Intervention de Marie-Amélie Le Fur

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 10h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français :

Au préalable, je souhaite situer les actions du Comité paralympique, dont l'objectif est d'agir en complémentarité du CNOSF en portant un regard particulier sur notre cible, qui sont les personnes en situation de handicap. Au regard du fonctionnement actuel du sport, il est encore difficile d'identifier véritablement les pratiquants en situation de handicap, notamment dans les fédérations homologues. Les chiffres que nous vous indiquerons sur la situation actuelle proviennent principalement de nos deux fédérations spécifiques, pour lesquelles l'identification de notre public est plus simple.

S'agissant de l'importance du sport pour les personnes en situation de handicap et, indirectement, de cet effet de la sédentarité que nous vivons actuellement en raison de la crise sanitaire, aucun effet du sport sur le recul du handicap en lui-même n'est prouvé. En revanche, de nombreuses études démontrent que la pratique du sport dès le plus jeune âge permet de mieux vivre avec son handicap et de mieux le comprendre. La personne est soumise à un niveau de fatigabilité moins important en raison de tous les gains musculaires et cardiovasculaires entraînés par la pratique sportive régulière. Les gestes du quotidien sont ainsi facilités pour la personne en situation de handicap. Tous ces effets positifs doivent être ajoutés aux autres effets, que sont les effets psycho-sociaux interpersonnels et de réduction de l'isolement social, dans le cadre de la pratique sportive et notamment dans un cadre fédéral. Pour ces raisons, la situation actuelle nous inquiète énormément.

Au 31 octobre, les deux fédérations spécifiques enregistraient un net recul des licences. La Fédération française handisport se situe dans les taux présentés par le président Masseglia, c'est-à-dire un taux de recul de prise de licences de 18 %, là où la Fédération française du sport adapté présente un recul à hauteur de 70 % des prises de licences. Cet arrêt du sport pour les personnes en situation de handicap est assez fortement marqué dans les collaborations que ces fédérations connaissent avec le secteur social et médico-social. Actuellement, ces collaborations ne peuvent plus s'organiser pour favoriser les pratiques sportives mises à disposition des personnes en situation de handicap. A l'impact financier pour les clubs, s'ajoutent la réduction des partenariats et le fait de ne plus pouvoir organiser, dans le contexte actuel, des championnats, qui constituent des recettes complémentaires pour l'ensemble des clubs sportifs – que ceux-ci accueillent ou non des personnes en situation de handicap.

Dans le secteur du sport handicap, le public jeune n'est pas le public le plus aisément captif pour la prise de licence. En effet, dans nos fédérations spécifiques, les jeunes – c'est-à-dire les moins de vingt ans – représentent seulement un quart des licences, tandis que la proportion se révèle plus importante dans les fédérations accueillant un public valide. Ce public jeune s'avère complexe et difficile à capter au regard des freins mis à la pratique sportive en situation de handicap, et notamment le poids de l'écosystème qui entoure le jeune en situation de handicap dans sa pratique. Nous pouvons considérer que le poids de la crise sanitaire sur le secteur médical et la vie des parents freine encore plus la pratique de ces jeunes en situation de handicap, bien que je ne dispose pas actuellement de chiffres sur lesquels m'appuyer pour étayer ce propos. Ensuite, je souhaite nuancer celui-ci dans la mesure où il est important de souligner que le décret paru le 29 octobre n'interdit pas la pratique sportive des personnes en situation de handicap. Malheureusement, entre l'application de ce décret et la réalité, il existe une disparité, dans la mesure où certaines collectivités ne se trouvent pas en capacité de mettre en œuvre cette exception pour les personnes en situation de handicap. Certaines associations peuvent avoir la volonté de ne pas réaliser l'activité au regard du rôle de bénévole et de la responsabilité que représente l'accompagnement de la pratique des personnes en situation de handicap en temps de crise. De plus, pour un club qui accueille en inclusion un, deux ou trois sportifs en situation de handicap, la continuité de pratique n'est pas possible. On ne peut effectivement pas ouvrir une structure, notamment de sport collectif, uniquement pour un ou deux athlètes en situation de handicap. Par conséquent, même si notre public bénéficie de cette dérogation, la réalité sur le territoire est toute autre et nous constatons un arrêt de la pratique des personnes en situation de handicap.

Par conséquent, nous avons besoin de mettre en place des outils pour faciliter la reprise ainsi que la possibilité de continuité actuellement offerte aux personnes en situation de handicap. Cela passe notamment par le Pass'sport, qui constituera un réel soutien pour les familles et les personnes en situation de handicap. Ces dernières se trouvent majoritairement dans des foyers qui présentent des difficultés financières. Cet accompagnement via le Pass'sport serait une aide pour faciliter la pratique des personnes en situation de handicap.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.