Votre main ne tremble jamais lorsqu'il s'agit de reporter sur les individus la responsabilité de l'indispensable transition écologique : « Mettez des pulls, portez des polaires, éteignez les lumières, baissez le chauffage et la climatisation, fermez le robinet en vous lavant les dents… et consommez, c'est bon pour la croissance ! »
Votre main ne tremble jamais non plus lorsqu'il s'agit des entreprises. Vous nous parlez alors de liberté, et vous sortez les grands mots : liberté d'entreprendre, liberté de travailler plus… Sous couvert de libéralisme, vous faites en quelque sorte un keynésianisme d'entreprise – que les keynésiens me pardonnent. Pour les entreprises, tout est bon : pas de taxes pour les plus grandes d'entre elles, qui profitent éhontément de la situation, pas de conditionnalité des aides, même pour celles qui, fortes de leurs profits de guerre, iront en Afrique – oui, en Afrique – détruire et acheter des pans entiers de pays, profiter de la misère pour s'enrichir et polluer abondamment, poussant les populations locales, soudain privées d'eau, de terres et de ressources, à migrer. Suivez mon regard… Elles sont françaises, leur nom commence par exemple par la lettre T, comme Tanzanie, et finit par un L, comme Libye ; entre les deux, vous trouverez écocide, destruction, expropriation et migration. Le nom complet, je vous aide, c'est Total.
Votre main ne tremble donc pas quand il s'agit de conserver un système économique et social qui nous envoie dans le mur. Elle est en revanche prise de tremblements incontrôlables, d'hésitations, de doutes, et finalement de déni quand il s'agit d'enclencher des mesures de politique publique en faveur de la transformation écologique et sociale. Là, soudain, tout devient très compliqué !