Intervention de Sandrine Mörch

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 15h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mörch, présidente :

Nous avons recueilli les témoignages de nombreux étudiants qui expriment un certain mal-être de se sentir trop seuls et trop peu écoutés, y compris par leurs professeurs. Ils demandaient des rendez-vous psychologiques avec des adultes, pour permettre à ceux qui ont en ce moment besoin d'écoute, qui ont besoin d'échanger, de s'épancher. Cela pourrait-il se faire via le CNED ? Je me fais le relais de la dernière proposition, qui nous a été faite hier par des étudiants. Ils notaient le besoin d'une relation plus forte et plus intime entre l'élève et le professeur du fait de l'isolement.

Que pensez-vous des canaux qui touchent les jeunes, comme les chaînes YouTube ? Ces canaux-là touchent les jeunes, qui en retour s'en emparent. Sommes-nous dans la bonne mouvance et touchons-nous les jeunes par les bons canaux ?

J'ai conduit beaucoup de missions de terrain en Occitanie pendant le premier confinement. Parmi les enfants habitant les logements les plus précaires (bidonvilles, squats, hôtels sociaux), certains sont extrêmement motivés pour poursuivre leurs formations coûte que coûte. Ils sont souvent confrontés à un problème de réseau. Des jeunes en squat sont obnubilés par leur réussite scolaire et professionnelle, et n'y arrivent pas parce que le réseau n'est pas installé dans leur logement. Ces questions sont simples et il faut tenter de les résoudre à tout prix.

L'accompagnement de la parentalité via le soutien scolaire ne constitue-t-il pas une piste ? Le présentiel est une évidence. Mais nous avons réussi à mettre en place la continuité pédagogique et à offrir une mise en appétit vers l'école dans les bidonvilles et dans des baraquements dans des conditions extrêmement difficiles sans eau ni savon. Certes, il est extrêmement difficile de rattraper le retard accumulé, mais l'outil numérique ne pourrait-il pas nous aider, une fois que les enfants sont mis en confiance, à travailler sur les aspects relationnels ? C'est ce que j'appelle l'accompagnement à la parentalité en matière scolaire. Cela permettrait d'épauler les plus fragiles et d'avancer par des moyens innovants. Je pense que le CNED ne fonctionne pas très bien dans les camps de gens du voyage. Pourtant, ce sont des populations qui travaillent beaucoup avec le CNED. Quels en sont les résultats ? Il serait intéressant de tirer des enseignements du manque de ce soutien à la scolarité.

Il existe de grandes disparités entre les collectivités territoriales, et entre les gouvernances en place dans les différents territoires. Cela est valable pour les départements aussi bien que pour les régions. Comment faire quand les collectivités territoriales, qui ne communiquent pas ou qui bataillent politiquement les unes contre les autres, viennent perturber la formidable boîte à outils mise à disposition des jeunes et des associations ? Ces jeunes et ces associations ne réussissent parfois pas à se saisir de ces outils, faute de mode d'emploi, faute de lisibilité et faute d'intelligence collective. La crise nous oblige à nous replacer au cœur de l'intelligence collective. La boîte à outils existe. Avez-vous à ce sujet des préconisations à nous faire d'ici la fin des travaux de notre commission d'enquête ?

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