Intervention de Marie-Louise Kuntz

Réunion du jeudi 29 octobre 2020 à 10h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Marie-Louise Kuntz, vice-présidente du conseil départemental de Moselle, déléguée à l'insertion, à l'emploi et à la protection de l'enfance :

Le département de la Moselle compte un peu plus d'un million d'habitants, et 1 750 enfants mineurs lui sont confiés, dont 250 dans le cadre du placement à domicile. Nous avons aussi 400 mineurs non accompagnés qui ont été pris en charge après évaluation, 200 mesures d'AED, 1 700 mesures d'AEMO, et 3 737 informations préoccupantes. En septembre, nous avons été auditionnés par la Commission Labazée et le 5 octobre, nous avons signé avec Adrien Taquet le document venant contractualiser pour nos activités de protection de l'enfance.

La crise sanitaire a nécessité l'aménagement et l'adaptation des services et des modalités d'accompagnement des enfants et familles. Notre centre départemental de l'enfance a accueilli 350 enfants qui ont été confinés. Compte tenu des absences parmi le personnel, nous avons lancé un appel à l'Institut régional du travail social (IRTS), et nous avons obtenu l'appui de jeunes de l'IRTS, venus prêter main-forte à nos salariés.

Les 256 assistants familiaux et les 337 enfants qui leur sont confiés n'ont pas rencontré d'importantes difficultés, malgré nos craintes. Nous avons pu apporter une aide importante aux familles d'accueil d'enfants porteurs de handicaps, puisque les IME et les ITEP étaient fermés. Des contacts téléphoniques ont été pris régulièrement, et la relation avec la justice est restée bonne – nous n'avons pas noté d'augmentation des placements. Nous avions identifié certains parents pouvant rencontrer des difficultés ponctuelles, et qui pouvaient avoir besoin de souffler : un accord avec les crèches de différentes communes du département avait été pris en ce sens, pour permettre l'accueil des enfants qu'ils suivent en cas de besoin – à l'instar du dispositif mis en place pour les enfants des professionnels de santé ou de l'éducation nationale.

Le tableau de suivi des informations préoccupantes (IP) n'a pas enregistré d'augmentation massive dans la période, et celle-ci nous a finalement permis de traiter les 180 IP qui étaient en retard.

Je précise que ce sont 36 étudiants de l'IRTS qui sont venus nous épauler, au sein des MECS ou du centre départemental de l'enfance. Grâce à un appel à projets d'EDF auquel nous avions répondu, nous avons bénéficié de cent ordinateurs portables, mis ensuite à disposition des enfants du centre départemental de l'enfance. Les travailleurs sociaux, initialement un peu réticents à l'idée d'un fonctionnement par douze heures consécutives, ont finalement fait le constat d'un bon fonctionnement, dans l'ensemble ; il semble que vis-à-vis des enfants, les douze heures complètes étaient parfois un plus. Ce personnel a fait preuve d'une très grande innovation, et des petits films réalisés autour de ces actions ont été présentés à Adrien Taquet lors de sa venue. Y figuraient notamment des actions des enfants, faisant part de leur ressenti par rapport à ce virus.

Concernant les parents, nous avons malheureusement dû stopper les visites. Cependant, pour que le lien ne soit pas rompu, nous avons organisé des appels téléphoniques et en ligne, profitant de la mise à disposition des ordinateurs pour conserver le contact – au minimum une fois par semaine.

Au sein des services éducatifs renforcés à domicile (SERAD), les visites ont été maintenues : les professionnels, étant équipés, ont continué à se rendre à domicile si besoin. Bien entendu, des appels téléphoniques ont été quasi quotidiens.

Globalement, la période du confinement s'est relativement bien passée, et nous n'avons pas connu d'événement dramatique. Bien entendu, cet épisode aura eu de fortes incidences budgétaires, puisque nous avons équipé tous nos travailleurs sociaux en masques, gel et autres matériels nécessaires. Une prime a été versée à l'issue du premier confinement, pour des montants pouvant atteindre 1 000 euros. Les assistants familiaux ont pour leur part reçu 300 euros par enfant, et 450 euros par enfant porteur de handicaps. Quant aux étudiants qui nous ont prêté main-forte, nous avons pris en charge leurs dépenses supplémentaires.

En conclusion, nous avons travaillé en partenariat avec les associations et la justice, mais aussi l'éducation nationale. Aujourd'hui, nous reprenons ce schéma du partenariat et de l'innovation, en sachant que le maintien des écoles ouvertes sera un soulagement. La question se pose en revanche du contexte particulier lié à l'hommage national à Samuel Paty, à quoi s'ajouteront les répercussions éventuelles sur les transports scolaires pour la journée du 2 novembre. Notre préoccupation vient aussi du fait que des agents techniques des écoles (ATE) craignent de reprendre le travail en collèges ; or le nettoyage et les opérations sanitaires doivent être renforcés au sein des établissements scolaires. Quoi qu'il en soit, nous essaierons de faire au mieux, avec une certaine expérience, désormais. Il me semble bon que les enfants puissent retourner à l'école, même si des interrogations demeurent – quel rythme, quelle organisation dans la durée, etc. ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.