Ce budget marque une rupture. Les députés communistes, très attachés à la souveraineté de la France et à son autonomie en matière stratégique, s'en félicitent, même s'ils auraient aussi apprécié un budget de rupture pour l'école, la santé et la culture.
Avec une augmentation de 3 milliards, nous ne dirons pas que ce budget est insuffisant. L'effort consenti par la Nation est très lourd, surtout à un moment où les Français souffrent de l'inflation et de la baisse de leur pouvoir d'achat.
La guerre en Ukraine, qualifiée d'hybride en raison de l'utilisation de moyens militaires et non-militaires, nous rappelle que la guerre est une affaire de soldats au moins autant que de technologies. Je tiens donc à saluer l'enveloppe de 1,7 milliard prévue pour l'achat de petits équipements, en particulier les tenues contre les risques NRBC.
Dans le domaine des munitions, 2 milliards sont prévus pour le renouvellement des stocks, ce qui est positif. Toutefois, depuis 1999 et l'abandon par Giat Industries de la production de munitions de petits calibres, la France ne dispose plus de capacités de fabrication souveraines pour ce type d'équipement. Les armées françaises s'approvisionnent auprès de fournisseurs étrangers, dont certains ont fourni des munitions défaillantes ou inadaptées aux armes auxquelles elles étaient destinées.
Comme mon collègue André Chassaigne l'avait souligné dans un rapport réalisé avec le député Jean-Pierre Cubertafon, nos PME de défense pourraient être davantage sollicitées pour l'approvisionnement de nos armées en petits équipements. Une usine située dans le Finistère, à Pont-de-Buis, et détenue par le groupe Nobel Sport, spécialisé dans les poudres pour la chasse et le tir sportif, envisage de pénétrer le marché militaire. Le moment n'est-il pas venu de l'aider et de récréer une filière française de production de munitions de petits calibres ?
Enfin, le budget prévoit 2,7 milliards pour des commandes d'infrastructures destinées à l'entretien des bâtiments militaires. Or nous remarquons le recours de plus en plus fréquent à des entreprises privées pour réaliser ces opérations, ce qui pose des questions de sécurité et de souveraineté.