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Intervention de Léo Walter

Réunion du mardi 25 octobre 2022 à 17h40
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLéo Walter :

Le 27 mai 1981, le gouvernement Mauroy créait le ministère du temps libre, qui avait alors sous sa tutelle un ministère délégué chargé de la jeunesse et des sports et un secrétariat d'État au tourisme. Il se situait ainsi au carrefour du monde associatif, de l'éducation populaire et des loisirs. Cette belle appellation n'a pas survécu au tournant de la rigueur. Le ministère de la jeunesse et des sports a connu, depuis, un certain nombre de vicissitudes, avant de disparaître en 2020 en passant sous la tutelle de l'éducation nationale, niant ainsi sa nécessaire spécificité. Il fait désormais figure de simple complément de l'enseignement scolaire, ce que soulignent un peu plus les notions de vacances apprenantes et de service national universel.

Le bleu budgétaire que nous examinons aujourd'hui s'inscrit dans la droite ligne de cette regrettable évolution.

On le voit d'abord par la définition qu'il donne de l'éducation populaire : s'il est bien dit qu'elle vise l'accès à l'autonomie et développe la citoyenneté, le texte passe sous silence la question de l'accès aux savoirs académiques et populaires, et surtout sa finalité d'émancipation. Il est indiqué un peu plus loin que les associations doivent concilier leur autonomie et leur force d'innovation avec les grandes orientations de la politique ministérielle, ce qui nie leur indépendance et les place sous la tutelle de l'État.

On le constate aussi dans les choix budgétaires du Gouvernement. Les crédits de la mission n'augmentent qu'en trompe-l'œil : une hausse de 5,81 %, dans le contexte d'inflation que nous connaissons, cela s'appelle au mieux une stagnation. De plus, une bonne moitié de ces crédits est captée par les Jeux olympiques et paralympiques, le service civique et le service national universel, ce qui montre bien comment le Gouvernement conçoit sa politique concernant la jeunesse. Il privilégie le sport business au détriment du sport associatif. Le budget des Jeux olympiques, dont on peine d'ailleurs à cerner la part réelle d'investissements publics – la question que j'ai posée à ce sujet dans cette même commission est restée sans réponse –, consacre la course aux médailles. L'accès au sport pour tous, en particulier pour les personnes porteuses de handicap, devrait être la priorité. Selon les associations, le compte n'y est pas.

Si l'année de césure est une bonne chose, le service civique, tel qu'il est conçu, constitue à nos yeux un moyen de retarder l'arrivée des jeunes sur le marché du travail et donc dans les statistiques du chômage. Souvent utilisé au détriment d'emplois salariés, selon une enquête du Monde, il fait office de second choix pour des jeunes qui peinent à trouver un premier emploi pérenne. Il les inscrit dans la précarité, avec des indemnités inférieures à 600 euros par mois en moyenne. C'est pourquoi nous sommes favorables à son remplacement par de véritables emplois jeunes offrant une rémunération digne.

Quant au SNU, il représente un coût exorbitant pour un résultat peu évaluable. Il est marqué d'une coloration plus militaire qu'éducative, ce qu'illustre la double tutelle du ministère de l'éducation nationale et du ministère des armées. Nous lui préférons notre service citoyen, plus ouvert et rémunéré au Smic.

Nous défendrons des amendements allant dans le sens de la revalorisation de l'éducation populaire et de la vie associative, de l'émancipation de la jeunesse, de la lutte contre sa précarité et de la promotion d'un sport qui libère et qui s'adresse à toutes et tous. Notre vote dépendra bien sûr du sens que prendront nos discussions, si tant est qu'elles aillent à leur terme sans être interrompues par un nouveau 49.3.

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