérogène qui n'est pas du tout négligeable. Ce n'est pas parce qu'un produit est biologique, qu'il est forcément plus sûr. Nous adhérents répondent à cette attente de produits biologiques avec le souci d'assurer la sécurité des consommateurs.

Nous sommes très à l'écoute des phénomènes qui peuvent avoir lieu à bas bruit. C'est la raison pour laquelle nous avons fortement milité pour la création de la plateforme PEPPER. En effet, la vraie question, actuellement, en matière de perturbation endocrinienne, n'est pas tellement l'existence du risque, lorsqu'un produit est perturbateur endocrinien, mais surtout de savoir si un produit donné est un perturbateur endocrinien. Pour pouvoir le déterminer, il faut un test d'identification. Nous ne pouvons plus faire des tests sur les animaux, au moins en matière cosmétique, et il est évidemment hors de question de faire des tests sur les humains. Il faut que nous ayons des méthodologies fiables, approuvées et scientifiquement irréprochables.

Vous avez fait allusion aux mallettes de cadeaux que les mamans reçoivent à la sortie de la maternité. C'est effectivement un souci, en sachant toutefois que les fabricants sont extrêmement vigilants, non seulement en ce qui concerne les perturbateurs endocriniens, mais aussi toutes les substances qui peuvent, d'une façon ou d'une autre, présenter un risque pour la santé. Vous savez sans doute que la Commission européenne, poussée à réévaluer les substances par un certain nombre d'acteurs, dont les fabricants, a demandé au SCCS de réévaluer des substances soupçonnées de perturbations endocriniennes et utilisées pour la fabrication des cosmétiques. Les trois ou quatre réévaluations déjà effectuées sont toutes négatives. Ainsi, bien que des inquiétudes extrêmement fortes aient existé sur le résorcinol par exemple, les dernières évaluations, qui avaient pourtant ciblé les substances les plus préoccupantes en matière de perturbation endocrinienne, ont été négatives.

Les inquiétudes sont très fortes, il existe de nombreuses substances effectivement dangereuses comme l'alcool. Pourtant, l'alcool est aussi une substance active qui, lorsqu'elle est utilisée de façon correcte, ne présente pas de risque majeur pour la santé et peut au contraire être utile pour lutter contre la covid.

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