Disons les choses simplement : cette motion de défiance ne bloquera rien, mais elle réparera
Il entretient l'idée qu'il serait à lui seul la gauche et la droite, interdisant toute forme d'alternative. Voici donc venu le temps de la clarification.
Ce week-end encore,…
Votre responsabilité est désormais immense.
C'est ce savoir élémentaire que nous opposons à toutes vos certitudes. Vous nous opposez la dette. Mais la seule dette,…
Et parce que ses conséquences sont en cascade : sécurité alimentaire, mouvements migratoires, sixième extinction de masse.
Le désordre, cher collègue, ce n'est pas davantage le chahut dans l'hémicycle ,…
…qui n'est rien en comparaison de la colère qui gronde au-dehors et que les murs épais des palais nationaux filtrent avant qu'ils arrivent à vos oreilles !
Le seul vrai désordre que je connaisse, c'est l'injustice, et c'est celui que vous devez entendre !
Si vous souhaitez trouver des points d'accord avec les socialistes, avec les insoumis, avec les écologistes et avec les communistes, comprenez d'abord que notre raison d'être n'est pas l'abdication devant le capital !
…lorsque l'État agit pour tous et non pas pour le bénéfice de quelques-uns.
Madame la Première ministre, je conclus.
la première faute de votre mandat, une faute liée à la lecture que le Président de la République fait des institutions. Le vote de confiance ne serait que le blanc-seing que sa majorité devrait accorder au Premier ministre. Cette lecture de la Constitution est en réalité une offense à notre vie démocratique.
Nous sommes toutes et tous ici le miroir de la volonté de la nation. Lorsque les Français nous regardent, ils voient représentées les préférences idéologiques de la nation. Et lors d'un vote de confiance, chaque Français retrouve cette part de la souveraineté qu'il nous a confiée en même temps qu'il constate que sa volonté devra composer avec les volontés qui diffèrent de la sienne mais qui, toutes ensemble, forment la souveraineté de la nation. Le vote de confiance, c'est ce moment où la nation prend conscience d'elle-même dans son unité autant que dans sa diversité. Puisque nous avons le pouvoir de vous imposer ce vote, nous le faisons.
Cette motion de défiance aura un grand mérite, celui de sortir du confusionnisme nourri par le Président de la République, qui cite volontiers Jaurès le lundi, de Gaulle le mercredi et même Maurras le dimanche.
Cette motion permettra à chacun de se situer et de faire apparaître une vérité qu'il est inutile de masquer plus longtemps aux Français. Il y a une opposition – elle est là !
– , c'est la coalition de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale.
Il y a une majorité relative – la vôtre, madame la Première ministre. Il y a aussi une majorité tacite, celle que vous formez avec Les Républicains. Et il y a même le risque d'une majorité d'opportunité que vous formerez avec le Rassemblement national.
Vous pouvez hurler, mais ce n'est pas moi qui suis l'auteur des propos de M. Dupond-Moretti, de M. Bayrou, de Mme Calvez et autres, qui ont exprimé une préférence pour l'extrême droite plutôt que pour la gauche !
C'est inédit dans l'histoire de la République ! Vous êtes les premiers à le faire ! Alors taisez-vous, maintenant !
Vous fissurez toutes les digues solides qui, depuis le gouvernement provisoire du général de Gaulle, ont protégé la République du nationalisme.
Cela fait cinq ans que l'eau entrait, goutte à goutte. Vous pouvez crier, mais regardez les 200 voix que vous avez apportées à l'extrême droite la semaine passée !
…lorsque votre ministre de l'intérieur se félicite de s'extraire du champ de la raison pour « parler aux tripes des Français », c'est pour reprendre les propositions de M. Zemmour et de Mme Le Pen. Voilà ce qu'est votre politique aujourd'hui !
Je n'ose croire que pour imposer votre programme, vous empruntiez le choix de la lâcheté. Il est vrai qu'avec le Rassemblement national, vous avez un partenaire facile, trop heureux d'acheter à bas prix sa respectabilité par son abstention.
Si vous vous entêtez à vouloir imposer votre programme au prix de la banalisation de l'extrême droite parlementaire, vous lui ouvrirez les portes du pouvoir ! Derrière chacune de leurs voix, vous ne pouvez ignorer qu'en réalité, il y a un cheval de Troie !
Alors comment faire ? C'est assez simple, au fond. Renoncez au mode de gouvernement qui est le vôtre depuis cinq ans. Jupiter, c'est fini ! Le Président a décidé, le Parlement a ratifié : c'est fini !
Aux contestations populaires, qu'avez-vous opposé sinon votre mépris ? Ce week-end encore, votre lointain prédécesseur à la tête du gouvernement expliquait que sa réforme des retraites était « trop intelligente » ! Il faut en finir avec cette arrogance technocratique qui vous a conduits à penser que vous déteniez le monopole du savoir. Il y a certaines choses que nous savons et que les Français savent. Nous savons que 10 millions de nos compatriotes vivent sous le seuil de pauvreté.
Nous savons qu'il y a beaucoup de Français qui ne vivent plus de leur travail et de retraités qui ne vivent plus de leurs pensions.
Nous savons que l'hôpital public est géré comme une entreprise vouée au profit. Nous savons que l'école ne vise plus l'émancipation de tous. Nous savons que les politiques écologistes continuent de passer derrière vos préoccupations économiques. C'est cela, notre savoir, madame Borne.
…la seule dette que nous ne pouvons pas laisser à nos enfants est la dette écologique, qui ne nous laisse pas le choix parce qu'elle est irréversible !
Ce que nous avons fait contre la covid, ne pourrions-nous pas le faire aussi pour la planification écologique ?
Si vous voulez – je reprends vos mots – « redonner un sens, une vertu au mot compromis », partez de ce diagnostic incontestable. Dites-nous ce que vous êtes prête à abandonner de cette camisole libérale qui vous interdit de prendre les mesures et les bifurcations que le pays attend.
Oui, il faut de nouveaux compromis. Des compromis qui adaptent la France aux nouveaux défis et aux grandes transitions que nous devons entreprendre : écologique, numérique, sociale, démocratique et même géopolitique. À cela, nous sommes prêts.
Mais un compromis ne procède jamais de l'injonction, ni du chantage au chaos. Je vous ai entendue dire que « le désordre et l'instabilité ne sont pas une option ». Mettons-nous donc d'accord : le débat, ce n'est pas le désordre !
Vous vous proclamez à la tête d'un gouvernement d'action. Personne ne vous reproche de ne pas avoir agi pendant cinq ans. Nous vous reprochons d'avoir agi au détriment de toute idée de justice, ce qui est très différent.
Vous prétendez que vous ne voulez pas lever de nouvel impôt. C'est vrai pour les « premiers de cordée », mais vous avez prolongé la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) de neuf ans afin de prélever 121 milliards supplémentaires sur les Français. Vous voulez désormais reculer de trois ans l'âge de la retraite, pour une pension identique ! Or qu'est-ce d'autre qu'un nouvel impôt, un impôt sur ceux qui devront cotiser plus longtemps, un impôt sur la vie de ceux qui exercent les métiers les plus pénibles ?
Nous sommes ici les représentants du travail !
Êtes-vous prête, madame la Première ministre, à porter le SMIC à 1 500 euros ? Êtes-vous prête à faire en sorte que les travailleurs d'Uber soient désormais présumés salariés parce qu'ils sont subordonnés à leur entreprise ?
Êtes-vous prête à faire en sorte que les actionnaires des entreprises ne soient plus les seuls décisionnaires et que les conseils d'administration ne soient plus fermés aux salariés, mais composés à parité de représentants du capital et de représentants du travail ?
Êtes-vous prête à renoncer à n'utiliser l'ambition républicaine à laquelle vous prétendez que comme un argument d'autorité qui permettrait de clore toute forme de contestation ? C'est un contresens absolu. La République n'est pas un monument figé dont vous détiendriez les droits exclusifs ! Elle est une promesse – une promesse jamais totalement accomplie, un horizon qui permet d'avancer vers l'émancipation de chaque individu. Et à chaque fois que cette promesse est vécue comme un mensonge, alors tout s'effondre. La République est vivante lorsque nous progressons ensemble vers plus d'égalité,…
C'est dans ces moments-là que la nation prend corps et que l'unité nationale prend forme.
Je conclus, madame la présidente.
Montrez-nous que vous avez changé ! Montrez-nous que votre pratique du pouvoir…
Vous avez indiqué que vous ne souhaitiez pas commenter les opinions anonymes. Je voudrais pour ma part vous entendre sur une opinion exprimée par le chef de l'État, qui a dit il y a quelques semaines qu'il ne voulait pas humilier Vladimir Poutine. Quelle traduction opérationnelle en tirez-vous ? N'y voyez aucune malice de ma part. Je souhaiterais comprendre la vision que vous développez sur l'issue du conflit ukrainien. Au-delà de ce que nous faisons dans l'urgence et du soutien indispensable au peuple ukrainien, comment imaginez-vous une sortie de crise, qui ne peut pas uniquement reposer sur une base militaire ?
…qui disent exactement l'inverse : il s'agit de toucher uniquement aux salaires de ceux qui en ont le plus besoin.
J'entends ce que vous dites, ainsi que vos incessants rappels au règlement, et je comprends que vous puissiez vous sentir parfois blessés par les paroles de tel ou tel député de notre camp ; mais comprenez aussi que la colère exprimée tout à l'heure par Rachel Keke, c'est une colère qui vient jusqu'à nous par son intermédiaire.
Cette colère, elle n'est rien par rapport à celle qui se fait entendre partout dans les rues de France !
Mais je ne dis pas le contraire ! Je vous ai respectés, jusqu'ici !
J'essaie de vous dire une chose simple et je veux éviter d'élever la voix, mais je peux aussi le faire !