La France ne consacre que 2,2 % de son PIB à la recherche : c'est largement moins que l'effort moyen des pays de l'OCDE et notamment de l'Allemagne, dont le PIB est un tiers supérieur au nôtre. Ce piètre niveau de financement global participe au déclin de la France sur la scène scientifique internationale.
Les crédits consacrés à la recherche en développement durable dans ce PLF ne font pas exception à ce net recul. Ils ne ciblent pas suffisamment la recherche en matière d'innovation énergétique et ne donnent pas aux organismes de recherche les moyens financiers d'affronter la hausse des prix de l'énergie, ce qui met de facto en danger la pérennité de leurs travaux. Comme l'a souligné le rapporteur pour avis, l'augmentation des crédits du programme 190 est un trompe-l'œil : elle ne permet pas de poursuivre les ambitions énergétiques de la France. L'augmentation de 40 millions d'euros des crédits du CEA ne correspond en réalité qu'à un rattrapage du PLF précédent.
Ainsi, l'explosion des coûts de l'énergie menace la production scientifique de la plupart des instituts de recherche. Météo-France connaît une situation alarmante, voyant ses dépenses d'électricité augmenter d'un tiers – elles sont passées de 6 à 8 millions d'euros entre 2021 et 2022 – alors même que l'opérateur a perdu en dix ans 20 % de dotations de l'État et un quart de ses effectifs. Le CEA doit aussi anticiper une facture d'électricité multipliée par trois, portée à 210 millions d'euros. Le travail des instituts de recherche s'inscrit dans la durée : l'absence de visibilité sur les coûts de l'énergie les confronte à un plan de sobriété énergétique susceptible d'entraver leur travail et de ralentir globalement le progrès de la recherche française.
Ainsi, le budget 2023 de la recherche en développement durable ne permettra pas à nos chercheurs de travailler sereinement et à la France, qui fut pourtant un leader ambitieux dans ce domaine, de relever son statut scientifique international.