Madame Rouaux, nous avons alloué 27 millions d'euros au Collectif mentorat. Celui-ci a été créé par huit associations, dont Chemins d'avenirs qui accompagne les jeunes ruraux vers les grandes écoles. Soixante associations y adhèrent et il est bien évident que nous en évaluerons la pertinence. Une mission en ce sens a d'ores et déjà été confiée à l'Injep.
L'enveloppe attribuée au compte d'engagement citoyen est passée de 14 à 5,9 millions. La sous-consommation des crédits précédents s'explique par la lourdeur des démarches administratives. Près de 200 000 volontaires sapeurs-pompiers n'ont pas pu en bénéficier pour cette raison. Mme Marlène Schiappa a saisi le Conseil d'État à ce sujet. Plus le compte d'engagement citoyen sera connu, plus les démarches en seront allégées et plus il sera utilisé.
S'agissant du soutien à la vie associative, rappelons que pas un euro des 27 millions attribués au Collectif mentorat ne tombera dans le secteur privé puisque seules des structures associatives adhèrent à ce mouvement. Le pass'sport bénéficiera d'un soutien de 100 millions d'euros. Les subventions dites « postes Fonjep » sont consolidées. Par ailleurs, le FDVA atteint sa cible puisque 80 % des structures associatives qu'il accompagne sont de petites associations qui comptent moins de deux salariés, voire aucun.
Monsieur Dirx, je soutiendrai votre proposition de favoriser l'intervention des élus locaux au cours du service national universel. Le SNU est aussi un temps de citoyenneté et qui serait mieux placé qu'un élu local pour louer la valeur de l'engagement ? Peut-être parviendrons-nous ainsi à faire évoluer le regard porté sur l'engagement politique et à faire cesser les violences qui s'exercent parfois à l'encontre des élus. Quant au FDVA, la quote-part relative aux comptes bancaires inactifs et aux contrats d'assurance vie en déshérence permettra de le doter de plus de 17 millions d'euros supplémentaires.
Monsieur Sorre, vous avez raison, la citoyenneté s'apprend et se vit, depuis les classes élémentaires jusqu'au service national universel. Le plan « 1 jeune, 1 solution » est crédité de 27 millions d'euros pour 100 000 jeunes, ce qui représente 270 euros par jeune. Or, il faudra parfois davantage pour accompagner un jeune en milieu rural, du fait de l'absence d'infrastructures culturelles à proximité. Plutôt que d'accorder le même montant à tous, nous devons, dans un souci d'équité, cibler les moyens vers les publics plus défavorisés. Concernant le service civique, peu importe le nombre de bénéficiaires. L'essentiel est que les jeunes aient la possibilité de s'engager et de servir dans des structures qui portent l'intérêt général, qu'il s'agisse d'une caserne de sapeurs-pompiers, d'une association ou d'une sous-préfecture.
Monsieur Walter, je suis très fière d'être rattachée à deux ministères, celui des Armées et celui de l'Éducation nationale et de la jeunesse. Que serait l'éducation populaire si nous ne nous donnions pas les moyens d'aller chercher les jeunes les plus éloignés du système éducatif pour partager un temps de mixité ? L'école, tout comme l'armée, le permet. J'ai la chance de travailler sous deux tutelles pour mieux accompagner des millions de jeunes car la moyenne d'âge, au sein de nos armées, est très basse. Je suis heureuse d'appartenir à ce Gouvernement qui a débloqué 40 millions d'euros pour relancer le dispositif des Colonies apprenantes dans le cadre de l'opération Vacances apprenantes, laquelle a permis à 1 million de jeunes de partir. Ce Gouvernement a démocratisé le départ en vacances en accordant une aide financière aux stagiaires qui s'apprêtent à passer le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (Bafa).
Il est important d'évaluer le service civique pour le soustraire aux critiques et à l'opprobre. Le service civique n'a pas vocation à se substituer à l'emploi mais il a permis d'améliorer la situation des jeunes sur le marché du travail puisque leur taux de chômage n'a jamais été aussi bas. À nous de faire évoluer le service civique pour mieux répondre aux attentes mais, d'ores et déjà, l'indemnité a été portée à 600 euros. D'autre part, les jeunes qui ont accompli un service civique bénéficieront d'une aide supplémentaire pour passer le Bafa. Nous avons le souci de valoriser et d'accompagner l'engagement des jeunes dans leur propre territoire.
Monsieur Minot, nous devons reconnaître l'engagement bénévole. Les déclarations ne suffisent plus, il faut passer aux actes. Pour autant, si la proposition de M. Dive est légitime, elle ne serait pas admise par le Haut Conseil à la vie associative (HCVA) en ce qu'elle viderait de son sens l'engagement bénévole. Rien ne nous empêche de réfléchir à d'autres formes de reconnaissance. L'élargissement du bénéfice de la validation des acquis de l'expérience (VAE) aux bénévoles est une avancée, l'alignement du barème des frais kilométriques déductibles applicable aux déplacements des bénévoles sur celui applicable aux salariés en est une autre, sans parler du compte d'engagement citoyen qui gagnerait à être mieux connu. Si nous ne soutenons pas nos bénévoles, nous risquons de les perdre et nous n'aurons plus ensuite que nos yeux pour pleurer la disparition des associations culturelles, sportives, des sapeurs-pompiers volontaires, etc.
Mais avant de songer à accompagner les bénévoles, il faut faire naître dans le cœur de nos jeunes le goût de l'engagement. Vous avez raison, le service national universel est d'abord un projet de cohésion nationale. Il n'est pas vain de faire comprendre à notre jeunesse que nous l'attendons et que nous lui offrons cette chance de vivre un moment de mixité ou de quitter son territoire pour d'autres horizons. Près d'un jeune du SNU sur deux n'avait jamais pris le train auparavant. Ce service nourrit beaucoup de fantasmes. Non, il n'est pas réservé aux classes aisées des villes même si, reconnaissons-le, nous pouvons encore en améliorer la mixité. Les jeunes issus des QPV sont passés de 4 à 7 % – nous pouvons faire mieux. Quant à le rendre obligatoire, la décision appartiendra à la représentation nationale.
Monsieur Croizier, le SNU offre l'occasion de revoir les principes fondamentaux, qu'il s'agisse de la laïcité, de l'égalité, de la lutte contre les discriminations, ou d'expliquer des théories, comme celle du genre. Nos jeunes ne doivent pas se contenter de vivre les uns aux côtés des autres : ils doivent « faire ensemble ». La cohésion s'inscrit et s'écrit par le sport. Le meilleur moyen de créer des liens entre des jeunes qui viennent les uns de Trappes, d'autres de Nantes est de les unir dans un même effort. Alors, seulement, ils s'affranchiront des préjugés et finiront pas être fiers d'appartenir à une grande nation.
Madame Keloua Hachi, nous avons perdu 10 000 délivrances de Bafa en dix ans. Un comité de filière vient d'être installé pour répondre à la crise de l'animation. J'ai voulu qu'il soit présidé par un maire. L'État a prouvé, en versant une aide de 200 euros à 20 000 jeunes pour financer en partie leur formation aux métiers de l'animation, qu'il était prêt à les soutenir. Serait-il pour autant pertinent qu'il prenne en charge l'intégralité de leur formation alors que les jeunes peuvent obtenir une aide de la Caisse nationale des allocations familiales, des conseils départementaux, des conseils régionaux, voire des communes qui parfois accordent leur soutien en échange d'un engagement dans les services municipaux ?
Madame Bellamy, le SNU est fondé sur les valeurs républicaines, au premier rang desquelles l'universalisme ; sa généralisation suppose qu'on aille vers plus de mixité. Il faut certes l'étendre, mais surtout aller chercher ceux qui en ont le plus besoin. Ceux qui plébiscitent le plus le dispositif sont les jeunes issus des classes populaires et les jeunes ruraux, car le SNU leur permet de sortir de leur environnement – leurs parents ne leur paient pas, à eux, des séjours à Brighton pour améliorer leur anglais !
Monsieur Raux, il faut s'interroger sur le niveau de l'indemnité, mais il est certain que le service civique ne peut se substituer à l'emploi – les contrôles que nous exerçons en la matière sont la garantie de son maintien et de sa pertinence. Comment valoriser le service civique lorsque le taux de chômage des jeunes est aussi bas ? Se porter volontaire ne résulte pas d'un non-choix ou d'un second choix. Ce sont bien souvent des jeunes diplômés, qui s'interrogent, qui veulent vivre la mixité et agir pour l'intérêt général. Ils travaillent dans des associations, des collectivités ou des services de l'État, jamais dans des entreprises.
Que vous qualifiiez le SNU de passéiste m'attriste. Il faut voir cette jeunesse fière d'assister au lever de drapeau en compagnie des anciens combattants. Le chemin mémoriel est inclusif, c'est une chance pour tous que de vivre ces grands moments au lieu de laisser faire la reproduction sociale.
Monsieur Peu, vous avez l'habitude de dire haut et fort qu'il faut apporter des réponses aux classes populaires. Les jeunes de Seine-Saint-Denis découvrent peut-être la mixité sociale au contact de jeunes qui habitent dans le 16e arrondissement de paris. Si demain le SNU évolue, on pourra casser les stéréotypes, on ne vivra plus les uns à côté des autres, on sera ensemble dans les dortoirs.
Monsieur Lenormand, vous m'avez interrogée sur la création d'un pass colo. Environ 80 000 jeunes sont partis dans le cadre du dispositif Colonies apprenantes mais ce sont 900 000 jeunes qui ont bénéficié des vacances apprenantes. Nous devons trouver des réponses pour le Bafa, car ce sont les territoires et les habitants qui subissent les conséquences, au quotidien, de cette désaffection pour l'animation.