Intervention de Régis Juanico

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 10h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRégis Juanico :

Aujourd'hui, l'activité sportive représente bien plus que la question de l'épanouissement ou de la santé physique. Le coup d'arrêt sans précédent pour le sport amateur et la vie associative dans notre pays constitue une perte substantielle de relations humaines et de vie sociale. Nous en mesurerons les conséquences dans la durée. Le risque est de sous-estimer ce qui est en train de se dérouler dans le pays. Malheureusement, les moyens financiers mis en face de cette crise que traverse notamment le sport amateur sont nettement insuffisants. Dernièrement, nous avons beaucoup entendu Tony Parker, qui se fait le porte-parole du sport français. Au lieu de s'adresser à Jean-Michel Blanquer ou Roxana Maracineanu, la ministre des sports déléguée, il ferait mieux de s'adresser directement à Bercy. Nous ne sommes pas pris au sérieux dans nos discours. Nous avons interrogé Jean-Michel Blanquer sur la question du sport à l'école parce que, dans le décret gouvernemental, les élèves, à l'école et dans le cadre des activités périscolaires, les personnes en situation de handicap et les malades chroniques figurent bien parmi les publics prioritaires – qui restent malheureusement très faibles – pour la pratique sportive. Si nous comprenons la nécessité de réduire les interactions sociales dans cette période et contrairement à la première période où les écoles étaient fermées, il manque un grand plan d'accompagnement, y compris à l'école et dans le cadre des activités périscolaires pour faire pratiquer plus de sport aux plus jeunes et aux enfants dans la mesure où les clubs sportifs ne peuvent plus assumer cette tâche.

Lorsque j'ai entendu, avant l'été, les discours disant que les clubs amateurs réalisaient des économies, j'ai considéré que nous étions très éloignés de la réalité du pays. Au regard des trois ou quatre millions de licenciés en moins, la part fédérale de 40 euros par licencié correspond à une perte de 150 millions d'euros pour les fédérations. Or celles-ci ne sont pas toutes riches comme les fédérations du football, du rugby ou du tennis. Deux millions d'euros ont été placés dans le fonds de solidarité pour le basketball, dont un million à disposition des clubs, mais seulement 300 000 euros ont été consommés parce que ces dispositifs ne sont pas suffisamment connus. Le fonds d'urgence doit être à la hauteur. Il ne peut pas se situer à 15, 30, puis 50 millions d'euros pour l'ensemble du pays, mais à des montants d'au moins 150 ou 200 millions d'euros, ce qui nécessite véritablement des décisions. Il en va de même pour le mécénat sportif.

Quant au Pass'sport, il est effectivement nécessaire. Il faut créer un chèque sport, c'est-à-dire une mesure d'accompagnement de la reprise de l'activité physique quand celle-ci sera possible. Malheureusement, il subsiste des incertitudes. Nous ne savons pas si nous devrons faire face à une troisième vague en janvier-février ou une quatrième au printemps. Nous devons attendre une diffusion massive du vaccin. Quand ce moment viendra où nous aurons la certitude qu'il est possible de relancer durablement les activités physiques et sportives dans les clubs, il faudra une mesure d'accompagnement de soutien aux familles dans la dépense sportive. Ce chèque sport ne peut pas attendre la rentrée 2021. Nous devons être, tous ensemble – le CNOSF, le CPSF et les élus –, mobilisés sur les questions sportives pour affirmer que cette mesure doit intervenir dès le début de l'année 2021. L'accent n'a pas été mis au moment du déconfinement sur l'activité physique adaptée en mettant des éducateurs au service des clubs pour repartir, d'abord sur l'activité physique de plein air et individuelle, puis sur les sports collectifs et les sports de contact. Il convient de le faire aujourd'hui sur la reprise des activités physiques pour les plus jeunes et les enfants, ce qui passe par l'école, puis par les clubs.

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