Le premier mandat d'Emmanuel Macron a été marqué par la régression écologique. Ce fut un sans-faute : l'État a été affaibli, la France a été condamnée plusieurs fois et aucun objectif n'a été atteint. Pour cette saison 2 du macronisme, vous avez le mérite de la constance. Votre budget crée 120 fois moins de postes pour la transition énergétique que pour les armées et 240 fois moins que pour l'intérieur. Les centrales nucléaires ont l'âge de fermer, mais les moyens pour assurer leur sûreté et les démanteler ne sont toujours pas budgétés.
Votre projet de loi de finances ne prévoit aucun soutien budgétaire au développement des énergies renouvelables (ENR). Or, faute de planification, on a observé un recul de ces énergies entre 2020 et 2021 : la part des énergies renouvelables représentait 22,5 % de l'énergie électrique totale en 2021, contre 24,2 % en 2020. La France n'a qu'un seul parc éolien en mer en exploitation, celui de Saint-Nazaire.
Cette situation est le résultat de décennies de politique de casse industrielle. Je l'illustrerai avec deux exemples, en commençant par le photovoltaïque. Cette filière n'a pas résisté au dumping chinois et à l'absence de mesures protectionnistes. Depuis l'an 2000, la part des panneaux produits en Europe est passée de 30 % à 3 % seulement. La France a perdu 15 000 emplois et la quasi-totalité de sa chaîne de production. En 2018, l'assemblage de modules photovoltaïques de l'entreprise iséroise Photowatt a été délocalisé en Asie.
Le deuxième exemple, c'est la filière de l'éolien, qui a été détruite par Emmanuel Macron. La branche « énergies marines » d'Alstom a été cédée à General Electric, tandis que la branche éolienne offshore d'Areva a été cédée à Siemens. Résultat, on a appris hier la suppression de 570 postes en Europe dans la branche éolienne de General Electric. Le porte-parole de l'entreprise a déclaré : « Au cours des dernières années, l'activité éolienne terrestre de GE en Europe a été confrontée à une volatilité et à des défis importants. » Il a ajouté que « ce plan vise à rationaliser l'activité en fonction des réalités du marché ». Voici donc un représentant patronal qui nous confirme l'échec du marché. En matière d'énergie, vous lui laissez pourtant libre cours, alors que le climat, les travailleurs et les entreprises ont au contraire besoin de planification.
Un projet de loi pour le développement des énergies renouvelables est prévu pour la fin de l'année. Plutôt que de bricoler des mesures d'urgence, notre groupe vous propose d'inscrire dès maintenant dans le budget les moyens d'un développement réel des énergies renouvelables. Nous vous proposerons par ailleurs, au travers de plusieurs amendements, de renforcer les moyens du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) et de l'Ademe, afin de créer les conditions d'une accélération de la mise en œuvre des projets d'énergies renouvelables. Il nous faudra aussi reconstruire des filières industrielles françaises et créer un pôle public de l'énergie. Nous proposerons d'investir davantage dans la recherche, notamment sur l'hydrogène et les énergies marines. Nous proposerons aussi la nationalisation d'un certain nombre d'entités comme Engie, la branche « renouvelables » de TotalEnergies, ou encore GE Energies renouvelables.
Le groupe La France insoumise veut montrer qu'il existe, avec la NUPES, une alternative à ce piétinement du peuple et de la planète. Faisons mieux pour ce budget.