Intervention de François Pelletier

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 11h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

François Pelletier, représentant du Syndicat Solidaires jeunesse et sports (SJS) :

L'EPS ne constitue pas un domaine de prédilection du Syndicat Solidaires jeunesse et sports, mais nous adhérons en très grande partie aux propos exprimés. En effet, les associations sportives avec lesquelles nous sommes en contact, les associations d'éducation populaire et d'animation pour la jeunesse, posent des constats identiques, notamment pour ce qui regarde la pratique sportive – qui s'est tout de même très fortement dégradée – et pour ce qui concerne l'alimentation – qui s'avère complètement désorganisée. Ce constat a été posé chez les enfants et chez les jeunes de façon assez récurrente. Il a conduit les associations à réorienter leurs pratiques, notamment par le biais des outils numériques, dans le sport et dans l'ensemble des autres domaines. Mais ce n'est pas suffisant. Je rejoins les propos précédents relatifs au périscolaire et à la possibilité d'ouvrir davantage de créneaux pour le sport dans ces espaces-là. Pour ce qui concerne la jeunesse, il convient de souligner les efforts d'adaptation des professionnels et des associations.

Vous avez évoqué les « décrocheurs ». Ils requièrent une grande vigilance. Certains décrochent au niveau scolaire, mais pas uniquement. Ils décrochent également au niveau des associations sportives et au niveau des associations d'accueil des jeunes. En règle générale, il est encore très difficile d'estimer et de disposer d'une visibilité objective quant au nombre de jeunes qui ont décroché, mais certains sont éloignés et ont été perdus. Il est nécessaire de mener une véritable réflexion à ce sujet. Des actions ont été mises en œuvre, mais les associations ont encore besoin d'aide, de moyens, d'accompagnement pour être mobilisés, pour continuer à développer ces outils-là, cette créativité, qui leur a permis de rester malgré tout en contact avec de nombreux jeunes. Les associations n'ont ni le temps, ni les finances pour se mobiliser sur des dispositifs trop chronophages ou onéreux.

La commission d'enquête s'intéresse également au handicap. Le sujet est important. Les questions de droit au répit, notamment, se sont avérées complexes pour beaucoup de familles qui accueillent ou ont des enfants en situation de handicap, et auxquelles la possibilité de les confier régulièrement à des associations, dans des lieux d'accueil ou à l'école, permet de disposer d'un temps un peu plus calme. Or, pendant un bon mois, avant que des actions soient mises en place, ces familles n'ont eu aucun droit au répit. Cet état de fait a créé des difficultés énormes qu'il importe aujourd'hui de prendre en compte. Il convient de saluer des initiatives telles que le réseau Passerelle notamment, qui a réussi à mettre des actions en place – en particulier cet été – pour ouvrir à ces familles confrontées aux difficultés du handicap un peu de perspectives et qui a facilité l'accès à l'exercice physique et à la pratique physique des enfants en situation de handicap. L'isolement de ces familles, renforcé dans le contexte actuel, constitue un point de vigilance important.

Cette crise a révélé de fortes inégalités sociales. L'accès au sport et à la pratique sportive en constitue l'une des conséquences. Le sport ne se pratique pas uniquement à l'école : l'ensemble des associations sportives et les lieux d'animation ont un lien avec la pratique sportive. Le sport est également un vecteur d'éducation populaire. Lors du confinement, priorité a été donnée au sport de haut niveau – ce qui a encore plus éloigné les jeunes qui avaient un accès déjà limité à la pratique sportive. Après le confinement, cet écart s'est creusé et nous constatons que le nombre d'adhésions a diminué dans les lieux d'activité, dans les lieux d'animation – notamment pour les jeunes –, en raison essentiellement de l'obligation de respecter les gestes barrières. Les jeunes les appliquent toute la journée dans les espaces scolaires. Le mercredi, le samedi ou pendant les vacances, ils n'ont pas envie de retourner dans un espace de loisirs où ils devront à nouveau appliquer ces gestes barrières. Je ne remets absolument pas en cause la nécessité d'appliquer les gestes barrières mais force est de constater qu'elle constitue une vraie difficulté. L'ensemble de ces éléments favorise l'éloignement et il importe de faire en sorte de le limiter autant que possible.

S'agissant spécifiquement du sport, mais d'autres domaines également, cette crise sanitaire n'a pas réellement créé des problèmes, mais elle a surtout mis en exergue des problèmes déjà existants, des problèmes sous-jacents dans le fonctionnement normal que cette crise a révélés. Parfois, des alertes avaient été posées et ont été ignorées.

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