Notre armée de Terre a apporté de nombreuses solutions à la solidarité stratégique avec nos alliés en Europe. L'OTAN représente l'instrument de la définition des normes de la défense collective et de l'interopérabilité des forces en Europe. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, mes homologues européens sont de plus en plus nombreux à parier sur l'OTAN.
Les ambitions de chaque membre sont définies par l'analyse de la réalité de la menace ainsi que par le positionnement des autres alliés.
L'interopérabilité repose sur des questions normatives, mais aussi sur le partage d'une culture commune lors d'entraînements. Des exercices sont donc conduits en commun, et plusieurs alliés ont été invités à participer à Orion en 2023. Enfin, l'interopérabilité s'appuie sur un volet capacitaire. Dans le cadre d'un partenariat noué avec la Belgique, et récemment rejoint par le Luxembourg, l'armée belge se dote, pour sa composante motorisée, d'une brigade « à la française », partageant les mêmes équipements, la même doctrine et la même organisation que nos brigades SCORPION.
Si cette réflexion s'appuie sur notre engagement au sein de l'OTAN, ces outils seront utilisés dans un horizon plus large que celui de cette alliance. Le cadre européen est l'un des moteurs de la coopération opérationnelle. Les opérations menées en dehors du cadre de l'OTAN, ou seulement aidées par l'OTAN, se construisent sur la même base d'interopérabilité. Par ailleurs, le poste de commandement de corps d'armée a la capacité de se transformer en PC de composante terrestre. Si nous souhaitions devenir nation-cadre de la partie terrestre d'une opération où un autre pays serait nation-cadre, ce même poste de commandement pourrait assurer cette fonction, avec une capacité de 10 000 à 15 000 hommes. Ce même outil peut aussi fournir un commandement interarmées pour un niveau d'intervention encore plus réduit.
L'actualité confirme que la capacité « char de bataille » demeure indispensable pour les engagements les plus durs, car elle détermine l'aptitude au combat de rencontre et à la reprise de l'initiative. Il est donc primordial de proposer un successeur au char LECLERC. Nous sommes engagés dans une modernisation permettant aux LECLERC d'être utilisés jusqu'en 2035. Un char nouveau, idéalement franco-allemand, pourrait être construit en 2030. En cas de report de cette échéance, il serait sans doute nécessaire de réexaminer la portée de la modernisation des LECLERC.
Nous sommes satisfaits du rythme de livraison des équipements SCORPION, tant du point de vue des engins que de la colonne vertébrale des transmissions du système de commandement. Cette dernière nous permettra de franchir des jalons de plus en plus ambitieux en matière de combat collaboratif, d'abord grâce au partage d'une situation de référence. Dès la fin 2023, l'atteinte du jalon d'une brigade interarmes SCORPION favorisera les avancées en terme de combat collaboratif. Le combat collaboratif consiste à mettre en réseau les plateformes et les pions tactiques, en valorisant et en organisant leurs échanges d'informations – infovalorisation – à démultiplier les performances de chacun et à apporter de nouvelles capacités collectives. Ainsi, progressivement, le combat collaboratif permettra d'assurer un haut niveau d'auto protection, puis de protection collaborative entre plusieurs engins. Les capacités d'agression collaborative et de tir au-delà des vues directes représenteront les futures étapes de cette avancée majeure pour le combat aéroterrestre. En 2021, un bataillon SCORPION a été déployé au Sahel. La division SCORPION est attendue pour 2025, et devrait être prête à partir au combat en 2027.
Les premières augmentations de crédits de 1,7 milliard d'euros par an de la mission défense dans le cadre de la LPM actuelle nous ont permis de consacrer un premier effort à l'investissement. Les ressources accrues en 2023 serviront à l'acquisition à due proportion du maintien en condition des stocks et des munitions.
La démarche conduite sur l'économie de guerre pour l'acquisition d'équipements convient très bien à l'armée de Terre. Nous souhaitons aussi avancer sur le MCO. Ces deux pans de l'économie de guerre diffèrent toutefois par plusieurs aspects. L'acquisition d'équipements est financée par le programme 146 et relève donc de la direction générale de l'armement (DGA), tandis que le MCO est pris en charge par les armées à travers le programme 178 et la SIMMT (structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres). De plus, le MCO est davantage une question de flux, qui repose, notamment, sur la capacité des industriels à multiplier le volume de leur outil industriel dans des délais parfois restreints.
Monsieur Gonzalez, j'ai abordé la question des munitions. La cohérence doit l'emporter sur le nombre : nos équipements et nos capacités doivent avant tout produire un effet réel.
Les militaires de l'armée de Terre passent en moyenne 140 jours en dehors de leur domicile par an. Il existe des disparités importantes, selon les fonctions et les états-majors.
En 2023, les effets de l'inflation représentent environ 1 milliard d'euros pour la mission défense. Il est envisagé de couvrir cette somme par une augmentation du report de charges de la mission défense. Les crédits du BOP Terre prévoient une gamme d'inflation d'environ 150 millions d'euros, dont la majorité est réputée couverte par le report de charges. Il est difficile de prévoir les effets à plus long terme de l'inflation sur la programmation militaire. La prochaine LPM devra traiter ce sujet avec attention, afin de proposer une programmation suffisamment souple, sans risquer pour autant de la déséquilibrer.
Nous consacrons les effectifs nécessaires au déploiement des capacités cyber. Face à la forte concurrence entre le civil et le militaire pour recruter ces compétences, nous avons fait le choix de renforcer notre formation en interne, constatant que les jeunes que nous formons développent souvent un attachement accru envers notre institution. Le BTS cyber du lycée militaire de Saint-Cyr-l'École ou le bac pro de l'école militaire préparatoire technique de Bourges en sont des exemples.
Sur le SNU, l'armée de Terre a la capacité et le devoir d'apporter sa contribution au développement de la cohésion nationale et de l'esprit de défense de ces jeunes. Elle y participe déjà, comme le montrent les 30 000 à 35 000 jeunes qui s'engagent dans les armées et dans la réserve, ou qui suivent le service militaire adapté ou la préparation militaire.
M. Panifous, l'acquisition de petits équipements était initialement prévue dans la LPM, correspondant au volet « à hauteur d'homme », en vue d'équiper et protéger le combattant. Elle ne vise pas à pallier des cessions à l'Ukraine.
Le dispositif Héphaïstos contribue au dispositif interministériel, sous l'égide du ministère de l'intérieur, de lutte contre les feux de forêt. Très peu mobilisé au cours des dernières années, ce dispositif a fortement été mis à contribution en 2022.