Face à la nouvelle donne géopolitique, la France n'est pas la plus démunie. Elle reste la première puissance militaire de l'Union européenne. Nous disposons de l'arme nucléaire et le budget de la défense se trouve augmenté de plus de 7 %. Je salue cet effort budgétaire. Toutefois, et tous les documents officiels de l'armée l'affichent clairement, en cas de conflit de haute intensité, la France ne se battrait pas seule, mais en coalition. La structure du commandement de l'OTAN est placée sous l'autorité du comité militaire composé des chefs d'état-major de la défense des vingt-neuf pays membres. Dans quelle mesure les armées, et précisément les armées de Terre des pays de l'OTAN, sont-elles capables de travailler ensemble, sur le plan stratégique et technique ?
Le PLF 2023 propose des efforts pour améliorer l'interopérabilité du système d'information de l'armée de Terre à la préparation des forces terrestres, notamment avec les pays de l'OTAN. Dans la vision stratégique du CEMAT (chef d'état-major de l'armée de Terre), vous dites que l'interopérabilité avec les alliés européens est l'une des grandes ambitions de l'armée de Terre et plus largement de l'armée. Au-delà des visions stratégiques et des documents budgétaires, nous devons examiner la réalité des équipements militaires et leur compatibilité. Après des décennies de planification et d'entraînements multilatéraux, les forces armées de l'OTAN ont fait preuve d'un bon niveau d'interopérabilité lors de missions menées dans les Balkans, en Afghanistan ou en Libye. Toutefois, si demain la France était entraînée dans un véritable conflit de haute intensité, l'interopérabilité interalliée serait-elle suffisante ?