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Intervention de Jean-Claude Raux

Réunion du mardi 25 octobre 2022 à 17h40
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Raux :

À l'instar de Mme la rapporteure pour avis, nous nous félicitons qu'un budget relativement ambitieux soit présenté pour la jeunesse, le sport et la vie associative. La hauteur des crédits alloués est inédite.

L'effort destiné à soutenir le service civique est le bienvenu, mais il doit être doublé d'une réflexion en vue de son amélioration. Par exemple, l'augmentation de l'indemnité permettrait d'empêcher certaines dérives.

L'enveloppe de 100 millions d'euros prévue pour la reconduction du pass'sport et son élargissement aux étudiants est également une première étape positive. Nous saluons cette décision qui appelle une véritable montée en puissance. Augmenter le montant du pass'sport permettrait de remédier à la précarité d'une partie de la jeunesse : par manque de moyens, de nombreux jeunes se privent d'activités nécessaires à leur équilibre et à leur santé – question pourtant délicate en cette période.

Si le niveau du budget est inédit, la hausse prévue pour 2023 s'inscrit dans la programmation pluriannuelle du budget de l'État. Or le pic sera atteint avec cet exercice, et une décrue est prévue après les Jeux olympiques et paralympiques. Nous appelons à un prolongement de ce niveau de crédits budgétaires au profit de la vie associative, de la jeunesse et des politiques publiques visant au développement du sport pour tous. Faire vivre l'héritage des Jeux, c'est aussi cela.

Néanmoins, le groupe Écologiste ne votera pas, a priori, les crédits de cette mission, considérant qu'ils ne répondent ni à l'urgence climatique ni à l'urgence sociale. Nous ne voulons pas porter avec le Gouvernement la responsabilité de l'inaction climatique.

Par ailleurs, des moyens démesurés sont attribués à des dispositifs que nous jugeons inopérants ou peu probants. Le SNU, notamment, dont les crédits augmentent de 30 millions d'euros, est loin d'être un dispositif émancipateur ou initiateur de sens civique – lequel, d'ailleurs, ne se décrète pas. Le service national universel porte bien mal son nom, du reste, puisqu'il ne concerne que quelques dizaines de milliers de jeunes. C'est avant tout le moyen de faire de la communication, car loin d'être bénéficiaires de cette politique, les jeunes en sont surtout les instruments, au mépris de leur aspiration à l'autonomie. Il traduit une vision rétrograde et passéiste de la jeunesse. Le groupe Écologiste demande donc la réattribution de l'ensemble de ses crédits à des dispositifs plus en adéquation avec les besoins et les appétences légitimes de la jeunesse.

Surtout, nous alertons quant au manque criant de solutions d'envergure concernant la transition écologique du sport et de politiques en faveur de l'égalité femmes-hommes dans le sport.

Les indicateurs montrent que des inégalités entre hommes et femmes subsistent également en matière de pratique sportive, et que les violences sexistes et sexuelles sont toujours bien présentes. Nous demandons un véritable effort budgétaire dans ce domaine. Les femmes doivent être accompagnées non seulement dans la pratique, mais aussi dans l'accès à celle-ci. Il faut faire en sorte de lever les freins à la parité dans le monde du sport. Sans un budget prenant en considération ces inégalités et les moyens de les combattre, il semble illusoire de vouloir mener une politique de développement du sport pour toutes, si ce n'est pour faire de l'affichage.

De même, le budget de la mission est loin de traduire l'ambition du Gouvernement – ou, tout au moins, celle qu'il affiche – consistant à accompagner le sport dans sa transition écologique et à développer sa résilience. Les prémices d'une transition apparaissent pourtant dans le plan de sobriété énergétique pour le sport qui a été présenté jeudi dernier. Ces mesures seront efficaces si elles sont adossées à des dispositifs structurants comme la rénovation énergétique des bâtiments sportifs, ce qui suppose de leur consacrer un budget adapté.

Quel dommage que le Gouvernement se soit privé de 8 milliards d'euros en supprimant la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ; 500 millions d'euros par an auraient permis d'alimenter un plan massif de rénovation des bâtiments sportifs, comme le recommande Mme la rapporteure pour avis, et d'accompagner les collectivités dans leurs efforts en la matière.

Ce n'est pas avec un budget comme celui-ci que le Gouvernement fera de la France une grande nation sportive ni une nation verte. Pour ces raisons, et même si nous espérons des avancées significatives à travers l'adoption de certains amendements, notre vote sera négatif.

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