Le PLF pour 2023 s'inscrit dans un contexte particulier, qui se décline de façon très concrète pour la DGA. Nous devons répondre à la fois aux défis de l'économie de guerre, préparer la nouvelle LPM et contribuer au soutien à l'Ukraine. La DGA doit se transformer, tout en continuant à conduire ses activités.
Nous bénéficions encore de la LPM 2019-2025, voulue par le Président de la République et qui fait l'objet d'une exécution à l'euro près. Les 3 milliards supplémentaires seront consacrés notamment à la poursuite de nos engagements en matière d'équipements de pointe. Des avancées interviendront sur des programmes emblématiques : Rafale, Scorpion, porte-avions de nouvelle génération, MRTT, Syracuse ou frégates multimissions (FREMM). Une attention particulière est également portée au renouvellement des composantes de la dissuasion, au cyber et au spatial.
Le contexte international nous invite à nous préparer à ne pas subir, en cas de crise. Les travaux que nous menons avec les industriels autour de l'économie dite de guerre s'inscrivent dans cette perspective. La BITD repose certes sur une douzaine d'acteurs de premier rang mais également sur 4 000 PME qu'il convient de préserver. Plusieurs problématiques sont à prendre en compte, particulièrement la conduite des opérations d'armement, la chaîne de sous-traitance et les stocks – avec l'enjeu des relocalisations –, les ressources humaines, la simplification des normes et des réglementations, et les vulnérabilités liées aux domaines du cyber et du sabotage.
Nous partageons, avec les armées, une communauté de destin. Pour les nouveaux programmes, d'autres moyens d'agir sont à imaginer, en revisitant le triptyque classique « coût-délai-performance ». Pour les programmes en cours, nous devons renforcer l'approche incrémentale, optimiser les retombées de nos exportations et mieux capter les innovations de rupture inspirées par les PME et le personnel des forces.
Les tensions actuelles ne doivent pas nous conduire à sacrifier la préparation de l'avenir. Il s'agit de l'une des raisons d'être de cette maison particulière qu'est la DGA. L'innovation reste pour nous une priorité, avec un budget qui a atteint le milliard d'euros en 2022. Notre feuille de route oriente nos efforts vers tous les grands enjeux technologiques qui nous permettront de ne pas être déclassés dans le futur, tel que le spatial, la lutte antidrones, l'intelligence artificielle ou encore les techniques quantiques. Nous devons également accompagner le passage à l'échelle, pour que ces innovations irriguent au plus près des besoins des utilisateurs finaux.
Dans les organisations, l'innovation émerge souvent dans la contrainte. L'évolution actuelle du contexte géostratégique nous place devant de grands défis et doit être l'occasion pour la DGA de se transformer, pour être toujours plus performante dans ses missions d'équipement de nos forces, de préparation de l'avenir, de développement à l'international et de soutien à la BITD.
Pour y parvenir, la DGA compte sur ses ressources humaines. Elle doit conserver son haut niveau de technicité. Les besoins croissants dans des domaines comme le numérique, les techniques quantiques et la robotique nécessiteront d'attirer les talents, notamment issus des jeunes générations, et de les fidéliser.
Je ne suis pas en poste depuis longtemps mais je sais que la DGA, avec sa double culture civile et militaire, est une maison d'exception, où le sens de la mission et de l'État sont des évidences. Nous devons désormais l'ouvrir au plus grand nombre.