Je laisserai le chef d'état-major des armées s'exprimer sur le besoin de masse, qui a alimenté beaucoup de débats ces dernières semaines, en interne comme en externe. Les réflexions doivent intégrer des éléments de comparaison avec nos alliés, au sein de l'Otan et de l'Union européenne.
S'agissant de la réserve, le PLF s'inscrit dans la continuité des efforts engagés précédemment. Nous devons poursuivre la montée en puissance, avec pour objectif d'aller au-delà du doublement des effectifs. Pour revenir à la question du député Bayou sur la résilience climatique, nous pourrions commencer par affiner les missions confiées aux réservistes. J'appartiens à la réserve de la gendarmerie, qui l'a déjà fait. Des travaux sont en cours à ce sujet au sein de l'armée de terre, qui dispose du principal contingent.
Je vous proposerai un groupe de travail sur la réserve dans le cadre de l'élaboration de la prochaine LPM. En ce qui concerne les effectifs, nous devons définir les besoins et nous interroger sur la séparation entre la réserve opérationnelle de premier niveau (RO1) et la réserve opérationnelle de deuxième niveau (RO2). Au total, elles représentent 100 000 personnes. Ce chiffre peut paraître élevé mais il mérite une analyse plus approfondie, notamment pour prendre en compte des critères comme l'employabilité ou le niveau de volontariat. La question de la limite d'âge ou des conditions d'admission physique pourrait être revue pour permettre de continuer à mobiliser certaines compétences. Quelques échanges ont également eu lieu avec les partenaires sociaux concernant les relations avec les employeurs, y compris les employeurs publics qui doivent donner l'exemple dans ce domaine.
L'enjeu est de définir une cible quantitative, qui prenne en compte les besoins. Nous devrons également tenir compte des déserts militaires, puisque certains départements ne disposent plus de bases ou de régiments. En matière de réserve, la réflexion doit être assez profonde. Elle est historique, car il y a longtemps que le sujet n'avait pas été au centre de l'attention. Il me semble pourtant clef, y compris dans un contexte de haute et moyenne intensité.
Pour répondre à la députée Pic, la NPRM vise à traiter la question indemnitaire mais n'aborde pas les sujets indiciaires. Or ces deux volets sont importants, car la structuration de la solde des militaires est plus complexe que celle des traitements de la fonction publique civile.
La fidélisation constitue un enjeu clef, en particulier pour les métiers nouveaux comme le cyber. Les armées sont concernées au même titre que la DGSE ou la DGA. Beaucoup de jeunes commencent leur carrière au ministère des armées et partent après quatre ou cinq ans. Le sujet devra être traité dans le cadre de la prochaine LPM. Il ne s'agit pas uniquement d'une problématique financière. L'approche doit être plus globale et intégrer, par exemple, les possibilités de passerelle ou les conflits d'intérêts éventuels.
Nous devrons, comme pour les gendarmes, avoir une réflexion autour de la militarité et de ce que nous devons à celles et ceux qui se sont engagés. Les statuts doivent défendre notre modèle et l'identité de nos armées.
Il me semblait avoir répondu au sujet de la mission Aigle. Nous traitons les différentes opérations grâce aux mécanismes de réassurance du ministère. Ces opérations sont coûteuses mais la méthode que nous utilisons avec la LPM nous permet de disposer déjà d'un socle solide. Toutes les armées, en Europe, n'ont pas la même approche.
Comme je l'indiquais au début de mon intervention, il est difficile d'effectuer des comparaisons entre les armées. Les chiffres peuvent englober des périmètres très variés. Disposer de la dissuasion ou avoir des outre-mer sont des éléments importants. Tout dépend également des alliances et traités de défense. Au moment de leur indépendance, la France avait ainsi pris – à leur demande – des engagements vis-à-vis de certains pays d'Afrique.
Je ne sais pas ce que signifie être la « première armée » d'Europe. Vous pourriez d'ailleurs avoir ce débat en commission. Il me semble néanmoins que la première armée d'Europe doit disposer de la dissuasion nucléaire, car celle-ci est déterminante pour la défense des intérêts vitaux. Avec de tels propos, l'objectif du chancelier Scholz était probablement de créer un électrochoc au sein de sa population. Lors de mon déplacement en Allemagne, j'ai été très frappé par le besoin de sécurité exprimé par l'opinion publique. Elle attend de ses gouvernants, qui avaient engagé une diminution du budget, qu'ils le prennent en compte. Nous devons nous en réjouir, car ces efforts supplémentaires permettront certainement à l'Europe d'être plus efficace demain.
S'agissant des PCI, un travail similaire à celui réalisé en Afghanistan est en cours à la suite de l'opération Barkhane. Nous pourrons y revenir de manière plus précise mais nous faisons ce qui doit être fait. C'est une question d'honneur.
J'avais commencé à apporter des réponses sur la présence française en Afrique au mois de juillet. Nous aurons l'occasion d'aborder à nouveau ces sujets, y compris dans le cadre de la prochaine LPM. Nous avons des forces prépositionnées, en Côte d'Ivoire, au Gabon ou à Djibouti. Des forces sont parfois stationnées dans le cadre d'accords de défense. Nous menons également des opérations comme Serval ou Barkhane. Un nouvel agenda va toutefois s'ouvrir, qui n'est pas que militaire. Il pourrait être intéressant d'en rendre compte lors d'une audition commune par votre commission et celle des affaires étrangères.
Le délégué général pour l'armement apportera des précisions au sujet d'Exxelia.
Pour répondre à la députée Liso, le SMV, qui est une belle réussite, disposera d'un budget en légère augmentation pour l'année prochaine, à 3,3 millions. Un centre a été ouvert à Marseille, ce qui correspondait à une attente des élus locaux. J'ai néanmoins demandé à la secrétaire d'État Sarah El Haïry de réfléchir à la coordination des différents dispositifs qui peuvent se rapprocher du SMV, en l'occurrence le SNU, le RSMA ou les journées citoyennes de préparation à la défense. Un point pourra être fait devant vous à ce sujet.
Enfin, le député Favennec-Bécot a évoqué le développement de notre capacité d'influence et l'hybridité. Dans une audition qui ne se tient pas à huis clos, il est difficile d'aborder pleinement ces sujets. Nous les observons et nous essayons de nous prémunir au mieux. Nous ne sommes pas naïfs. Dès la prochaine LPM, nous devrons introduire dans notre modèle de défense des moyens civils, qui se retrouveront donc militarisés. Cette hybridité constituera une première dans l'histoire.