Intervention de Sarah El Haïry

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 11h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Sarah El Haïry, secrétaire d'État :

Vous avez raison. Les 30 millions d'euros prévus au PLFR 4 s'adressent aussi aux associations employeuses de moins de 10 salariés.

Au-delà de ce soutien financier, un plan sectoriel, doté de 15 millions d'euros, concerne les colonies de vacances. Il ne touche pas exclusivement les associations employeuses, puisque certaines associations organisatrices ne disposent pas d'hébergement ou de structures en dur.

Les associations ont dû aussi faire face à une baisse de leurs effectifs de bénévoles, dont certains ont été moins sollicités pendant le premier confinement et qui font part aussi d'une certaine fatigue dans des secteurs comme la lutte contre la grande pauvreté, les banques alimentaires et les maraudes de rue. La réserve civique permettra d'apporter un soutien.

Je répondrai à M. Reiss, qui demandait comment redonner le goût de l'engagement aux jeunes dans les territoires, que c'est en les valorisant, en les informant, mais aussi en leur permettant de prendre toute leur place. Nous avons ainsi beaucoup travaillé avec les associations de scoutisme – des jeunes qui s'engagent auprès des plus jeunes –, afin de stabiliser les protocoles sanitaires : ainsi, ils ont pu poursuivre leur engagement.

Cela vient en complément des travaux que nous menons avec le ministre de l'Education nationale sur la démocratie à l'école, la place des éco-délégués et la valorisation de l'engagement. Nous travaillons aussi pour que l'engagement soit reconnu, ou tout du moins valorisé dans le brevet des collèges. Ainsi, nous porterons à l'école le message que faire nation, c'est s'engager dans sa ville ou son village. Il n'y a pas de hiérarchie dans les engagements : nous devons accompagner les jeunes à l'école, et en dehors, pour qu'ils trouvent leur voie.

Cela m'amène assez naturellement à la question sur le Service national universel (SNU). Il n'y a eu jusqu'ici qu'une préfiguration du SNU. Mais je crois à ce projet car il est une chance pour les jeunes, en ce qu'il leur permettra de vivre ce qui nous manque aujourd'hui et qui n'existe nulle part : une mixité sociale et territoriale forte. Le SNU a été quelque peu bousculé par la crise et nous n'avons pas pu organiser les séjours de cohésion – hormis en Nouvelle-Calédonie. Ailleurs, les jeunes ont accompli leur mission d'intérêt général avant le séjour de cohésion et les retours sont plutôt bons.

Vous m'avez demandé, Monsieur Juanico, pourquoi ne pas avoir utilisé à autre chose les 63 millions consacrés au SNU. Je pense que le SNU, une fois durablement installé, deviendra une sorte de matrice des politiques de jeunesse, un creuset républicain – les séjours de cohésion, la Marseillaise, la levée de drapeau, l'accompagnement par les adultes et l'identification des besoins en matière de santé et de formation permettent de renforcer le pacte social et de s'attaquer à la première des inégalités : l'accès à l'information.

Les jeunes n'ont pas les mêmes chances : cela dépend de la situation des parents, de l'engagement des enseignants ou encore de la facilité d'accéder au numérique. Il est de notre devoir de leur permettre de disposer de tous les outils, d'avoir toutes les cartes en main, de leur montrer les opportunités. Un rapport m'a estomaquée : un jeune sur deux ne sait pas ce que l'État peut faire pour lui. Demain, le SNU sera le creuset de l'engagement, et il viendra soutenir la vie associative.

Les 5 000 services civiques dédiés au sport sont bien inclus dans les 100 000 missions créées, mais le monde associatif sportif pourra en bénéficier plus largement, dès lors qu'il respecte les règles, comme toutes les associations. Je serai très vigilante sur ce point car l'augmentation considérable du nombre de places pourrait venir ternir ce projet magnifique : nous devons être attentifs à la qualité citoyenne, à la qualité de l'engagement, et veiller à ce que le Service civique ne se substitue pas à l'emploi.

Vous m'avez interpellée sur le fait que les jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville avaient moins bénéficié des « vacances apprenantes ». La mise en place du dispositif, né du premier confinement, a été très rapide. Je salue au passage la qualité de l'engagement et de la mobilisation des élus locaux et des centres communaux d'action sociale (CCAS), qui ont été les premiers à accompagner les familles, mais également des associations d'éducation populaire qui se sont très vite adaptées. Mais oui, nous pouvons mieux faire ! Dans la mesure où le dispositif est maintenu, il faut identifier dès à présent les enfants qui en ont le plus besoin. C'est un projet qui tend vers un idéal de vacances pour tous, de vacances où l'on peut souffler et apprendre.

J'ai demandé à l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche d'enquêter sur la dixième édition des rencontres du réseau jeunes, afin de disposer de tous les éléments permettant de mieux comprendre ce qui s'est passé lors de cette rencontre avec 130 jeunes. Les conclusions de cette enquête devraient me parvenir aux alentours du 15 décembre.

Plus que jamais, nous devons protéger les enfants et éviter que le flou ou les doutes ne s'installent. Une inspection n'est jamais une punition. C'est d'abord la contrepartie d'un agrément jeunesse éducation populaire. Nous confions à plus de 15 000 structures ce que nous avons de plus précieux, nos enfants. Pour ne pas jeter l'anathème, l'inspection générale est le corps le plus objectif pour avoir la mise en lumière la plus complète. J'ai la conviction que c'est le bon chemin. Ne pas chercher à comprendre, c'est considérer que c'est normal. Je m'y refuse.

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