Intervention de Didier Guérin

Réunion du jeudi 18 juin 2020 à 14h00
Commission d'enquête sur les obstacles à l'indépendance du pouvoir judiciaire

Didier Guérin, membre du Conseil supérieur de la magistrature, président suppléant de la formation compétente pour les magistrats du siège :

Avoir exercé très longtemps en administration centrale ne m'a pas empêché de me sentir ensuite un juge de plein exercice, mais peut-être faut-il effectivement distinguer les magistrats qui vont administrer la justice et ceux qui vont en cabinet ministériel, car ces derniers font un choix politique. En principe, les magistrats gardent leur identité de magistrat et sont obligés d'en faire état dans l'action qu'ils mènent. J'ai observé au fil des ans un changement de conception des administrations centrales vis-à-vis des cabinets. Autrefois, l'autonomie des directeurs d'administration centrale par rapport au cabinet ministériel était peut-être plus grande, ce qui leur permettait de conseiller utilement les ministres, peut-être plus utilement que s'ils vont systématiquement dans le sens que l'on attend d'eux. Être en poste à l'administration centrale permet d'avoir une conception plus large du fonctionnement de la justice, et je ne pense pas que cela doive susciter une méfiance. Les jeunes magistrats ont une conception du temps très accélérée : au bout de deux ans, après avoir travaillé à la Chancellerie sur quelques projets de textes, ils veulent en repartir, ayant l'impression d'avoir tout donné. Mon point de vue personnel est que lorsque vous commencez une carrière de quarante-cinq ans, vous pouvez prendre un peu de temps pour approfondir le sillon. En toute hypothèse, le CSM ne traite pas différemment les dossiers des collègues d'administration centrale, qu'il s'agisse de faire des propositions à des postes de chef de juridiction ou de donner des avis sur les propositions de sortie.

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