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Intervention de Amiral Pierre Vandier

Réunion du mercredi 5 octobre 2022 à 16h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la marine :

Notre enjeu est d'adapter la marine à un contexte d'instabilité et d'incertitude. La marine est une marine d'emploi, ce qui signifie que l'ensemble de ses moyens sont affectés à des missions, le plus souvent permanentes, fixées par le chef des armées. La première de ces missions est la dissuasion, qui structure en profondeur le format et l'activité de la marine.

La marine doit être capable d'intervenir des côtes de la métropole jusqu'au bout du monde, en remplissant trois missions. Il lui revient tout d'abord de défendre nos concitoyens, qu'ils soient en métropole ou dans les outre-mer, et de les protéger des menaces et des risques qui viennent de la mer. Une partie significative de notre richesse nationale se trouve en mer, avec le transit des flux commerciaux, de l'énergie et des données, ou en provient, avec les ressources halieutiques de nos zones économiques exclusives. Elle doit également être protégée. Enfin, nous devons entretenir les nombreux partenariats stratégiques et alliances qui rentrent dans le cadre de l'ambition politique – une France puissance d'équilibre –, telle qu'elle a été présentée par le Président de la République lors de son allocution aux ambassadeurs.

Le cadre de notre action évolue rapidement, à la fois par le délitement du droit, contesté ou contourné, la prolifération des opérations grises, comme récemment en mer Baltique, et d'une manière générale au travers d'un réarmement naval considérable sur toutes les mers du monde.

Notre mission est de trouver des solutions pour rester en pointe. Nous travaillons sur les trois axes que sont le capacitaire, la préparation opérationnelle et le personnel.

Une flotte se construit dans le temps long, puisqu'il faut en moyenne quinze ans pour délivrer une capacité à la marine. Le programme de Fremm a été lancé en 2005 et livrera son huitième navire en 2023. Le Suffren a été notifié en 2006 et le premier sous-marin de la série a été admis au service actif en juin dernier. La première pièce de la chaufferie du premier sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) 3G sera coulée cet automne, pour une mise en service en 2035 et une utilisation jusqu'en 2080.

Grâce à la constance des budgets, la LPM 2019-2025 a lancé une dynamique. Le PLF que vous allez étudier se trouve au début d'une décennie cruciale pour le renouvellement de la marine, afin de lui permettre de poursuivre les missions qui lui sont confiées. Elle enclenchera également la préparation des capacités de la décennie suivante. Le segment des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) sera totalement renouvelé d'ici la fin de la décennie, avec la classe Suffren. La chaufferie du deuxième exemplaire, le Duguay-Trouin, a divergé la semaine dernière à Cherbourg. Des programmes concernent également les patrouilleurs outre-mer et de métropole, les ravitailleurs de forces ou la guerre des mines.

Les efforts se concrétiseront en 2023 par des livraisons importantes, dont le deuxième SNA, le premier ravitailleur de forces de la série ou un patrouilleur outre-mer, qui rejoindra la Nouvelle-Calédonie dès le début de l'année prochaine. Ainsi que nous l'a demandé le CEMA, nous mettrons également l'accent sur la livraison de munitions complexes, comme les missiles Aster 30 et Aster 15, les missiles Exocet, les missiles Meteor et Mica.

Des commandes structurantes seront lancées cette année, concernant les patrouilleurs hauturiers, la guerre des mines, le complément d'aéronaval, notamment avec les Exocet Block3, et les capacités de grands fonds.

Parallèlement, nous travaillons à moderniser les capacités existantes, avec des briques d'innovation que nous étudions avec la DGA et l'Agence de l'innovation de défense (AID). Ces travaux concernent les drones aériens, sous-marins et prochainement de surface, le numérique, au service des simulations et du renseignement, les armes à énergie dirigée ou le soutien spatial aux opérations aéronavales.

Pour remplir nos missions, nous devons cependant changer notre façon d'opérer. Nous avons décidé d'intensifier et de transformer la préparation opérationnelle, pour la rendre plus exigeante et réaliste. Nos états-majors et commandants seront formés à l'imprévu, à la difficulté et à l'adversité. L'an dernier, l'exercice Polaris a donné une impulsion fondatrice. L'effort sera renouvelé cette année avec l'exercice interarmées Hemex-Orion.

Nous avons également décidé de travailler l'état d'esprit et la force morale de nos marins, car le succès opérationnel n'est pas qu'une affaire de moyens. Nous avons engagé de nombreuses actions en ce sens cette année.

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